La chronique des marchés de Vontobel au 8 août

Jean Frédéric Nussbaumer, Vontobel

3 minutes de lecture

Nasdaq +0,31%, SPX +0,28%, Dow +0,50%, Russell +0,24% and SOX +0,78%, Eurostoxx +0,60%, SMI +0,57%.

 

Wall-Street ne s’arrête plus. Quatrième séance consécutive de hausse pour l’indice S&P500 (SPX) hier et 6ème pour le Nasdaq. Le SPX clôture à 1% de son plus haut niveau de tous les temps et ne semble franchement pas manquer d’oxygène, quelle forme! C’est une belle journée de plus pour les actions et même le marché obligataire s’y met, le spread (l’écart) entre le rendement de l’emprunt du gouvernement des Etats-Unis à 2 ans et son compère à 10 ans s’écartant quelque peu. En clair, ce phénomène éloigne quelque peu les craintes de récession aux Etats-Unis. Cela ressemble à de la musique aux oreilles des valeurs bancaires alors que le rendement du 10 ans US reste très proche des 3%, ce matin à 2,97%. Rappelons que des taux d’intérêts en hausse permettent aux banques d’améliorer leurs marges. Les résultats de sociétés continuent de tomber et restent excellents. Petit point au passage: 436 entreprises du S&P500 ont désormais publié leurs chiffres du second trimestre. La croissance de leurs bénéfices nets est de 34,3% par rapport au deuxième trimestre 2017. Au registre des surprises positives, on est à 80,7%. Est-il encore besoin d’ajouter que cela relève de l’exploit? Hier les secteurs de la construction, de la raffinerie et les titres d’entreprises chinoises profitent de cette vague de croissance annoncées par l’écrasante majorité des compagnies aux Etats-Unis.

Les marchés émergents relèvent la tête, encouragés par la bonne tenue de Shanghai hier matin. L’indice FANG (NYFANG) poursuit sa route vers le ciel, encouragé par Tesla (qui n’est en aucun cas une FAANG…), Tesla qui bondit de 11%, j’y reviens de suite. La volatilité baisse encore, l’indice VIX traitant désormais à ses niveaux de janvier. Sur le front des matières premières, le pétrole et l’or sont bien sages, le WTI Light Crude restant en embuscade juste en-dessous de 70 dollars le baril, 69,16 dollars actuellement. L’or végète encore et toujours, à 1213 dollars l’once ce matin, je le vois glisser nettement plus bas (just my view). Au chapitre des monnaies, le dollar, qui traitait hier à un plus haut niveau depuis une année contre bon nombre de monnaies, rend quelque peu de terrain. Ce matin l’euro repasse donc au-dessus des 1,16, à suivre car ce niveau peut constituer un support.

Après la cloche, Walt Disney publie ses résultats et abandonne 1% dans le marché après-bourse. Je vous passe les détails rébarbatifs. Ce que l’on retient de cet exercice cela dit, c’est que Netflix fait grand mal à Mickey et que Bob Iger, le CEO de Disney doit déployer énormément d’énergie et d’argent pour ne pas se faire mettre KO par le groupe de streaming. Après lorsque l’on regarde le chart de l’action, on se dit que cela ne doit pas se passer si mal que ça…

Aujourd’hui nous suivrons notamment les minutes de la dernière réunion de la Banque du Japon, le discours de Tom Barkin, le patron de la Réserve Fédérale de Richmond, l’inflation au Brésil et les statistiques hebdomadaires du département américain de l’énergie. Sur le front des résultats de sociétés, on regardera notamment Booking Holdings (BKNG), 21st Century Fox (FOXA), CVS Health (CVS), Occidental Petroleum (OXY), Southern Company (SO), Manulife Financial (MFC CN), Equinix (EQIX), NetEase (NTES), Monster Beverage Corp. (MNST), Keurig Dr Pepper (KDP), Sun Life Financial (SLF CN), Liberty Global (LBTYA), Magna International (MGA), CenturyLink (CTL) et Mylan NV (MYL).

Ce matin les places financières européennes ouvrent autour de l’équilibre, les volumes d’échanges fondent comme neige au soleil. Dans ce contexte de torpeur estivale, le quotidien italien il sole 24 nous dit que Kering pourrait racheter Versace. Pour sa part Straumann abandonne 2% après un downgrade chez Kepler, nous l’aimons, c’est une opportunité d’achat. Glencore aussi ressemble furieusement à une opportunité d’entrée, on peut commencer à construire une position dans ces niveaux.

Revenons à Tesla…

Hier son patron Elon Musk met la pagaille en pleine séance en déclarant sur son compte Twitter qu’il souhaite retirer Tesla de la bourse et qu’il en resterait le PDG. L’action bondit de 11%, M. Musk indiquant le prix de 420 dollars. A la clôture d’hier, Tesla vaut 379,57 dollars. Il faut savoir que Tesla est une des actions les plus shortées (vendues à découvert) de tout Wall-Street avec 27% de son capital flottant qui se trouve dans cette situation. Un titre fortement shorté et qui monte brusquement force nombre de traders à couvrir leurs shorts, à racheter leurs actions donc, et un effet boule de neige se crée qui alimente la hausse. Rappelons au passage que Monsieur Musk n’a pas de droits de vote majoritaire sur sa société. Rappelons aussi qu’une série d’informations financières aussi sensibles distillées par un dirigeant d’entreprise, en pleine séance, est tout à fait inhabituelle dans un pays où la communication financière est strictement réglementée pour mettre les investisseurs sur un pied d’égalité. On sait Elon Musk capable de communiquer «différemment» de ses pairs. Suite à son tweet, bon nombre d’analystes et de journalistes financiers ont émis des doutes sur sa capacité à réunir les investisseurs nécessaires pour mener une tel «management buy out» qui serait le plus important jamais réalisé. On parle tout de même de 71 milliards de dollars à réunir pour une société qui n’est toujours pas capable d’honorer ses commandes. Cela mettrait aussi Tesla 20 milliards de dollars au-dessus de General Motors, le premier constructeur automobile américain…J’ai presque envie de dire que tout cela relève carrément du ponpon sur la garonne…peut-être bien qu’Elon Musk a commis une erreur hier soir. En tous les cas je n’achèterais pas l’action et, si j’en détenais, je vendrais immédiatement.

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