La chronique des marchés de Vontobel au 13 janvier

Jean Frédéric Nussbaumer, Vontobel

3 minutes de lecture

Nasdaq -0,27%, SPX -0,29%, Dow-0,46%, Russell -0,44%, SOX -0,66%, Eurostoxx -0,17%, SMI -0,11%.

Wall Street termine sa (bonne) semaine sur une note légèrement négative, après la publication du rapport de décembre sur l'emploi aux Etats-Unis, qui montre que l'économie a créé moins de postes que prévu. Rappelons au passage que cela était prévisible car la publication précédente avait été excellente, notamment du fait du retour dans la statistique de nombreux grévistes de General Motors. Quoi qu’il en soit, on peut aussi citer l’annonce de sanctions américaines à l’encontre de l’Iran ou encore les mots de Neel Kashkari, patron de la Fed de Minneapolis, qui indique que le rapport sur l’emploi suggère que l’économie des Etats-Unis ralentit. Mais en réalité, la légère baisse de vendredi ne relève probablement que de prises de profits, à l’approche de la signature de l’accord commercial de phase une entre Pékin et Washington mais aussi à l’aube de la saison des résultats de sociétés au quatrième trimestre aux Etats-Unis. L’indice S&P500 (SPX) termine sa semaine en hausse de 0,94% alors que le Nasdaq100 (NDX) progresse de quasiment 2%. Le Dow Jones teste le niveau de 29'000 points en séance mais ne parvient pas à s’y maintenir. Au chapitre des secteurs, on observe un retour dans les utilitaires et l’immobilier, au détriment des financières. Notons au passage que le SPX et le NDX envoient tous deux un signal de vente (Tom Demark 13 Buy Exhaustion) alors qu’Apple est à une clôture de faire de même. À ce propos, les détenteurs d’actions de la firme à la pomme, qui ont forcément le sourire, devraient probablement songer à réduire leur position. L’hebdomadaire Barron’s consacre un article à ce sujet, rappelant que le titre Apple a grimpé en flèche de 86% l'an dernier, ajoutant 579 milliards de dollars à sa capitalisation boursière. L'action est désormais chère, se négociant à 24x les bénéfices projetés pour 2020 contre un multiple moyen de 14x sur 10 ans. Bien qu'Apple se négocie comme une startup, la croissance des ventes reflète celle d'une société du service public. Les secteurs de croissance tels que les «wearables», les services et la 5G présentent plus de risques que d'opportunités dans les cours actuels. Barron's conseille aux investisseurs d'envisager de réduire leurs positions. Pour les investisseurs d'Apple qui veulent s'exposer à des entreprises technologiques à croissance rapide, Barron's suggère Taiwan Semiconductor Manufacturing (TSM). Les investisseurs à la recherche d'un risque/rendement plus élevé peuvent se tourner vers Datadog (DDOG) (Just Barron's view...)

Dans ce contexte plutôt serein, la volatilité fait du surplace, l’indice VIX à 12,56, le dollar reste stable, la paire eur/usd à 1,1129, l’or se stabilise à 1554 dollars l’once et le pétrole recule à 59,09 dollars par baril de WTI Light Crude.

En décembre, l'économie américaine a donc créé 145’000 emplois, un chiffre inférieur aux attentes des différents consensus (160k à 165k), après 266’000 créations de postes en novembre. Le taux de chômage est resté comme prévu à 3,5%, tandis que le rythme de hausse des salaires horaires a ralenti à 2,9% contre 3,1% attendu. C'est la première fois depuis juillet 2018 que ce chiffre tombe sous le seuil des 3% sur un an. Malgré la déception, ces chiffres ne remettent pas en cause le scénario central d'un atterrissage en douceur de l'économie américaine en 2020, sur un rythme annuel de croissance de l'ordre de 2%.

Le vice-Premier ministre chinois Liu He, principal négociateur commercial de Pékin, est attendu aujourd’hui à Washington à la tête d'une délégation chinoise en vue de signer le texte. La cérémonie de signature est prévue ce mercredi à la maison blanche, a confirmé vendredi Washington, et l'accord sera rendu public dans son intégralité lors de la signature. La «Phase 2» pourrait n'être conclue qu'après l'élection américaine de novembre prochain, même si les négociations devraient démarrer dès la signature de la Phase 1. «Nous allons entamer tout de suite les négociations sur la phase 2, ça prendra du temps», a indiqué jeudi le président américain.

Les dirigeants de Nissan examinent une éventuelle séparation d'avec Renault après les derniers rebondissements de la saga Ghosn, rapporte le Financial Times, ce qui ne ferait sans doute les affaires de personne. Spirit Aerosystems pourrait réduire de plus de 15% ses effectifs du fait des déboires du 737 MAX de Boeing, selon une note interne que l'agence Reuters a pu consulter. Dans ce dossier, la FAA a annoncé qu'elle cherchait à imposer une amende de 5,4 milliards de dollars à Boeing, accusé de n'avoir rien fait pour empêcher le montage de composants défectueux sur ses 737 MAX. Ford Motor enregistre une troisième année consécutive de contraction de ses ventes en Chine. Siemens maintient sa participation à un projet controversé de mine de charbon en Australie, pour lequel le groupe fournira la signalétique ferroviaire de l'accès dans le Queensland. Le président de Wirecard, Wulf Matthias, quitte l'entreprise avec effet immédiat, remplacé par Thomas Eichelmann. ThyssenKrupp cherche à vendre sa division solutions industrielles. La compagnie aérienne britannique à bas coût Flybe serait en grandes difficultés.

Peu d'indicateurs pour démarrer la semaine, hormis les données mensuelles du PIB britannique (10h30) et les chiffres mensuels du budget des Etats-Unis (20h00).

Cette semaine nous nous concentrerons sur la signature de l’accord commercial entre chinois et américains ainsi que sur les résultats de sociétés américaines au quatrième trimestre, qui commenceront à tomber dès demain. C’est le secteur financier qui a le privilège de débuter l’exercice avec en mise en bouche JP Morgan Chase, Citigroup et Wells Fargo demain mardi. Elles seront suivies par Bank of America, Goldman Sachs et Morgan Stanley. Hors financières, cette semaine nous aurons notamment droit aux chiffres de Delta Airlines, United Health, CSX et Schlumberger. Cet exercice de résultats micro est particulièrement important, les analystes s’attendent à une croissance moyenne des bénéfices de 3,6%, un chiffre un peu plus fort constituerait un facteur de support pour les marchés. Aux Etats-Unis nous suivrons aussi les ventes au détails alors qu’en Chine le PIB et la balance commerciale seront publiés.

Barron’s aime les banques américaines et notamment Bank of America, principalement en raison de sa franchise nationale de services bancaires aux particuliers et de sa plateforme de gestion de patrimoine. Les autre noms que le vénérable hebdomadaire américain met en avant sont Citigroup, Goldman Sachs, JP Morgan, Morgan Stanley et Wells Fargo. Toujours chez Barron’s, la Table ronde annuelle convient qu'il n'y a presque aucune chance de récession en 2020; le consensus des 10 investisseurs et économistes chevronnés est fait d'un optimisme prudent. Tous parlent de valorisations élevées et d'un manque de catalyseurs pour stimuler les actions plus avant - ce qui pourrait expliquer certains choix d'actions communs. Les divergences de vues portent  principalement sur la prochaine décision de la Fed. Les panélistes expriment diverses préoccupations au sujet de la Chine, s'entendent sur la nécessité d'accroître l'immigration et prédisent une victoire presque certaine du président Trump lors de la prochaine élection si l'économie reste forte.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse. Tokyo est fermée, Hong Kong avance de 0,9%, Shanghai de 0,75% et Séoul progresse de 1,04%. En Europe, les indices ouvrent autour de l’équilibre alors que le future SPX avance de 9 points.

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