La chronique des marchés de Vontobel au 9 janvier

Jean Frédéric Nussbaumer, Vontobel

3 minutes de lecture

Nasdaq +0,67%, SPX +0,49%, Dow +0,56%, Russell +0,32%, SOX +0,02%, Eurostoxx +0,35%, SMI -0,32%.

Wall Street entame la chasse aux ours, les pauvres bears (baissiers) se faisant de plus en plus rares sur le NYSE (New York Stock Exchange). Force est d’avouer que ce marché est actuellement doté d’une psyché rare, dénuée de quelque doute que ce soit. Des mauvaises nouvelles émergent? Et alors? On achète les trous d’air (buy the dips), même pas peur! Oh il arrive que les réactions négatives des intervenants soient violentes. Cela dit elles restent brèves et sont rapidement inversées. Hier l’indice Nasdaq100 (NDX) s’offre une énième clôture record, ses compères Dow Jones et S&P500 (SPX) se hissent à de nouveaux sommets en séance pour finalement rendre quelque peu de terrain à la cloche. Le marché est extrêmement résilient. 62 titres du S&P500 atteignent un nouveau plus haut en 52 semaines dans de forts volumes d’échanges, c’est impressionnant et on observe l’émergence de couvertures de shorts (positions à découvert), phénomène qui fait et pourrait faire encore plus mal à ces pauvres bears.

Et pourtant, et pourtant…si l’on fait un pas en arrière et que l’on observe la situation interne du NYSE (market internals), cela a de quoi à effrayer plus d’un taureau (bulls, haussiers). Passons le niveau de valorisation historiquement élevé du SPX, tout le monde sait que la bourse est actuellement chère et que la croissance des bénéfices doit reprendre sa progression pour justifier les niveaux actuels. Au-delà de cela, bien que tout un chacun s’accorde à dire que Téhéran et Washington sont dans une logique d’apaisement (l’Iran aurait délibérément manqué des cibles et le ton actuel, je répète actuel, de Donald Trump n’est pas réellement belliqueux), il existe toujours un risque d’escalade du conflit entre les deux pays, qui constituerait une quasi catastrophe pour les marchés. Au chapitre de l’analyse technique, le SPX est sur le point d’envoyer un signal de vente (Tom Demark Buy Exhaustion 12 s’il casse les 3258 points, niveau actuel 3253,05). Le ratio put/call reste très bas, qui nous indique que de moins en moins d’investisseurs détiennent des puts (option donnant le droit de vendre un sous-jacent à un prix donné pendant une période définie). Donc de moins en moins d’intervenants sont préparés à une baisse des indices, ce qui est signe d’un marché fragile. Tout le monde ignore superbement l’inquiétude exprimée par la Fed de New York, qui constate qu’il ne reste plus que deux sociétés américaines notées AAA: Johnson&Johnson et Microsoft. Et alors que dire de cette fieffée Banque Mondiale, qui tente de gâcher la fête en réduisant ses perspectives de croissance globale pour 2020 (de 2,7 à 2,5%)?

Le marché ne regarde que dans une seule direction, les banques centrales et le TINA (There Is No Alternative) n’y sont pas étrangers. Impossible de résister à citer l’excellent commentateur Anthony Bondain qui ponctue sa chronique du jour en ajoutant: «…. Ni l'affreuse nouvelle d'Harry et Meghan prenant leurs distances avec Buckingham n'ont miné le moral des troupes».

Dans un tel contexte, c’est bien souvent le FOMO (Fear Of Missing Out) qui anime la réflexion des investisseurs. On sait que le marché des actions peut évoluer contre toute logique durant de nombreux mois, voire plus. Répétons alors l’importance d’être préparé à une éventuelle baisse, tout en continuant à surfer cette superbe vague qui débuta en mars 2009. Acheter un put aujourd’hui n’est pas cher, la volatilité a baissé, l’indice VIX traite à 13,45.

D’ailleurs une faible volatilité implique une certaine forme de complaisance dans le marché, l’image du boxeur qui baisse sa garde. L’appétit au risque a fait son retour et on se débarrasse de ses valeurs refuges. Le rendement de l’emprunt US à 10 ans remonte à 1,87%, l’or baisse à 1547 dollars l’once, le pétrole se prend les pieds dans le tapis et repasse en dessous des 60 dollars le baril de WTI Light Crude, le dollar repart à la hausse pour sa part, la paire eur/usd à 1,1105 après la publication encourageante hier des chiffres de l’emploi du secteur privé aux Etats-Unis.

Au programme du jour, la production industrielle et la balance commerciale allemande, le taux de chômage en zone euro (11h00) et les inscriptions hebdomadaires au chômage américain (14h30). Plusieurs discours de banquiers de la Fed sont attendus en séance. Ce matin, la Chine a fait état d'une inflation un peu moins élevée que prévu en décembre.

La Chine a prévu d'autoriser les compagnies étrangères à exploiter des ressources pétrolières et gazières dans le pays, à partir du 1er mai prochain. Carlos Ghosn, ex-patron de Renault Nissan, a continué à clamer son innocence après plusieurs heures de one man show au Liban. Sika affiche 8,11 milliars de francs de ventes en 2019, en hausse de 14,4% dont 3,3% en organique. L'engouement pour Tesla continue: la capitalisation du constructeur américain dépasse désormais celles de Ford et General Motors réunies. Bed Bath & Beyond sombre après avoir renoncé à ses objectifs 2019.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent tous dans le vert, portés par Tokyo qui décolle de 2,31%, aidée par l’affaiblissement du yen, valeur refuge notoire, le dollar/yen à 109,34. Hong Kong avance de 1,68%, Shanghai de 0,91% alors que Séoul progresse de 1,63%, Samsung Electronics poursuit sa hausse après ses résultats d’hier, le titre en progression de 3,17%. En Europe, les indices gagnent 0,75%, le future SPX s’adjuge 10 points.

Bon surf à tous…

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