L’optimisme des marchés européens mis à mal

AWP

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Paris recule de 1,34%, Francfort de 0,84% et Londres de 0,82%. A Zurich, le SMI cède 0,58%.

Les marchés mondiaux reculent nettement lundi, nerveux devant la perspective de la poursuite du resserrement monétaire, la montée des rendements obligataires et les tensions géopolitiques sino-américaines.

En Europe, la place parisienne a abandonné 1,34%, celle de Francfort 0,84% et Londres 0,82% après avoir toutefois fortement progressé depuis le début de l’année. A Zurich, le SMI a cédé 0,58%.

La Bourse de New York poursuivait son repli, encore ébranlée par les créations d’emplois élevées annoncées vendredi aux Etats-Unis qui font craindre une poursuite des hausses de taux d’intérêt sous la pression des banques centrales.

L’indice Dow Jones cédait 0,28%, le Nasdaq, à forte coloration technologique, lâchait 0,73% et le S&P 500 abandonnait 0,61% vers 17H10 GMT.

«Les inquiétudes sur les taux d’intérêt ont soulevé à nouveau la question des rendements, ce qui pèse sur les valeurs technologiques américaines», commente l’analyste allemand Andreas Lipkow.

La semaine dernière, les banques centrales américaine (Fed) et européenne (BCE) ont clairement signalé qu’elles prévoyaient de nouvelles hausses de taux prochainement mais les marchés ont semblé faire la sourde oreille, poursuivant leur hausse, jusqu’à la publication du rapport sur l’emploi américain vendredi.

Le dynamisme plus fort que prévu des créations d’emplois font craindre une poursuite des hausses de taux d’intérêt.

Les opérateurs tablent désormais sur deux relèvements d’un quart de point lors des deux prochaines réunions de la Fed, avant une pause, alors qu’ils privilégiaient jusqu’ici une seule hausse d’ici l’été.

Sur le marché obligataire, ces anticipations se traduisent par une nette remontée des taux d’emprunt des Etats. Le rendement des bons du Trésor à deux ans, qui réagissent le plus vivement à l’évolution des taux d’intérêt, grimpaient à 4,45% contre 4,28% en fin de semaine. Ceux à 30 ans se tendaient nettement également à 3,63% contre 3,52% vendredi.

«Même si l’économie s’affaiblit, l’inflation et les taux directeurs devraient rester plus élevés pendant plus longtemps que ne le prévoit le marché», estime Erik L. Knutzen, responsable de l’investissement chez Neuberger Berman.

La situation devrait s’éclaircir ces prochains jours après des prises de parole du patron de la Fed, Jerome Powell, mardi et de la présidente de la BCE, Christine Lagarde, mercredi.

Lundi, Robert Holzmann, membre du conseil des gouverneurs de la BCE, a fait valoir dans une conférence à Budapest, que «le risque d’un resserrement monétaire excessif était «inférieur au risque d’en faire trop peu» pour ramener l’inflation vers l’objectif de 2%, selon l’agence d’informations financières Bloomberg.

Par ailleurs, les tensions géopolitiques avec l’incident du ballon chinois survolant les Etats-Unis et abattu samedi par Washington, n’aident pas à remonter le moral des investisseurs.

Cette semaine encore, ils continueront à suivre les publications de résultats.

«Si les nombreux avertissements sur résultats sont restés jusqu’à présent sans effet, il ne faut pas exclure que cela puisse entraîner une pause», voire un léger retrait, «après la forte hausse de janvier», prévient Gilles Guibout, responsable des actions européennes chez AXA IM.

Luxe et technologie à la peine

Les craintes géopolitiques liées à la crise diplomatique entre la Chine et les Etats-Unis ont pénalisé surtout les valeurs du luxe.

En France, LVMH a perdu 1,83%, Kering 3,78% et Hermès 2%.

La hausse des taux d’intérêt pèse de plus sur les valorisations dans les secteurs du luxe et de la technologie: STMicroelectronics s’est replié de 2,16% et l’allemand Infineon de 1,77%.

Du côté des devises, du pétrole et de l’or

Les cours du pétrole rebondissent après avoir dévissé de plus de 8% la semaine passée, l’entrée en vigueur de sanctions sur les produits pétroliers raffinés russes faisant glisser le marché dans l’incertitude.

Vers 17H10 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril prenait 0,93% à 80,69 dollars.

Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en mars, gagnait 0,29% à 73,60 dollars.

Le yen reculait de 1,23% face au dollar à 132,81 yens pour un dollar, pénalisé par l’éventualité que le prochain dirigeant de la Banque du Japon (BoJ) pourrait poursuivre une politique monétaire ultra-souple.

Le dollar profitait de son statut de valeur refuge (+0,68% à 1,072 dollar pour un euro).

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