Inflation: a-t-on atteint un pic? – Flash boursier Bonhôte

Pierre-François Donzé, Julien Staehli, Karine Patron et Mickaël Gonçalves, Banque Bonhôte & Cie SA

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Ce jeudi, probable hausse de taux de la BCE. Le ralentissement macro-économique a bel et bien commencé.

Cette semaine, et particulièrement ce jeudi 21 juillet, sera ponctuée par la probable hausse de taux de la part de la Banque centrale européenne, ainsi que les chiffres des demandes initiales d’allocations chômage aux Etats-Unis. Aux quatre coins du globe les taux d’inflation culminent. Les mesures de financement adoptées afin de soutenir la conjoncture pendant la récente crise sanitaire, combinées à la surchauffe des cours de l’énergie pousse l’ensemble des prix à la hausse. Les banques centrales combattent cette vague inflationniste en resserrant drastiquement leur politique monétaire. Le marché anticipe désormais un niveau de taux à court terme de 3,5% aux Etats-Unis et 1,7% en Europe à la fin de l’année. Cependant, les hausses de taux directeurs pourraient être plus modérées que prévu. En effet, la Commissions européenne estime que le pic d’inflation devrait avoir été atteint et s’attend à un taux d’inflation de 7,6% pour 2022 et de 4% pour 2023.

Les premiers effets de la politique monétaire restrictive des banques centrales se font sentir. Les experts revoient leurs prévisions de croissance à la baisse, 2,3% aux Etats-Unis d’après le FMI et 2,4% en Europe d’après la Commission européenne pour l’année 2022. Nous jugeons ces prévisions un peu trop optimistes, notamment pour l’Europe, et pensons que la croissance devrait approcher les 0%. En effet, le marché de l’emploi en Europe est bien plus rigide qu’aux Etats-Unis et ne permet pas une adaptation salariale au niveau d’inflation actuel. Par ailleurs, l’Europe qui ne dispose que de très peu de production propre en ce qui concerne l’énergie fossile, est tributaire de l’évolution des cours sur les marchés internationaux. Avec la hausse du prix du carburant, la demande commence à s’essouffler. Bien que toujours élevés et volatiles, les cours du pétrole ont retrouvé des niveaux en deçà de leur pic du mois de juin.

Le ralentissement macro-économique a donc bel et bien commencé. La probabilité d’une période récessionniste, période caractérisée par une croissance négative, a augmenté à 50% aux Etats-Unis et est encore plus élevée en Europe. Cet environnement inhabituel est cependant source d’opportunités. En effet, l’histoire a montré que les périodes économiquement moins fastes sont succédées par des périodes de rendements élevés pour les investisseurs qui ont su profiter des conditions adverses. Le marché financier et l’économie réelle évoluent en décalage. Le premier est un indicateur avancé de la seconde, ainsi au cours des périodes difficiles, le marché baisse par anticipation mais rebondit également avant que l’embellie économique ne se traduisent en chiffres.

Durant le mois de juin, les marchés se sont stabilisés. Les obligations à long terme ont regagné 6%, l’immobilier suisse a repris 7% et les indices boursiers se sont rassénérés. La faible liquidité des marchés, qui caractérise la période estivale, pourrait créer de la volatilité et offrir des opportunités dont nous comptons tirer profit. Il est cependant encore trop tôt pour réviser notre stratégie d’investissement.

L’essentiel en bref

 

La Chine: perspectives plus encourageantes

Malgré la faible progression de la croissance chinoise au deuxième trimestre, à +0,4% sur un an, les perspectives de croissance pour l’ensemble de l’année se situent encore bien au-delà de celles des pays occidentaux. Selon Pékin, le PIB chinois devrait progresser en 2022 entre 5% et 5,5%, ce qui semble un peu trop ambitieux à nos yeux mais pourrait cependant atteindre dans les faits les 4%.

Il n’en reste pas moins qu’un tel niveau de croissance est un atout indéniable en comparaison internationale, élément que le marché actions chinois semble désormais intégrer. L’indice de la bourse chinoise, le CSI300, a commencé à se redresser avec une hausse de plus de 14% depuis les bas observés à fin avril. Ce regain de confiance s’explique par différents éléments:

  • La politique zéro COVID du gouvernement et les confinements strictes qui en résultent ont pesé de tout leur poids sur l’économie du pays, paralysant la logistique et les chaines d’approvisionnement. La réouverture progressive des grandes villes du pays constitue un élément majeur de détente.
  • Le gouvernement chinois a par ailleurs mis en place plus de 33 mesures ciblées de soutien à l’économie.
  • L’inflation très contenue en Chine (env. 2,5%) laisse également une grande marge de manœuvre à la banque centrale pour d’éventuelles baisses de taux si nécessaire. Au vu du niveau très élevé d’inflation en occident ni la Fed ni la BCE ne disposent d’un tel avantage.

Nous retiendrons également une nette augmentation des investissements étrangers en juin (+17%) ainsi qu’un taux de défaut dans le secteur immobilier moins sévère qu’anticipé. Pékin semble en effet être parvenu à stabiliser la situation au travers de mesures de soutien au secteur.

Bien que l’évolution de situation COVID reste la principale inconnue à ce jour, le marché chinois pourrait constituer la bonne surprise de ce second semestre.

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