Lorsque le marché espère un coup de pouce monétaire de la part de la Fed, il tend à aimer les déceptions macro-économiques. C’est ce qui se produit hier avec une mauvaise statistique sur l’emploi, un secteur américain des services qui montre des signes de fragilité et le Livre Beige de la Réserve Fédérale qui nous apprend qu'un certain pessimisme s'est infiltré dans l'économie des Etats-Unis. Les commentaires de ce rapport sont en totale contradiction avec la complaisance apparente du marché des actions. Du côté de l'emploi, le rapport publié par l’ADP indique que les entreprises privées aux États-Unis n’ont créé que 37’000 postes en mai, soit environ trois fois moins que ce que les analystes anticipaient. C’est un véritable coup d’arrêt. Ce chiffre contraste avec d’autres enquêtes récentes sur le marché du travail, qui révélaient jusqu’ici une certaine solidité. Ce décalage paraît donc assez incongru et jette une ombre sur les données officielles sur l’emploi, attendues demain. Dans le même esprit, les marchés réagissent hier à un indice ISM des services bien en dessous des prévisions. Saupoudrez le tout d’une guerre commerciale de moins en moins lisible (Trump et Xi vont-ils se parler cette semaine au fait?) et, cerise sur le gâteau, un budget américain toujours en ballotage au Congrès avec dans le rôle de Robespierre, Elon Reeve Musk, qui a retourné sa veste comme rarement. Le patron de Tesla exhorte les Américains à mettre la pression sur leurs représentants afin de «tuer» ce projet, rien que ça.
C’est dans ce contexte de franche et joyeuse camaraderie que Wall Street passe une journée plutôt tranquille, faite de volumes d’échanges à nouveau en repli, d’une volatilité en berne et de rendements obligataires en repli. Le 10 ans US revient assez logiquement à 4,37%, son prochain support se situe à 4,27% (moyenne mobile à 200 jours). L’indice S&P500 (SPX) grappille un tick, c’est suffisant pour lui permettre de valider une troisième hausse consécutive et de se retrouver à 0,2% d’un retour en «bull market», il a progressé de 19,8% depuis son creux du 8 avril qui avait fait suite au «fameux» Liberation Day de qui vous savez. Le breadth du SPX est négatif, le SPW (son alter ego équipondéré) sous-performe, cela nous indique que le plus grand nombre est sur la touche hier, peut-être échaudé par la macro du jour (faible oui volontiers mais pas trop tout de même svp). Devinez qui permet aux indices de finalement clôturer en légère hausse (à part le Dow Jones)? Les mastodontes de la tech pardi, Meta en tête qui s’adjuge 3,16%, tandis que Tesla recule encore, hier de 3,5%. Le secteur de l’immobilier se hisse sur le podium, recul des rendements obligataires oblige.
Le dollar n’y arrive vraiment pas. Figurez-vous qu’aujourd’hui la Banque Centrale Européenne (BCE) devrait selon toute probabilité couper son taux directeur de 25 points de base, ce qui va augmenter encore le différentiel de taux entre les deux monnaies en faveur du dollar. Et bien ce matin la paire EUR/USD est de retour à 1,1422, rien n’y fait, le billet vert semble tombé en désamour, de plus une golden cross hebdomadaire vient de se produire en faveur de l’euro, soyez assurés que les cambistes l’ont vue, pas bon pour le Greenback ça…
Donald Trump durcit encore le contrôle de l'immigration et interdit aux ressortissants de 12 pays, dont l'Iran et l'Afghanistan, d'entrer sur le territoire américain. Il interdit par ailleurs aux étudiants étrangers d'étudier à Harvard.
Au menu macro-économique du jour, la décision de la BCE sur ses taux à 14h15. Aux Etats-Unis, l'étude sur les licenciements de Challenger précèdera les nouvelles demandes d'allocations chômage, la productivité, le coût unitaire de la main d'œuvre et la balance commerciale.
Amazon va investir 10 milliards de dollars en Caroline du Nord pour développer son infrastructure de cloud et d'IA. Amazon qui se prépare à tester des robots humanoïdes pour les livraisons, selon The Information. CrowdStrike reçoit des demandes de renseignements du ministère américain de la Justice et de la SEC concernant la comptabilisation des revenus provenant de certains clients. Le déploiement de l'IA d'Apple et Alibaba en Chine est retardé par la guerre commerciale de Trump, selon le FT.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse à part Tokyo qui abandonne 0,51% à la cloche. Hong Kong monte de 0,93%, Shanghai avance de 0,23%, Séoul prend 1,49% et le Nifty50 s’adjuge 0,8%. Le future SPX traite pile à l’équilibre et l’Europe ouvre en légère hausse de 0,2%.