Wall Street est de retour en lévitation zen. Rien ne semble plus l’atteindre, pas même le sourcil de plus en plus relevé de son grand-frère obligataire. Les principaux indices d’actions terminent leur séance en hausse hier, la question qui taraude les quelques observateurs encore vigilants est de trouver pourquoi. On va tenter de comprendre ce qui se passe, constatons dans un premier temps que le Nasdaq Composite est de retour en territoire positif sur l’année, mais aussi que le vénérable Dow Jones réalise hier sa quatrième séance consécutive de hausse. Les volumes d’échanges sont faibles, en revanche la configuration technique de certains indices s’améliore. Le Russell2000 (RTY, les petites capitalisations), bien malmené ces temps, parvient à récupérer sa moyenne mobile à 100 jours et le niveau de 2100 points, c’est un début. Papy Dow Jones fait de même avec sa 200 jours tandis que l’indice S&P500 équipondéré (SPW) gagne 0,82%, il surperforme le SPX et nous indique que la hausse d’hier, même si elle se fait dans de faibles volumes, est plutôt généralisée, avec un breadth très nettement positif d’ailleurs. Mais le plus intéressant est ailleurs, le SPW parvient à récupérer le niveau de 7200 points et surtout à repasser au-dessus de sa 200 jours, c’est peut-être un détail pour vous, mais pour de nombreux traders ça veut dire beaucoup, ça veut dire qu’ils sont libres de tenter un long dans ces niveaux, voilà peut-être l’explication la plus rationnelle de la hausse des actions d’hier.
L’appétit au risque semble bien installé Downtown Manhattan, le marché des actions est en train de baisser sa garde, le VIX recule encore de 3,6% hier, pour le Xanax et le retour à la réalité on verra plus tard, carpe diem les amis! Et pendant ce temps-là, le marché obligataire, cet empêcheur crasse de grimper en rond, fait remonter le rendement du 10 ans US à 4,46%. Pas drôle pour un sou, le marché des bonds s’inquiète du budget en négociation au Congrès, on observe que la demande pour la dette américaine se tasse, le dollar ne parvient pas à rebondir (EUR/USD à 1,1390 ce matin), on garde en tête que la Fed s’est mise en retrait et que le très important rapport mensuel sur l’emploi américain sera publié vendredi. La guerre commerciale reste aussi bien présente dans les esprits, c’est aujourd’hui la date butoir fixée par Donald Trump pour recevoir les meilleures offres des partenaires commerciaux dans le cadre de la politique tarifaire de la Maison-Blanche qui, rappelons-le, consiste à appliquer l’adage suivant: «pile je gagne, face tu perds». En résumé, qui vous savez veut qu’aujourd’hui tous les affreux profiteurs des largesses économiques des Etats-Unis lui prêtent allégeance en mettant un genou à terre.
On ne peut pas dire que cela commence dans le calme et la sérénité, Trump vient de déclarer qu’il est extrêmement difficile de conclure un deal avec le président Xi. «J’aime le président XI de Chine, je l’ai toujours aimé et je l’aimerai toujours, mais il est TRÈS DUR, ET EXTRÊMEMENT DIFFICILE AVEC QUI CONCLURE UN ACCORD!!!». Les esprits taquins rappelleront ici le nouveau surnom de Trump: TACO (Trump Always Chickens Out).
Tiens! Nvidia repasse devant Microsoft, elle pèse désormais 3445 milliards de dollars contre 3441 à la firme de Redmond. On retiendra aussi de la séance d’hier que les shorts se rachètent, que les valeurs retail sont recherchées et que les mastodontes de la tech continuent de tirer la cote vers le haut, à l’exception d’Alphabet (GOOG -1,56%) qui souffre d’une rumeur sur les parquets de trading qu’Apple serait en discussions avec Perplexity pour intégrer sa recherche d’IA aux iPhones.
Au chapitre de la macro, en avril, les offres d’emploi aux États-Unis dépassent les attentes avec 7,39 millions. Le taux de démissions baisse légèrement, tandis que les licenciements et embauches augmentent. Les chiffres précèdent l’emploi privé ADP mercredi et le rapport sur l’emploi de mai vendredi, attendu en ralentissement. Les commandes industrielles reculent, au plus bas depuis janvier. Côté Fed, Bostic reste prudent sur les baisses de taux (une seule prévue), sans prévoir de récession. Goolsbee évoque un risque de stagflation lié aux tarifs douaniers. Cook souligne la vigilance sur les hausses de prix.
Elon Musk fustige le projet de loi fiscale signé par Donald Trump, tandis que les faucons fiscaux républicains intensifient leurs critiques à l'égard du paquet de mesures. Le chef de la majorité sénatoriale, John Thune, déclare que le plafond SALT devrait être modifié.
Dernières nouvelles sur le commerce: le doublement des droits de douane sur l'acier et l'aluminium par Trump, qui les porte à 50%, entre en vigueur aujourd'hui. Le Royaume-Uni est exempté de cette augmentation.
Au menu macro-économique de ce mercredi, les PMI du Japon, suivis de ceux de la France, de l'Allemagne, de la zone euro et du Royaume-Uni. Aux Etats-Unis, l'ADP sur la variation de l'emploi, les PMI, l'indice ISM des services et les stocks de brut DOE seront à surveiller.
Hewlett Packard Enterprise et Healthequity gagnent 5% post-séance après leurs trimestriels. CrowdStrike en perd 6 après les siens. Les ventes de Tesla continuent à chuter en Europe, notamment en Italie et au Royaume-Uni. La banque Wells Fargo va pouvoir recommencer à croître après les levées de limitations imposées par la Fed. Les actions de Toyota Industries perdent de plus de 10% après le prix de rachat décevant proposé par la société mère Toyota Motor.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent tous dans le vert. Tokyo gagne 0,8% à la cloche, Hong Kong avance de 0,46%, Shanghai progresse de 0,42%, Séoul bondit de 2,66% après l’élection présidentielle et le Nifty50 avance de 0,31%. Le future SPX est à l’équilibre et l’Europe ouvre en hausse de 0,5%. L’or reste demandé, l’once remonte à 3360$.