Gonet: l'actualité des marchés au 5 janvier

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Nasdaq -1,47%, Dow -1,3%, SPX -1,48%, Russell -1,47%, SOX -0,44%, Eurostoxx +0,33%, SMI +0,33%.

Wall Street démarre son année en fanfare mais se prend rapidement les pieds dans le tapis. L'épidémie de coronavirus continue d'accélérer aux Etats-Unis et en Europe, malgré la course à la vaccination. En Europe, plusieurs pays annoncent un reconfinement total de 6 semaines. De plus, les investisseurs ont les yeux tournés vers l’Etat américain de Géorgie, où deux élections sénatoriales se déroulent aujourd’hui et décideront de la couleur politique du Sénat des Etats-Unis. L'enjeu est de taille, car si ces deux sièges étaient remportés par les Démocrates, le Sénat serait partagé à 50/50 sièges entre les deux partis, et basculerait de facto dans le camp démocrate, car il reviendrait alors à la vice-présidente (la Démocrate Kamala Harris) d'apporter une voix prépondérante lors du vote des lois. Un tel scénario aurait des conséquences importantes pour les marchés financiers, en donnant plus de latitude à Joe Biden pour faire passer des mesures de gauche (hausses d'impôts, hausse des taxes sur les plus-values, réglementations accrues...) Les marchés craignent par-dessus tout que Joe Biden ne remette en cause les fortes baisses d'impôts sur les sociétés mises en place en 2017 par Donald Trump, ce qui mettrait sous pression les profits des entreprises américaines et pèserait sur leur cours de Bourse.

Pour en revenir au marché, au-delà des inquiétudes légitimes du moment, le recul d’hier s’explique aussi par des prises de bénéfices, l’indice Nasdaq100 (NDX) reculant pour la première fois en 6 séances. Le S&P500 (SPX) et le Dow Jones interrompent leur série de deux hausses consécutives, notons en parallèle que les trois indices avaient clôturé l’année sur des niveaux records. Ceci dit,  il n’y a pas que des nouvelles inquiétantes qui alimentent  les réflexions des opérateurs. Les statistiques économiques du jour sont bonnes, j’y reviens, et l’activité de fusions et acquisitions (M&A) ne ralentit pas. Les volumes d’échanges sont forts avec 14,23 milliards de titres traités sur le NYSE, la volatilité décolle, l’indice VIX (volatilité du SPX) en hausse de 18,55% à 26,97 mais le dollar ne fait pas l’objet d’une demande particulière, phénomène bien fréquent lorsque le sentiment d’aversion au risque fait son retour. Le Dollar Index (DXY) traite à 89,74 soit presque au même niveau qu’hier matin. La paire eur/usd à 1,2263 ce matin. L’or est recherché, l’once traite à 1939 dollars, portée par la relative faiblesse du billet vert et probablement un positionnement à nouveau dans le métal jaune, qui sert de protection dans les moments difficiles tout en permettant de se positionner en vue d’un retour (un jour) de l’inflation.

Le pétrole recule après l'échec d'une réunion de l'Opep+ qui devait décider du rythme auquel le groupe allait relever progressivement sa production. Une nouvelle réunion se tiendra aujourd’hui. Le baril de WTI Light Crude, qui se rapprochait des 50 dollars hier matin, traite actuellement à 47,46 dollars. Selon les médias, la majorité des membres de l'Opep+ veulent prolonger leurs coupes de production, mais deux gros producteurs, la Russie et le Kazakhstan sont en revanche favorables à une hausse de 500'000 barils/jour dès le 1er février.

Sur le front des statistiques, l’indice Markit PMI manufacturier final américain est ressorti à 57,1 en décembre, bien supérieur au consensus de marché de 56,5. Par ailleurs, les dépenses de construction ont augmenté de 0,9% en novembre sur un mois, contre +1% de consensus et après +1,6% en octobre. Dans la zone euro, la croissance du secteur manufacturier s'est aussi accélérée en fin d'année 2020. L'indice PMI final pour l'industrie manufacturière s'est ainsi établi à 55,2 en décembre contre 53,8 en novembre.

Boris Johnson impose un troisième confinement total à travers l'Angleterre, fermant les écoles et ordonnant aux gens de rester chez eux. Ces mesures, qui commencent immédiatement, menacent de déclencher une récession à double creux. La livre sterling réduit quelque peu ses pertes en Asie et traite ce matin à 1,3602 contre le dollar. Selon Boris Johnson, les restrictions pourront commencer à être assouplies si 13,9 millions de citoyens parmi les plus à risque sont vaccinés d'ici à la mi-février. L'Irlande interrompt les services hospitaliers non essentiels pour préserver sa capacité tandis que l'Italie étend les restrictions jusqu'à la mi-janvier. L'État de New York a découvert son premier cas de la variante à diffusion plus rapide initialement détectée au Royaume-Uni.

L'inflation française (8h45), le chômage allemand (9h55) et la masse monétaire M3 de novembre (10h00) précéderont l'indice ISM Manufacturier aux Etats-Unis (16h00).

LafargeHolcim serait en négociations avancées pour racheter la division Firestone Building Products de Bridgestone pour 2,5 milliards de dollars. Le NYSE renonce à délister les trois géants chinois des télécoms, China Unicom, China Mobile et China Telecom. Le Mexique approuve le vaccin d'AstraZeneca contre le coronavirus. Israël autorise l'utilisation du vaccin de Moderna. Aryzta a cédé sa participation résiduelle dans Picard pour 24 millions d’euros. Tesla (TSLA +3,4%) a quasiment atteint son objectif initial de livraisons pour 2020, ce qui constitue une performance puisque la guidance avait été fournie en début d'année dernière, avant que la pandémie ne plombe l'économie mondiale. Le groupe est parvenu à livrer 499’550 véhicules en 2020 (vs 500k est), contre 367’500 en 2019. Cela représente une expansion de 36%. Le consensus est aisément dépassé, qui se situait à environ 481'000 unités livrées. Sur le seul Q4, les livraisons ont atteint un record de 180’570 unités.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent globalement en hausse, hormis Tokyo qui recule de 0,37% à la cloche. Hong Kong progresse de 0,73%, Shanghai gagne 0,74% et Séoul avance de 1,57%. Le future SPX récupère 6 points et l’Europe est indiquée en léger repli à l’ouverture de 9 heures. Il faudra attendre le résultat des élections en Géorgie pour que la poussière retombe devant le marché. Le vent d’optimisme qui prévalait ces derniers temps est tombé, on réalise dans les salles de marché qu’il ne suffit pas de souhaiter une bonne année pour que celle-ci se réalise, le scénario de 2021 n’est pas encore très clair. En revanche, la configuration technique des principaux indices est belle, elle…

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