Gonet: l'actualité des marchés au 28 octobre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Nasdaq +0,64%, Dow -0,80%, SPX -0,30%, Russell -0,90%, SOX -0,33%, Eurostoxx -1,12%, SMI -0,98%.

Wall Street perd doucement les nerfs, dans le calme. Les principaux indices américains terminent la journée en ordre dispersé et devinez lequel reste dans le vert à la cloche? Les marchés s'inquiètent de la résurgence de l'épidémie de coronavirus en Europe, mais aussi aux Etats-Unis, où le nombre d'infections a dépassé les 70’000 par jour. Les investisseurs fuient les placements à risque. Les incertitudes politiques pèsent aussi, le nouveau plan de soutien budgétaire à l'économie US semblent désormais loin.

Dans ce contexte ô combien joyeux, les indices S&P500 (SPX), Dow Jones et Russell2000 (RTY) clôturent tous trois près de leurs bas du jour. Le Dow et le SPX s’éloignent de leur moyenne mobile à 50 jours, le RTY fait de la résistance (l’armée rechigne à rejoindre les généraux en bas de la colline, à suivre) et le vainqueur du jour est, pour la 500e fois cette année, le Nasdaq100 (NDX)! On recherche simplement tout ce qui a trait à la technologie hier, le monde (l’Europe surtout) se referme à grande vitesse et les valeurs dites (work from home) semblent avoir encore de beaux et nombreux jours devant elles. Les FAANGs (Facebook, Apple, Amazon, Netflix, Google) avancent de 2%, les réseaux sociaux leur emboîtent le pas tout comme les valeurs internet et de logiciels. En fait, hier est une journée type de 2020, on a peur, on recherche tout ce qui est coronavirus compatible et en parallèle on ajoute de la protection en achetant des bons du trésor US, notamment le 10 ans, dont le rendement redescend à 0,76% et envoie du coup les actions bancaires américaines au tapis, qui perdent 3% hier. Le dollar en profite également, la paire eur/usd revient à 1,1763, le yen joue aussi son rôle de valeur refuge, il n’en faut plus que 104,18 pour un dollar. En revanche, l’or semble transparent depuis plusieurs séances, l’once ne bouge plus et reste à 1906 dollars. La volatilité poursuit sa marche vers le nord, l’indice VIX (volatilité du SPX) progresse encore de 2,7% et se pose à 33,35 à la cloche. Rappelez-vous d’en vendre un peu à partir de 40.

Notons que le secteur industriel souffre passablement de la baisse de Boeing (BA -3%) et Raytheon (RTX -7%), toutes deux impactées par de nouvelles sanctions décidées par Pékin. 3M et Caterpillar (MMM, CAT, -3%) rapportent leurs chiffres de leur côté mais ne fournissent pas de prévisions, ce que le marché déteste. Après la clôture, Microsoft recule de 1,8% malgré ses bons résultats.

Des inquiétudes croissantes dans le marché certes, mais pas de capitulation, pas de bain de sang ni de panique comme les volumes d’échanges l’illustrent, qui se languissent à un peu plus de 8 milliards de titres négociés sur le NYSE, ce qui est franchement très peu.

En Europe, le sentiment des investisseurs ne sait plus à quels saints se vouer, Angela Merkel veut fermer les bars et les restaurants, Emmanuel Macron va probablement annoncer un nouveau confinement, partiel ou total, aménagé ou pas, ce soir et la Suisse caracole en tête des cas de contaminations, numéro un mondial!… L’indice Eurostoxx 50 s’éloigne de sa moyenne mobile à 200 jours, sa configuration technique se détériore.

Le pétrole souffre, les craintes croissantes de ralentissement de la demande mondiale font leur effet. L’or noir est vraiment sous pression, il aurait dû monter car une tempête approche, Zeta, dans le Golfe du Mexique, qui a mis à l'arrêt la moitié de la production US dans la région. Mais quand ça veut pas, ça veut pas…

Selon les chiffres compilés par le New York Times, le nombre de nouveaux cas de covid aux Etats-Unis a atteint lundi en moyenne un record sur 7 jours glissants, à plus de 71’000 , alors qu'il était inférieur à 50’000 il y a quelques semaines. Le Sénat, qui a approuvé lundi soir la nomination par Donald Trump de la juge conservatrice Amy Coney Barrett à la Cour Suprême, a dans la foulée levé sa session en cours et ne devrait ainsi plus siéger avant le scrutin présidentiel, sauf coup de théâtre. Ces derniers jours, les Démocrates et la Maison Blanche se sont rejeté la responsabilité de l'impasse dans les négociations. Les Démocrates ont proposé un plan de 2200 milliards de dollars, et l'administration Trump semble approcher désormais de ce montant, avec une dernière proposition à 1900 milliards. Mais au Sénat (à majorité républicaine), les Républicains rechignent toujours à voter un vaste «package» de soutien à l'économie qui creuserait le déficit, l'orthodoxie budgétaire étant un sujet sensible dans l'électorat de droite. Le plan risque dès lors d'être reporté au début 2021, après la prise de fonction du nouveau président et celle des nouveaux représentants et sénateurs (toute la chambre et un tiers du Sénat seront renouvelés le 3 novembre). L'entrée en session de la nouvelle chambre et du nouveau Sénat se fera le 3 janvier 2021, et sera suivie, le 20 janvier de la prise de fonction du prochain président des Etats-Unis. Selon les derniers sondages, le rival démocrate de Donald Trump, reste légèrement en tête pour la présidentielle. Toutefois, l'écart s'est resserré depuis une semaine, lorsque début octobre, Biden avait accru son avance à la suite de la brève hospitalisation de Donald Trump pour cause de coronavirus.

Au registre des statistiques économiques, les commandes de biens durables ont augmenté de 1,9% en septembre par rapport à août, alors que le consensus n'attendait qu'une hausse de 0,4%, après un gain de 0,5% en août. L'indice de confiance des consommateurs américains du Conference Board a en effet reculé en octobre, à 100,9, contre un consensus de 102 et après un niveau de 101,3 en septembre. Les prix de l'immobilier ont continué de grimper en août. L'indice S&P Case-Shiller des 20 plus grandes villes du pays a ainsi augmenté de 0,5% en août sur un mois, contre +0,4% de consensus. L'indice FHFA des prix de l'immobilier dans tout le pays a de son côté augmenté de 1,5% en août contre +0,7% de consensus. En résumé, les chiffres du jour sont plutôt bons et tout le monde s’en fiche.

Peu de données macro-économiques à se mettre sous la dent aujourd’hui avec à 13h30 les stocks des grossistes américains et à 15h30 les stocks pétroliers hebdomadaires aux Etats-Unis.

Les résultats d’AMD dépassent les attentes, mais c'est surtout l'annonce du rachat amical et en actions du concurrent Xilinx pour 35 milliards de dollars qui focalise l'attention des investisseurs. le chiffre d'affaires du troisième trimestre de Carlsberg a dépassé les attentes, le brasseur relève ses prévisions. Les résultats du troisième trimestre de Deutsche Bank sont meilleurs que prévu. Sony relève ses prévisions annuelles et veut vendre 7,6 millions de PS5 d’ici au mois de mars. Google, Facebook et Twitter passent aujourd'hui sur le gril de la commission du commerce du Sénat américain, qui s'interroge sur la façon de limiter la toute-puissance des géants du numérique. TikTok et Shopify signent un partenariat dans le commerce en ligne. Breakfast confirmé finalement? LVMH et Tiffany ont repris les négociations pour sauver leur mariage, sur la base d'un prix qui pourrait reculer dans la fourchette 130 à 133 dollars par action du joaillier américain.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé avec Tokyo qui recule de 0,29% à la cloche, Hong Kong qui rend 0,38%, Shanghai qui progresse de 0,46% et Séoul qui gagne 0,62%. Le future SPX est sous pression et abandonne 1%. Il traite actuellement à 3348 points et remet clairement en question son support de 3370 points, qui correspond au bas de son canal haussier. Pendant ce temps, le Bitcoin part au ciel et AirBnb annonce son intention de finalement se lancer en bourse. Le future Eurostoxx est indiqué en baisse de 2% à l’ouverture, bienvenue en 2020…

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