Gonet: l'actualité des marchés au 27 février

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -1,02%, S&P 500 -1,05%, Nasdaq -1,69%, Russell 2000 -0,99%, SOX -1,8%, Eurostoxx -1,86%, SMI -0,59%.

Depuis ma montagne fort peu enneigée, les clôtures de la semaine passée paraissaient quelque peu inquiétantes, mais à la montagne on prend tout avec pas mal de recul…

Une semaine passée plutôt compliquée pour les investisseurs donc, qui apprécient fort peu des indicateurs économiques qui refusent de confirmer la décrue tant espérée du niveau général des prix. En fin de semaine, c’est l’indicateur d’inflation favori de la Fed qui douche un peu plus les espoirs des taureaux, le PCE (Personal Consumption Expenditure) de janvier sort à 5,4%, les économistes prédisaient 5,0%, en décembre on était à 5,3%. Le PCE nous parle d’inflation, pas de désinflation et c’est là que le bât blesse, cette publication suscite des inquiétudes quant à la possibilité que l'inflation reste plus longtemps à des niveaux plus élevés, ce qui inciterait la Fed à poursuivre son resserrement et à maintenir des taux plus élevés plus longtemps que prévu par le marché. J’ai l’impression de me répéter, mais le seul et unique chef d’orchestre du marché des actions se nomme Jerome Powell, les taux d’intérêts montrent toujours la voie aux investisseurs. D’ailleurs les rendements obligataires réagissent au PCE, le 10 ans US remonte à 3,94% et c’est surtout sur la partie courte que l’on observe les mouvements les plus amples, le 2 ans décolle à 4,83%, on avait plus vu un tel niveau depuis 2007.

La saison des résultats de sociétés au quatrième trimestre touche à sa fin, la macro va donc prendre encore plus de place sur les écrans des intervenants ces prochains temps. La donne est plutôt simple, les investisseurs doutent que l’inflation ralentisse véritablement, ce dont ils étaient convaincus en janvier. Qui dit inflation persistante dit Fed agressive plus longtemps, des taux élevés et une croissance économique en risque de ne pas atterrir en douceur, mais plutôt de se prendre les pieds dans le tapis. Personne ne sait vraiment aujourd’hui quelle trajectoire l’économie des Etats-Unis est en train de prendre, c’est notamment pour cela que le marché se prépare à des taux élevés plus longtemps. Les Fed Funds revoient leur copie, ils ne prédisent plus de baisse de taux en 2023, s’attendent désormais à un taux terminal de la Fed à 5,40% et prédisent 100% de probabilités d’une hausse de 25 points de base le 22 mars. Le dollar se prépare également, la paire EUR/USD revient à 1,0556, elle voit son prochain support à 1,0459 (moyenne mobile à 100 jours) tandis que sa résistance se situe à 1,0725 (moyenne mobile à 50 jours). Notez que la paire EUR/USD est proche d’entrer en territoire survendu, elle a tendance à réagir à une telle configuration. L’or recule encore, cela fait 5 semaines que cela dure, l’once revient à 1811 dollars, la force du billet vert n’y est pas étrangère et les esprits taquins souligneront combien la relique barbare ne joue plus son rôle de protectrice contre l’inflation. Le pétrole ne fait pas non plus le fier, le baril de WTI Light Crude recule à 76,29 dollars, là encore la vigueur du greenback joue son rôle.

Au joyeux royaume des actions, la semaine passée est consacrée à bouder, l’aversion au risque fait son travail. Ceci dit, en prenant un minimum de recul, on constate qu’il n’y a pas le feu au lac de Wall Street. Certes, janvier a été le mois de la rédemption boursière (au fait, ne dit-on pas que «so goes January, so goes the year»?), certes février consacre un retour au premier plan du doute (satanée Fed), mais février ne cède pas la place aux ours pour autant, hormis en Chine, où le MSCI China recule de 9,2%, tandis que le Hang Seng de Hong Kong abandonne 8,6%. Ailleurs cela va nettement mieux, l’indice S&P500 (SPX) rend 2,6%, il en avait gagné 6,2% en janvier. Le Nasdaq100 (NDX) ne perd que 1%, le mois précédent il avait bondi de 10,6%. Et que dire de l’Europe, où le Stoxx 600 ne baisse que de 1%, en janvier c’était +6,7%. L’indice Eurostoxx 50 se paie même le luxe de gagner 0,37% sur le mois. Février touche à sa fin demain soir, c’est à la fin de la foire que l’on compte les bœufs mais, pour le moment, pas de panique dans le cheptel, loin de là.

La séance de vendredi est vilaine, on recherche les secteurs des materials et les financières, tandis que l’on bazarde les REITs, la technologie et la consommation discrétionnaire, l’aversion au risque est présente sur les parquets de trading. La volatilité ne progresse ceci dit que de 2,5% à 21,67, un niveau qui reste faible. Les volumes d’échanges reculent, le SPX repasse en-dessous de sa 50 jours à la cloche, mais ne réintègre pas sa tendance baissière. Il clôture à 3970 points, pile 30 pts au-dessus de sa moyenne mobile à 200 jours. Le NDX vient tester sa 200 jours en séance (la 200 dma à 11'904, bas du jour du NDX 11'900 pts) puis clôture à 11'969 pts, c’est à suivre de près.

Rishi Sunak et Ursula von der Leyen se rencontrent aujourd'hui au Royaume-Uni pour d'ultimes discussions avant l'annonce attendue d'un accord post-Brexit qui assouplirait les barrières apparues à la suite du protocole d'Irlande du Nord. M. Sunak prévoit de tenir une conférence de presse avec Mme von der Leyen, selon le FT, avant de faire une déclaration au Parlement.

La BCE est pratiquement certaine de relever ses taux de 50 points de base en mars, selon Christine Lagarde. «Il y a toutes les raisons de croire que nous ferons encore 50 points de base en mars», déclare la présidente de la banque. Elle répète que la suite dépendra des statistiques macro-économiques, mais elle a pour objectif de ramener l'inflation à 2%.

Je vous le disais plus haut, la macro va désormais revêtir encore plus d’importance dans la prise de décisions des intervenants. Cette semaine sera pavée des commandes de biens durables ce jour, demain nous aurons droit à la confiance des consommateurs, mercredi aux ISM manufacturiers et jeudi ce sera le tour de l’inflation en zone euro. Enfin vendredi retour aux Etats-Unis avec la publication des indices PMI finaux et leur pendant de l’ISM.

Berkshire Hathaway: le bénéfice net annuel de 6,7 milliards de dollars est moins élevé que prévu. Pfizer est en pourparlers pour acheter Seagen pour probablement plus de 30 milliards de dollars, selon le Wall Street Journal. Apple remplacerait Lumentum par Sony pour les composants de l'iPhone. Ericsson va supprimer 8’500 emplois dans le monde. Le patron «disparu» de China Renaissance coopère à une enquête des autorités, selon Pékin. Selon le Sunday Times, HSBC est à la recherche d'un nouveau siège mondial dont la taille serait inférieure de moitié à celle de son espace actuel à Canary Wharf.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en repli. Tokyo égare 0,11% à la cloche, Hong Kong abandonne 0,36%, Shanghai perd 0,28% et Séoul rend 0,87%. Le future SPX récupère 12 points et l’Europe ouvre en hausse de 0,5%.

Comment résister à la phrase du weekend, prononcée par le père de tous les investisseurs, en marge de la publication des résultats annuels de Berkshire Hathaway. Warren Buffet donc, qui déclare: «Je n'ai encore jamais vu un moment où il était judicieux de faire un pari à long terme contre l'Amérique»…

Bon début de semaine à toutes et tous.

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