Gonet: l'actualité des marchés au 16 février

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

3 minutes de lecture

Dow +0,11%, S&P 500 +0,28%, Nasdaq +0,92%, Russell 2000 +1,09%, SOX +0,37%, Eurostoxx +0,97%, SMI +0,36%.

Depuis le rapport sur l’emploi du 3 février, qui a marqué les esprits par sa robustesse, on se demande chaque jour si le joyeux royaume des actions est en sursis. L’année boursière 2023 a débuté en trombe et les ours de tous bords ne doutent pas un instant que cela n’est qu’un rebond dans un marché baissier, une sorte de «dead cat bounce» (vous avez l’image?). Et les récentes publications macro du BLS (Bureau of Labor Statistics) ne font rien pour rassurer les taureaux, voyez l’indice des prix à la consommation de mardi, qui montre que l’inflation ralentit certes, mais lentement. Hier les ventes au détail du mois de janvier enfoncent le clou, elles indiquent que la consommation des ménages américains est au beau fixe, on apprend au passage que le marché immobilier se reprend, ces chiffres illustrent une économie qui semble rejeter les efforts de la Fed pour la ralentir. La demande de biens et de services se maintient, soutenue par un marché du travail vigoureux, tandis que l'inflation reste persistante et élevée.

Force est de constater que les hausses de taux d'intérêt les plus agressives de la Fed depuis une génération n'ont pas encore eu l'effet escompté. C’est là que tout ours qui se respecte devrait immédiatement sabrer une demi-douzaine de bouteilles de champagne non? Oui mais non en fait, pas encore en tous les cas. Pauvre ours, qui me font penser aux fans du PSG: «cette fois ça va passer» et puis ça fait pshit…

Le marché obligataire fait son travail et envoie le rendement du 10 ans US à 3,80%, ce matin il revient à 3,78%. Le dollar aussi retrouve des couleurs, la paire EUR/USD baisse à 1,0708. L’or se maintient à 1841 dollars par once et le pétrole revient à 79,30 dollars le baril de WTI Light Crude. Tout cela semble prendre du sens au vu des dernières statistiques économiques. En revanche, côté actions, on s’en fiche, les indices US démarrent leur journée tout en bas à gauche de l’écran, pour la terminer tout en haut à droite. L’appétit au risque est bien présent, on le constate en observant les trois pires secteurs du jour (énergie, healthcare, financières), les volumes d’échanges restent faibles (9,62 milliards de titres traités sur le NYSE), la volatilité recule encore un peu, le VIX abandonne 3,5% à 18,23, la configuration technique des principaux indices reste bonne, le camp haussier se concentre de plus en plus sur un scénario de «non atterrissage» de la première économie du monde, soutenu par un marché du travail tendu et une consommation résiliente.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la solidité de la reprise boursière est testée depuis le début du mois de février, avec succès pour le moment. La question qui se pose dans les salles de marchés est probablement de déterminer s’il est mieux d’avoir une croissance solide aux Etats-Unis, accompagnée d’une Fed restrictive plus longtemps que prévu, ou un ralentissement marqué de la croissance et du coup une Réserve Fédérale plus accommodante. Et si le marché se satisfaisait de l’un ou l’autre de ces scénarii? A suivre… Rappelons au passage que la crise énergétique en Europe semble évitée pour le moment et que la Chine rouvre son économie.

Selon Morgan Stanley, une mesure des taux d'intérêt laisse entrevoir des gains pour l'euro. L'écart à court terme, c'est-à-dire l'écart entre le taux à trois mois et le taux que les investisseurs prévoient dans 18 mois, est inversé sur les marchés, y compris aux États-Unis, mais il est à peu près stable dans la zone euro. Cela indique que la BCE peut continuer à augmenter les taux, ce qui soutiendrait sa monnaie. Christine Lagarde réaffirme pour sa part que la BCE a l'intention de relever ses taux de 50 points de base supplémentaires le mois prochain «compte tenu des pressions inflationnistes sous-jacentes». Après cela, «nous évaluerons alors la trajectoire ultérieure de notre politique monétaire», déclare-t-elle. D'autres indices sur cette trajectoire pourraient provenir d'une brochette d'intervenants de la BCE aujourd'hui.

La Maison Blanche envisage de nommer Austan Goolsbee, patron de la Fed de Chicago, pour remplacer Lael Brainard au poste de vice-présidente, selon le Wall Street Journal. M. Goolsbee est un ancien conseiller économique de Barack Obama. Il ne s'est pas exprimé publiquement sur la politique monétaire depuis ses débuts à la Fed de Chicago, bien que les économistes de Wall Street le considèrent comme une colombe.

Au menu macro-économique du jour, à 14h30 aux Etats-Unis, le marché suivra surtout les prix à la production et dans une moindre mesure l'indice Philly Fed, les inscriptions hebdomadaires au chômage et les données sur les mises en chantier et les permis de construire. Ce matin, le Japon a annoncé une accélération de ses exportations en janvier, alors que les économistes craignaient une contraction.

Air Liquide vise une hausse de sa marge opérationnelle et de son résultat net récurrent en 2023. Airbus vise un Ebit ajusté de 6 milliards d’euros en 2023 avec 720 livraisons d'avions, même si la montée en cadence des A320 est décalée. Cisco: l'action reprend 3% hors séance après la publication de ses trimestriels. Nestlé: la croissance organique s'annonce plus forte que prévu cette année, après une rentabilité 2022 qui s'est effritée. Shopify: l'action perd 10% hors séance après la publication de ses trimestriels. Standard Chartered: la banque britannique a publié des résultats inférieurs aux attentes, tout en annonçant un programme de rachat d'actions de 1 milliard de dollars. Newcrest Mining repousse l'offre de Newmont sur son prix, mais reste à l'écoute. Credit Suisse abandonne l'activité de trading créances spéculatives pour réduire ses risques. Les données volées chez ASML provenaient du référentiel technique des machines de production. Le département de la justice américain accélérait son enquête antitrust contre Apple, selon le Wall Street Journal. Par ailleurs, le groupe repousse jusqu'en juin la sortie de son nouveau casque. BP Plc va investir 1 milliard de dollars dans des stations de recharge de VE aux États-Unis d'ici 2030. Stellantis rappelle 340’000 véhicules Ram, citant un risque d'incendie. Rio Tinto signe un accord sur les produits en aluminium avec le japonais Marubeni. Glencore envisage de vendre sa participation de 23% dans le minier péruvien Volcan. Tesla a épuisé le Model Y aux États-Unis pour ce trimestre, après de grosses commandes. Stadler Rail va construire un train de passagers alimenté par batterie aux États-Unis.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse, à l’exception de Shanghai qui recule de 0,96%. Tokyo gagne 0,71% à la cloche, Hong Kong progresse de 0,66% et Séoul avance de 1,96%. Le future SPX gagne 6 points et l’Europe ouvre en progression de 0,5%.

A lire aussi...