Le marché retient sa respiration hier à 14h30, c’est le moment tant attendu de la publication des données sur l’inflation américaine de janvier. Le rapport génère beaucoup de bruit, cela part un peu dans tous les sens dans les salles de marché dans un premier temps, mais au final on peut dire que le CPI (Consumer Price Index) du mois passé ne nous apprend pas grand-chose de nouveau. Le CPI cœur (sans la nourriture et l’énergie) augmente un peu plus vite qu’il y a quelques mois, mais la tendance générale semble toujours à la baisse. En revanche, le rythme toujours élevé de la progression des prix des services ainsi que des logements reste préoccupant. L’inflation américaine se situe à 6,4% en janvier, on est encore loin de l’objectif de 2% de la Fed. Le CPI évoluait à 6,5% en décembre, cela recule donc mais lentement. Le marché en prend acte et intègre progressivement dans les prix l’idée que la Fed restera agressive plus longtemps qu’espéré. En parallèle, les Fed Funds voient désormais le taux terminal de la Fed à 5,5%, contre 5,25% avant la publication du CPI.

Le marché semble quelque peu perdu dans la traduction de la statistique d’hier. Les obligations en prennent clairement acte, le rendement du 10 ans US remonte de 3,67% à 3,75%, le 2 ans gagne environ 10 points de base, le dollar retrouve des couleurs, la paire EUR/USD recule à 1,0713, en revanche les actions restent optimistes, l’indice S&P500 (SPX) clôture à l’équilibre tandis que le Nasdaq100 (NDX) progresse de 0,71% à la cloche, dans un environnement de taux obligataires en hausse, c’est assez étonnant. On connait la propension des acteurs du marché des actions à se raccrocher à un petit rien qui aille dans leur sens. La lueur d’optimisme vient peut-être d’un commentaire de Patrick Harker, le patron de la Fed de Philadelphie, qui déclare hier que la Fed devrait bientôt avoir terminé ses hausses de taux, tout en répétant ceci dit que les taux resteront probablement élevés pendant longtemps pour permettre à la politique monétaire de faire son travail. En parallèle aux commentaires de Monsieur Harker, Thomas Barkin, boss de la Fed de Richmond, souligne que la politique monétaire dépendra des données à l'avenir et que la Fed pourrait continuer à augmenter les taux si l'inflation persiste. Enfin Lorie Logan, cheffe de la Fed de Dallas, déclare que la Fed doit être prête à poursuivre les hausses plus longtemps que prévu. Au joyeux royaume des actions, on préfère entendre les mots de Patrick Harker, pour le reste on verra plus tard.

Au chapitre des secteurs, le podium du jour du SPX se compose de la consommation discrétionnaire, de la technologie et des materials. Les trainards de la cote sont à chercher du côté des REITs, des biens de consommation de base et de la pharma. Une journée marquée sous le sceau de l’appétit au risque à Wall Street donc, dans de faibles volumes d’échanges, 9,84 milliards de titres sont traités sur le NYSE hier soir. La volatilité se prend les pieds dans le tapis, le VIX perd 7% et revient à 18,91, il y a de la place jusqu’à 15 d’un point de vue technique.

La Fed pourrait être victime de ses propres ambitions. L'inflation s'établira probablement à 3 ou 4%, mais la Fed sera coincée à poursuivre son objectif «arbitraire» de 2%, déclare Mohamed El-Erian. Kenneth Rogoff, de Harvard, indique que la banque centrale aurait dû viser 3% dès le départ.

La récente progression du café arabica porte ses gains depuis le début de l'année à environ 9%, et le rallye pourrait avoir de la marge (selon l’agence Bloomberg) en raison des préoccupations relatives à l'offre. Les producteurs pourraient ne pas être en mesure d'ajouter des engrais, ce qui augmenterait le risque de maladie. On s'interroge également sur le moment de la reprise en Colombie, où trop de pluie et un manque de luminosité ont réduit les rendements ces deux dernières années.

L’agence Bloomberg fait un point sur un thème ô combien important, mais clairement délaissé par les investisseurs: la cybersécurité. Les attaques de ransomware contre les organisations industrielles ont augmenté de 87% en 2022 par rapport à l'année précédente, la plupart des logiciels malveillants ciblant le secteur manufacturier, selon des résultats publiés hier. L'année dernière, les pirates ont ciblé les industries minières en Australie et en Nouvelle-Zélande, et ont continué à s'intéresser aux entreprises d'énergie renouvelable aux États-Unis et dans l'Union européenne, indique la société de cybersécurité Dragos Inc. dans un rapport. Les attaquants ont également augmenté ou accéléré leurs attaques contre les secteurs de l'énergie, de l'alimentation, de l'eau, de l'électricité et du gaz naturel, ajoute la société. «Il est certain qu'ils s'en prennent davantage au secteur manufacturier qu'aux secteurs de l'électricité, du pétrole et du gaz», déclare Robert M. Lee, directeur général de Dragos.

Au menu macro-économique du jour, en Europe, la production industrielle de décembre sera publiée à 11h00. Aux Etats-Unis, l'indice Empire Manufacturing de février et les ventes au détail de janvier seront annoncées à 14h30, avant à 15h15 la production industrielle de janvier. A 16h00, place à l'indice NAHB des prix immobiliers de février et aux stocks d'entreprises.

Louis Vuitton (LVMH) nomme Pharrell Williams comme designer homme. Par ailleurs, le groupe pourrait relever ses prix jusqu'à 20% en Chine. Airbnb: le titre gagne 10% hors séance après de solides trimestriels. Heineken: les volumes de bière écoulés sont en ligne avec les attentes en 2022. Berkshire Hathaway réduit son pari sur Activision. Itochu fournira de l'énergie renouvelable à Meta Platforms aux États-Unis et à Amazon au Japon. Xavier Niel détient 19,6% de Millicom. Apple promet d'être plus vigilant sur l'historique de ses clients au service «acheter maintenant, payer plus tard». Elon Musk, directeur général de Tesla, a fait don d'actions d'une valeur de 1,95 milliard de dollars à des œuvres de bienfaisance l'année dernière.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse. Tokyo égare 0,37% à la cloche, Hong Kong perd 1,5%, Shanghai rend 0,39% et Séoul abandonne 1,53%. Le future SPX recule de 20 points et l’Europe ouvre en recul de 0,2%. Le pétrole revient à 77,90 dollars le baril de WTI Light Crude et l’or baisse à 1832 dollars par once.