Gonet: l'actualité des marchés au 24 juillet

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,01%, S&P 500 +0,03%, Nasdaq -0,22%, Russell 2000 -0,35%, SOX +0,96%, Eurostoxx +0,40%, SMI +0,05%.

Si Wall Street était un terrain de basketball, on dirait que la semaine qui débute est celle du «money time». C’est à ce moment-ci du match (le quatrième quart-temps pour les béotiens incultes (copyright Achille Talon)) que l’on encaisse ses profits…ou ses pertes. Il n’est donc pas étonnant que les principaux indices aient tergiversé la semaine passée, on est resté en retrait dans les salles de marchés, je ne vous dis pas le niveau d’activité de vendredi sur les parquets, ça sentait la torpeur estivale à plein nez. Tout autre scénario cette semaine donc, avec une forte accélération du nombre de résultats trimestriels de sociétés, un tombereau de statistiques économiques et des banques centrales sur le pont (Fed, BCE, BoJ).

Vendredi les indices terminent leur séance en ordre dispersé, le Nasdaq recule légèrement, on est inquiet du re-balancement annoncé par l’exchange pour la clôture (une souris au final?), la question de la valorisation de certains mastodontes de la tech reste ouverte, les ours évoquent aussi un marché potentiellement suracheté et des indicateurs de sentiment extrêmement tendus. L’indice S&P500 (SPX) se maintient aisément au-dessus des 4500 points, il évolue juste sous la barre de son niveau suracheté, son podium du jour se compose des utilities, de la santé et de l’énergie, tandis que la volatilité recule encore un peu, le VIX glisse de 2,7% à 13,60, c’est vraiment très bas tout cela, ce d’autant plus que l’ambiance se détend notablement à l’étage du dessus, le grand-frère obligataire semble aussi voir le verre de plus en plus à moitié plein, à témoin l’indice MOVE (l’alter ego obligataire du VIX), qui recule de 5,5% à 106,60. Les rendements obligataires sont quelque peu remontés jeudi, après la publication des demandes hebdomadaires d’allocations chômage, ils n’évoluent guère vendredi, le 2 ans US est à 4,86%, le 10 ans à 3,85%. Aucune statistique macro ne vient influencer les indices vendredi, les Fed Funds prédisent en l’état 96% de probabilités que la Fed relève son taux directeur de 25 points de base mercredi soir, puis une longue pause est envisagée et une première baisse de taux espérée dès le troisième trimestre de l’an prochain.

Le voici le véritable money-time du marché. Oubliez presque tout ce que vous observez, la macro, la micro, la géopolitique, les événements ponctuels, tout cela n’est que distraction pour un marché des actions qui ne veut entendre qu’une seule chose: que la Fed en a terminé avec ses hausses de taux, c’est là tout le plus important pour la direction future des indices. Rendez-vous donc mercredi soir pour la décision de la Réserve Fédérale, mais surtout pour le discours de son patron Jerome Powell, qui rappelons-le est tenu au silence depuis plusieurs jours (Fed’s quiet period).

On revient à la séance de bourse de vendredi avec un énorme big up au vénérable Dow Jones, qui réalise sa dixième séance consécutive de hausse, même si celle-ci est bien modeste. Quoi qu’il en soit, on n’avait plus vu cela depuis août 2017. Le dollar relève la tête depuis quelques séances, la paire EUR/USD revient à 1,1138 après avoir testé 1,1276 le 18 juillet. Techniquement, le niveau actuel est important, il s’agit du bas du canal haussier (de l’euro) entamé le 27 septembre 2022. Notez que le yen est dans les cordes, il tangue sérieusement en vue de la réunion de la Banque du Japon de ce vendredi. L’or ne parvient pas à décoller réellement, l’once revient à 1961 dollars, pendant que le pétrole se bat farouchement avec sa moyenne mobile à 200 jours, qui se situe à 77,09 dollars, le baril de WTI Light Crude évolue ce matin à 76,75 dollars.

Les indices tergiversent la semaine passée mais on peut tout de même en retenir quelques leçons, notamment que la hausse des actions s’élargit en termes de secteurs, par exemple aux valeurs cycliques que sont les banques ou encore les transports. Important ça les transports, qui constituent aux yeux de nombreux acteurs du marché un indicateur avancé. L’indice TRAN progresse de 4,53% depuis le 1er juillet contre +2% au SPX. Voyez aussi les petites et moyennes capitalisations (Russell2000 RTY) qui gagnent 3,83% sur cette période. Le RTY nous dit que le marché croit de plus en plus en un atterrissage en douceur de la première économie du monde. Et puis si l’on gratte un peu plus la surface de ce marché, on réalise que les actions des marchés émergents (ETF EEM) sont en train de casser à la hausse, que les institutionnels restent très pessimistes (hated rallye, bien souvent les plus beaux), que plus ou moins tout le monde est massivement short les actions et, cerise sur le gâteau, que les spreads de crédit sont en train de casser à la baisse, ce qui indique un marché obligataire qui se détend (et lui on peut le prendre au sérieux, pas comme avec le VIX).

À l’attention de ceux d’entre vous qui doutent encore que le marché des actions se porte plutôt pas mal ces temps, regardez l’indice CAC40 Dividendes Réinvestis (CAC40 GR), qui clôture vendredi à son plus haut de tous les temps…

À l'issue de la deuxième semaine de la saison des résultats du deuxième trimestre, 17,5% des entreprises du S&P500 ont publié leurs résultats. Selon FactSet, 75% d’entre elles ont dépassé les attentes, tandis que les bénéfices surprennent à la hausse d'un peu plus de 6,5% dans l'ensemble. Ces chiffres sont inférieurs aux moyennes quinquennales respectives de 77% et 8,4%. Parmi les thèmes les plus positifs, citons la résilience des consommateurs, la stabilisation des dépôts, les signes avant-coureurs de la reprise économique, la forte demande de voyages, le soutien structurel à la demande de logements et les signes généralisés de désinflation. Parmi les thèmes plus prudents, citons l'incertitude macroéconomique, la barre haute pour les méga capitalisations technologiques après le grand rallye du premier semestre, l'affaiblissement du pouvoir de fixation des prix, la sélectivité accrue des consommateurs, la récession actuelle du fret, la pression persistante du déstockage dans certaines industries (smartphones/PC, produits chimiques) et l'environnement difficile pour l'embauche et le personnel.

Pedro Sanchez parvient à faire basculer le scrutin en fin de journée, empêchant le Parti populaire conservateur d'Alberto Nunez Feijoo de remporter les élections espagnoles. Les deux partis revendiquent la victoire, bien qu'aucun n'ait suffisamment de sièges pour former un gouvernement. M. Sanchez restera premier ministre et pourra peut-être réunir suffisamment de voix pour un troisième mandat, mais il est plus probable qu'il doive convoquer de nouvelles élections plus tard dans l'année. JPMorgan a prévenu la semaine dernière qu'un vote non concluant serait le pire résultat pour les investisseurs.

La Fed et la BCE sont prêtes à relever leurs taux de 25 points de base chacune au cours d'une semaine chargée pour les banques centrales. L'accent sera mis sur les signaux que donneront les décideurs politiques quant à la probabilité de nouvelles hausses ou à l'éventualité d'une pause prolongée. Aucune des deux banques centrales ne se réunissant avant septembre, les économistes indiquent que les perspectives de la politique monétaire pour la fin de l'année restent ouvertes. La BOJ reste l'exception, plus de 80% des analystes interrogés s'attendant à ce qu'elle maintienne ses politiques de soutien.

Joe Biden fait un ultime effort pour inciter Benjamin Netanyahu à reconsidérer son vote sur la réforme du système judiciaire israélien, rapporte Axios. M. Netanyahou déclare qu'il allait bien après s'être fait poser un stimulateur cardiaque tôt hier et qu'il participerait aujourd'hui au débat parlementaire sur son projet de réforme. Des manifestations massives ont eu lieu samedi et d'anciens chefs de la sécurité ont exprimé leur soutien aux milliers de réservistes militaires qui ont déclaré qu'ils ne serviraient pas si le projet de loi était adopté.

Au menu macro-économique du jour, les indices PMI avancés du mois de juillet seront publiés tout au long de la journée.

ABB: Julius Baer reste neutre mais relève son objectif de 32 à 36 francs. JP Morgan aussi est neutre et ajuste sa cible de 31 à 32 francs. Schindler: Barclays reste à surpondérer et relève son objectif de 225 à 230 francs. Chevron publie un bénéfice par action en baisse au deuxième trimestre à 3,08 dollars. Vodafone Group enregistre une baisse de son chiffre d'affaires au premier trimestre fiscal. Malgré la faiblesse de la demande chinoise, Schindler Holding relève ses perspectives annuelles. Julius Baer affiche une performance en ligne avec les attentes des analystes. SGS affiche un bénéfice en baisse au premier semestre mais relève son objectif de croissance pour 2023. Ryanair réduit ses prévisions de croissance du nombre de passagers en 2023. Amazon investit 120 millions de dollars pour une usine de satellites. Mercedes-Benz place la Chine au cœur de son plan stratégique 2025. Roche et Alnylam Pharmaceuticals vont co-développer un nouveau traitement contre l'hypertension. Selon Digitimes, les volumes initiaux des nouveaux iPhones devraient être inférieurs en 2023 par rapport à ceux de 2022.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre totalement dispersé. Tokyo gagne 0,82% à la cloche, Hong Kong chute de 2,43%, principalement sur un sentiment de plus en plus présent que les efforts de relance de la Chine sont trop diversifiés et insuffisants. Shanghai égare 0,24% et Séoul progresse de 0,72%. Le future SPX traite autour de l’équilibre et l’Europe ouvre en repli de 0,4%. Le money time du marché peut commencer.

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