Gonet: l'actualité des marchés au 21 septembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -1,78%, S&P 500 -1,70%, Nasdaq -2,19%, Russell 2000 -2,44%, SOX -2,42%, Eurostoxx -2,11%, SMI -1,42%.

Wall Street plie mais ne rompt pas. Le marché est pris en étau dans une confluence de thématiques, dont aucune n'est nouvelle. Et ces thématiques sont nombreuses: inflation? oui mais…, budget US – plafond de la dette, macro économie qui flanche une semaine et se reprend la suivante, le facteur Pékin, l’Allemagne dimanche prochain, la Fed demain, la BCE en embuscade et les résultats de sociétés qui vont bientôt revenir et DOIVENT être bons. La chute d’hier est principalement due aux craintes croissantes dans le marché que la faillite potentielle du géant chinois de l’immobilier Evergrande ne se propage au-delà des frontières du pays. Evergrande est sur le point de faire défaut sur le paiement de ses dettes et n'obtiendra probablement pas d'aide directe du gouvernement, déclare S&P. Xi Jinping se trouve au pied du mur, les investisseurs attendent sa réponse à la crise. Pendant ce temps, la Maison-Blanche assure que les autorités surveillent la situation et sont prêtes à agir si nécessaire. Le fondateur d'Evergrande, Hui Ka Yan, déclare au personnel qu'il pense que l'entreprise sortira bientôt de ce moment très sombre, selon le Securities Times. Ce matin le Wall Street Journal indique que des fonds d’investissement américains et européens, qui ont acheté des obligations d’entreprises chinoises ces dernières années, sont impactés par l’affaire, reste surtout à savoir dans quelles proportions.

Revenons au marché avec un indice S&P500 (SPX) qui casse sa moyenne mobile à 50 jours, s’enfonce dans les abysses et est secouru par sa 100 jours (4328 points). Le SPX tente de la casser également mais rebondit significativement dans la dernière heure de trading (l’heure où les boursicoteurs européens regardent le foot). Les mouvements d’hier sont très intéressants. Prenez par exemple l’indice TICK, qui montre le nombre de titres qui traitent en «uptick», en d’autres mots, qui prennent l’escalier vers le haut, vis-à-vis de ceux qui descendent à la cave. Et bien le TICK passe de -2000 à l’ouverture à +1000 en clôture, c’est assez impressionnant. Le SPX passe de -2,9% à -1,7% à la cloche, un indice pour ceux d’entre vous qui se demandent si le phénomène «buy the dip» respire encore. Bien évidemment, hier est un jour de réduction du risque. En outre le breadth (l’écart entre les titres qui clôturent à la hausse et ceux à la baisse) est vraiment très vilain (par exemple 44 - 456 sur le SPX). La volatilité explose, l’indice VIX décolle de 23% à 25,71, après avoir traité à 29 en séance ceci dit. Techniquement 35 est un niveau de résistance intéressant.

Le SPX est donc parvenu à stopper l’hémorragie, sans que nous n’observions de phénomène de panique dans le marché, marché qui reste bien évidemment fragile (allo Pékin, on fait quelque chose pour Evergrande ou bien?). L’activité en ETFs et en options est énorme hier, les ETFs représentent à eux seuls 30% du volume du NYSE, qui s’élève à 12 milliards de titres traités. Si l’on focalise sur le bas du jour, lorsque le future SPX atteint les 4300 points, on observe à ce moment précis que des ordres stop sont déclenchés en masse mais que cela ne dure que quelques minutes et c’est là que les gros poissons, les institutionnels, qui ne regardent pas le foot, entrent en jeu. Imaginez plutôt, en l’espace d’une minute 10'000 contrats futures sont achetés sur le SPX soit environ 2 milliards de dollars de notionnel, ça calme les ours ce genre de ticket…

C’est sans surprise que les 11 secteurs du SPX reculent à la cloche, le podium des perdants du jour étant constitué de l’énergie, la consommation et les financières. Les compagnies aériennes et les titres d’aéroports et de duty free passent une journée fort agréable quant à eux, enchantés de la décision de Washington d’assouplir les conditions d’entrée aux Etats-Unis. Notons au passage que les cinq plus grosses firmes technologiques en capitalisation boursière (Apple -2,14%, Amazon -3,08%, Facebook -2,47%, Alphabet -1,48% et Microsoft -1,86%) ont rendu 500 milliards au marché depuis le top du 7 septembre, buy the dip?

Les stratèges de JP Morgan sortent du bois et déclarent que la baisse d’hier constitue  l'occasion d'acheter des actions car la reprise économique mondiale est sur le point de s'accélérer. Le point de vue optimiste de JP Morgan contraste furieusement avec celui de Mike Wilson de Morgan Stanley, dont le scénario le plus pessimiste prévoit une chute de plus de 20% du SPX par rapport à son sommet. Ce qui est rassurant, c’est que l’un des deux a raison…plus sérieusement gardons en tête que la baisse des indices d'actions fait partie intégrante du cycle boursier. Techniquement, le SPX, qui  perdu environ 4% depuis ses plus hauts, soit une paille, voit un niveau de support assez solide à 4200 points. Dans le contexte actuel, il faut garder la tête froide, se rappeler que le SPX est en hausse de 57% depuis les bas du covid de mars 2020 et que la bourse est une question de long terme. Personne ne sait s’il retournera à 4200 points ou reprendra sa route vers le ciel sans tarder. En revanche le panorama de la volatilité vient de changer drastiquement, qui offre de superbes opportunités en produits structurés, notamment dans le segment des «low strikes».

Le rendement de l’emprunt US à 10 ans recule légèrement, de 1,35% hier matin à 1,33% ce matin, la courbe des taux s’aplatit quelque peu. Je note très peu d’activité dans le segment dit «high yield». Le dollar s’affaiblit légèrement ce matin, signe que l’aversion au risque se dissipe quelque peu, la paire EUR/USD traite à 1,1735, l’or revient à 1761 dollars l’once et le pétrole parvient à se maintenir au-dessus de 70 dollars le baril de WTI Light Crude.

Le FOMC commence sa réunion de deux jours aujourd'hui et Bloomberg Economics prévoit qu'il maintiendra son langage accommodant afin de conserver autant de flexibilité que possible. Cela répondra à son objectif de préparer le terrain «bien avant» une annonce formelle sur la réduction progressive des achats d’actifs, attendue lors de la réunion de novembre. Quant aux taux d'intérêt, la Fed les maintiendra à un niveau proche de zéro jusqu'en 2022 avant de procéder à deux hausses d'un quart de point d'ici la fin de l'année suivante, selon une enquête de Bloomberg.

Anthony Fauci déclare à CNBC qu'il s'attend à ce que les vaccins pour les enfants âgés de cinq ans et plus soient déployés d'ici la fin du mois d'octobre et qu'il souhaite que les écoles rendent obligatoires les vaccins pour les enfants une fois que ceux-ci seront entièrement approuvés. Avec 675’446 décès, le nombre total de morts aux États-Unis a dépassé le bilan de la pandémie de grippe de 1918. Un membre de la délégation brésilienne à l'ONU est testé positif, ce qui renforce les craintes que la réunion ne provoque un pic de cas à New York. Les écoles de la ville vont augmenter le nombre de tests de dépistage à une fois par semaine.

François Villeroy, de la BCE, déclare qu'il ne fait aucun doute que la banque centrale doit maintenir une politique monétaire accommodante. Il souligne que le pic d'inflation est temporaire en raison des difficultés d'approvisionnement et des prix élevés du pétrole et des matières premières. «Mais, et je tiens à le dire très clairement: il ne fait aucun doute que l'inflation dans la zone euro reviendra sous notre objectif de 2% d'ici à 2023.»

Boris Johnson minimise les chances d'un accord commercial avec les États-Unis dans un avenir proche, alors qu'il se rend à Washington pour une réunion avec le président Biden aujourd'hui. Le Premier ministre déclare que l'agenda de M. Biden est tout simplement trop chargé et que, dans tous les cas, la Grande-Bretagne serait mieux lotie avec un bon accord qu'avec un accord rapide. Une pression s'exerce sur M. Johnson pour qu'il conclue un accord commercial avec les États-Unis, qui était présenté comme l'un des prix du Brexit.

Les investisseurs s'intéresseront aujourd'hui aux permis de construire et aux mises en chantier d'août aux Etats-Unis.

Partners Group réunit 15 milliards de dollars pour un nouveau programme d'investissement en capital-investissement. La SEC conduirait une enquête sur les pratiques sociales internes d'Activision, selon le Wall Street Journal. General Motors procédera au remplacement des batteries défectueuses de ses modèles Bolt en octobre. Coinbase renonce à lancer un programme de prêts en cryptomonnaie. Robinhood teste un porte-monnaie crypto.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo, qui avait congé hier, recule de 2,16%, Hong Kong traite à l’équilibre, considérons cela comme une hausse, Shanghai grappille 0,2% et Séoul gagne 0,33%. Le future SPX gagne récupère 0,5% et l’Europe ouvre en hausse de 0,6%.

Je ne peux résister à l’envie de vous livrer ça: Trump révèle qu'il a laissé Biden gagner pour que sa présidence ait l'air incroyable en comparaison…

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