Wall Street débute son mois de décembre de la plus jolie des façons, après rappelons-le un mois de novembre historique. La bonne tenue des indices hier est notamment due à la Chine, où la croissance de l'activité du secteur manufacturier a atteint en novembre à son rythme le plus soutenu en dix ans. D’autre part, l’imminence d’un vaccin contre le covid-19 se précise chaque jour un peu plus, la FDA va examiner la demande d’autorisation en urgence de Moderna le 17 décembre. Et puis il faut dire que 95% d’efficacité, c’est probablement plus que ce à quoi tout un chacun s’attendait, la communauté des investisseurs réalise chaque jour un peu mieux que ces vaccins vont réellement aider l’économie à redémarrer, peut-être plus vite que prévu? Ajoutons à ce cocktail des statistiques économiques globalement bonnes la semaine passée, avec la macro américaine en demi-teinte et c’est un facteur supplémentaire de soutien au marché, qui souhaite voir une économie en croissance, mais pas trop, afin que les banques centrales laissent leurs taux au plancher, voire en-dessous, et continuent d’inonder la planète finance de liquidités. À propos des banques centrales, gardons aussi en tête que, la semaine prochaine, la Banque Centrale Européenne (BCE) devrait annoncer, c’est une quasi-certitude, un élargissement de son arsenal.

Au chapitre de la levée des incertitudes, tant honnies par les marché, la transition va se dérouler entre l’administration Trump et celle de Joe Biden, quoi que le président sortant en dise et, cerise sur le gâteau, l’ancienne patronne de la Fed Janet Yellen va devenir secrétaire au trésor, ce qui plait beaucoup au marché. Et puis un nouveau vieux dossier vient s’ajouter à la pile des arguments en faveur des bulls (haussiers), le fameux plan bipartisan de soutien économique aux Etats-Unis. On le savait, parvenir à un accord avant l’élection présidentielle relevait de la mission quasiment impossible. Aujourd’hui on sent bien que les deux clans sont motivés à aller de l’avant, quitte à débloquer quelques centaines de milliards de dollars dans un premier temps, histoire de parer au plus pressé,  puis de travailler sur une deuxième phase, plus consistante. L’ombre de Donald Trump plane de moins en moins sur les esprits et tout un chacun y met du sien pour faire avancer ce dossier. Le président élu Joe Biden demande au Congrès d'adopter un «paquet solide» pour faire face à la crise économique. Un groupe bipartisan de législateurs à la Chambre et au Sénat  dévoile une proposition de relance de 908 milliards de dollars. Le leader de la majorité républicaine au Sénat Mitch McConnell fait circuler le nouveau programme de lutte contre le coronavirus du GOP qui prévoit une deuxième série de prêts PPP de 330 milliards de dollars. Le président de la Fed, Jerome Powell, souligne l'importance des programmes de prêts d'urgence et plaide pour plus de relance budgétaire.

Résumons: les vaccins débarquent, les banques centrales n’ont jamais été aussi accommodantes et pourraient le devenir encore plus, les politiques sont sur le point d’y mettre enfin du leur, la Chine pète la forme et l’incertitude politique aux Etats-Unis a disparu. Comment voulez-vous donc que, dans un tel contexte, les marchés se prennent les pieds dans le tapis? Wait! Novembre est passé par là. Nos esprits calmes il nous faut donc garder, une petite consolidation ne ferait pas de mal aux indices.

Pour en revenir à hier, tous les secteurs de l’indice S&P500 (SPX) progressent vers le nord et il est ardu de séparer les titres de valeurs de ceux de croissance. L’appétit au risque tourne à plein régime, le FOMO (Fear Of Missing Out) règne en maître des lieux, tout semble monter. Les FAANGs (Facebook, Apple, Amazon, Netflix, Google) mènent la charge (AAPL +3%, AMZN +1,7%, FB +3,5%, GOOGL +2,4%, NFLX +3%, TSLA +3%). On se débarrasse des valeurs refuges et le dollar en souffre particulièrement, le Dollar Index (DXY) enfonçant son support de 91,74 sans problème, pour traiter à 91,18 ce matin et regarder son prochain support dans la zone 89,20 – 89,00. La paire eur/usd traite à 1,2074, qui a cassé sa résistance à court terme de 1,2011. Les intervenants se débarrassent aussi de leurs bons du trésor US, le rendement du 10 ans décolle et revient à 0,92%, ce qui profite aux actions financières. Le pétrole recule quelque peu, le baril de WTI Light Crude revient à 44,36 dollars, dans l’attente de la décision de l’OPEP+, qui est prévue demain. L’or, qui s’était pris un sacré uppercut dans la figure en fin de semaine passée, relève la tête et traite à 1813 dollars. Notons tout de même que le métal jaune a traversé sa moyenne mobile à 200 jours pour la première fois en 9 mois et souffert sa plus forte baisse depuis 2016. Techniquement, cela relève d’un avertissement sérieux et d’une tentative de remise en question de sa tendance haussière, à suivre de près.

Pour la forme, précisons que le SPX et Le Nasdaq Composite établissent de nouveaux records historiques à la cloche. Imaginez-vous, le SPX réalise hier sa 109^e séance de l’année avec un mouvement de plus de 1%, 2020 restera longtemps dans les mémoires…

Au menu du jour les chiffres de l'emploi en Europe (11h00), l'enquête ADP sur l'emploi américain (14h15), la seconde journée d'audition parlementaire de Jerome Powell (à partir de 16h00), les stocks pétroliers hebdomadaires (16h30) et  le Livre Beige de la Fed (20h00).

Salesforce rachète Slack pour 27,7 milliards de dollars. Hewlett Packard Enterprises relève ses prévisions, le titre recule ceci dit quelque peu dans le marché après bourse. Xiaomi souffre en bourse après l'annonce d'une grosse levée de fonds pour accélérer sa croissance. La FDA homologue le Gavreto de Roche pour une forme de cancer de la thyroïde. L'Association en charge de la Libra de Facebook change le nom de la cryptomonnaie, qui s’appelle désormais Diem. Tecan relève ses prévisions pour 2020. Belimo rachète Opera Electronics. Moderna se prend les pieds dans le tapis et recule de 7,6% à la cloche mais perd 21% de son plus haut du jour, après que son CEO a annoncé que son vaccin exige que tout s’aligne à la perfection.

Les États-Unis ne supprimeront pas immédiatement les droits de douane de la première phase de l'accord commercial avec la Chine, décare Joe Biden au New York Times (NYT). Le président élu veut procéder à un examen complet de l'accord existant. «Je ne vais pas préjuger de mes options», indique-t-il.

Au chapitre du Muppet Show, Donald Trump a discuté avec ses conseillers de l'opportunité d'accorder une grâce préventive à ses enfants, son gendre et Rudy Giuliani et a parlé avec l'avocat de la possibilité de le gracier pas plus tard que la semaine dernière, rapporte le NYT. Par ailleurs, les procureurs américains enquêtent pour savoir si plusieurs personnes ont offert des contributions politiques en échange d'une grâce présidentielle, comme le montre un document judiciaire non scellé.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent majoritairement inchangés avec Tokyo qui grappille 0,05% à la cloche, Hong Kong qui fait de même, Shanghai qui traite à l’équilibre et Séoul qui grimpe de 1,58%. Le future SPX recule de 11 points et l’Europe est indiquée en léger repli à l’ouverture de 9 heures. Une pause semble se profiler en ce mercredi matin, pour combien de temps?