Gonet: l'actualité des marchés au 19 septembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,02%, S&P 500 +0,07%, Nasdaq +0,01%, Russell 2000 -0,69%, SOX +0,46%, Eurostoxx -1,14%, SMI -0,96%.

Wall Street démarre sa semaine sur la pointe des pieds, les volumes d’échanges sont dignes d’un concert unplugged de Francis Lalanne, on s’ennuie ferme sur les parquets de trading hier. La raison? une absence crasse de conviction des investisseurs, l’approche imminente de la réunion de la Fed (demain soir) et un baril de pétrole qui prend un peu plus feu chaque jour. On le sait bien, le joyeux royaume des actions est dépendant aux liquidités que la Fed (et un peu la BCE avouons-le) daigne(nt) lui distribuer. Or depuis trop longtemps maintenant (aux yeux des taureaux), le robinet magique desdites liquidités est fermé, les taureaux sont en manque et guettent le moindre signe d’once de soupçon d’espoir que la Réserve Fédérale inverse la vapeur monétaire. Demain Jerome Powell et ses collègues devraient privilégier le scénario du statu quo, c’est quasiment acquis, du moins dans le marché des Fed Funds. On se prépare surtout à écouter le boss de la Fed, nous annoncera-t-il la fin du cycle monétaire? Gagnera-t-il du temps? Sera-t-il encore faucon? Le scénario de fin de cycle de hausses de taux semble improbable en l’état, l’inflation n’est pas encore en vue de l’objectif de 2% et la hausse quasiment ininterrompue du pétrole depuis la fin juin pourrait bien forcer le premier banquier du monde à prolonger le «plaisir faucon». Rappelons ici que le prix de l’énergie impacte énormément le budget des ménages, la dernière publication du CPI (Consumer Price Index) américain l’a confirmé, la moitié de l’inflation vient de là.

Arrêtons-nous donc quelque peu sur cette si sympathique énergie fossile qu’est l’or noir. Les inventaires récents ont reculé, l’Arabie Saoudite et la Russie ont prolongé leurs coupes de production de 1,3 million de barils/jour jusqu’à la fin de l’année et la demande reste forte. Ajoutez à cela une configuration technique qui s’améliore chaque jour un peu plus, avec probablement une pause à 93,40 dollars par baril de WTI Light Crude (le haut du canal baissier entamé en mars 2022), sachant que l’or noir est entré en territoire suracheté et a tendance à réagir à une telle configuration. Cours actuel 92,54 dollars.

Le marché américain des actions ouvre la semaine autour de l’équilibre. Avant d’approfondir un chouia, mentionnons le CAC40 parisien qui se prend les pieds dans le tapis (-1,39%), envoyé dans les cordes par Société Générale, dont l’action chute de 12% après avoir dévoilé son plan stratégique, mon petit doigt me fait savoir que ce dernier semble avoir déçu le plus grand nombre. Il apparait que le nouveau CEO Slawomir Krupa manque piteusement son entrée en scène et les intervenants sont surpris par la faible croissance envisagée par SocGen d’ici 2026. Reste à savoir si ce phénomène se limite à cette banque ou si c’est tout le secteur qui va devoir baisser la voilure durant deux ou trois exercices comptables. On revient Downtown Manhattan où on fait avec ce qu’on peut en termes de nouvelles, en attendant le gros morceau de demain (la Fed). Les opérateurs sourcillent à peine à la publication d’un indice NAHB (National Association of Home Builders) plus faible que prévu, les rendements obligataires restent plutôt stables, quoique le 10 ans ce petit coquin vient taquiner le niveau de 4,35%, une résistance importante qui, si elle est cassée devrait propulser le 10 ans à 4,50%, les actions de croissance apprécieront le cas échéant… Ce matin le 10 ans évolue à 4,32%, le 2 ans à 5,06%. Le dollar fait du surplace, la paire EUR/USD traite à 1,0678, ça sent la veillée d’armes à plein nez dans les salles de marchés.

La volatilité récupère un tout petit peu de terrain, le VIX prend 1,5% et clôture pile à 14,00. Est-il besoin de vous rappeler que ce niveau confine à une complaisance suspecte? Côté secteurs, le podium du jour du SPX se compose de l’énergie (mais quelle surprise…), de la tech et des financières. Je note que l’indice KRX des banques régionales américaines revient à son plus bas en deux mois, j’observe que la nouvelle star de la cote Arm Holdings recule de 4,7% après que Bernstein l’initie avec une recommandation «sous-performer», la firme remet en question la capacité d’Arm de générer des revenus dans l’IA comme annoncé par son management. Les mastodontes de la tech apportent quelque soutien au marché hier soir, Apple récupère 1,7%, il semble que la demande pour l’iPhone 15 soit plus forte que prévu. Adobe, le mauvais élève de vendredi après ses résultats décevants, relève la tête de 0,7%, Nvidia grappille 0,2% et Moderna reçoit un uppercut dans la figure de Pfizer, qui annonce avec fracas que la demande de vaccins contre le covid va diminuer cette année (ce qui prend absolument tout le monde par surprise n’est-ce pas?). Les shorts appuient un peu plus encore sur les positions déjà vendues à découvert et l’or fait de la résistance, allez donc savoir pourquoi, à moins que ce ne soit dû à sa moyenne mobile à 200 jours qui rode à 1923 dollars par once, cours actuel 1930 dollars.

Pensée au passage: tout un chacun veut savoir si la Fed va encore relever ses taux à l’avenir. La question à se poser ne serait-elle pas de déterminer combien de temps les taux vont rester élevés? Après tout, au niveau actuel de 5,25%-5,50%, 0,25% de plus ou de moins est-ce si important que cela? Just my view.

Coucou le revoilà! Le plafond de la dette se rappelle à notre mauvais souvenir avec un retour remarqué des interrogations sur le budget fédéral des Etats-Unis. Le Congrès doit se mettre d’accord d’ici la fin du mois sur les dépenses publiques, au risque de provoquer une fermeture partielle du gouvernement en cas d’échec. Ce dossier se termine toujours par un happy end, du moins je crois, mais il a le talent de polluer la psyché des investisseurs à court terme.

La BCE maintiendra ses taux à 4% aussi longtemps que nécessaire pour maîtriser l'inflation, déclare François Villeroy de Galhau, membre du Conseil des gouverneurs, indiquant qu'il n’est pas favorable à d'autres hausses à ce stade.

L'Ukraine demande à l'Allemagne d'interrompre la livraison à la Russie de machines haut de gamme utilisées par les fabricants de munitions. Berlin annonce un soutien militaire supplémentaire de 400 millions d'euros, mais ce montant ne comprend pas les missiles de croisière Taurus destructeurs de bunkers demandés par Kiev. Volodymyr Zelenskiy rencontrera le président brésilien Lula à l'ONU pour tenter d'aplanir les divergences sur la guerre.

Au menu macro-économique du jour, la journée débutera avec l'indice des prix à la consommation en zone euro (11h00). Plus tard, aux Etats-Unis, les permis de construire et les mises en chantier seront disponibles à 14h30.

Banco Santander lance une vaste réorganisation de ses activités. Tesla et l'Arabie saoudite ont entamé des discussions en vue de construire une usine de fabrication de véhicules électriques dans le pays. Instacart fixe son prix d'introduction à 30 dollars, dans le haut des prévisions. Amazon envisage d'embaucher le chef de produit de Microsoft qui quitte son poste.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo rend 0,87% à la cloche, Hong Kong grappille 0,2%, Shanghai est à l’équilibre (BlackRock rétrograde les actions chinoises de «surpondéré» à «neutre») et Séoul perd 0,6%. Le future SPX égare 3 points et l’Europe ouvre en repli de 0,25%.

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