Gonet: l'actualité des marchés au 15 septembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

3 minutes de lecture

Dow +0,96%, S&P 500 +0,84%, Nasdaq +0,81%, Russell 2000 +1,40%, SOX +0,67%, Eurostoxx +1,33%, SMI +1,11%.

Allons enfants de la vieille Europe, le jour de gloire est (peut-être) arrivé ! La jolie hausse réalisée hier par Wall Street s’explique par un seul nom : Christine Lagarde.

La Banque Centrale Européenne (BCE) annonce qu’elle relève ses taux directeurs de 25 points de base, ce n’était pas vraiment attendu mais les avis divergent passablement sur ce sujet, on va donc dire que cela ne revêt pas réellement d’intérêt pour le marché, sauf que la patronne de la BCE prend la parole à 14h30 et annonce (je condense un tantinet…) que cette hausse pourrait bien être la dernière du cycle. Madame Lagarde parle de croissance en berne, les investisseurs s’en fichent mais alors à un point je ne vous dis pas, tout ce qu’ils entendent c’est que les taux sont peut-être arrivés au sommet du col, ce que Christine Lagarde refuse de confirmer formellement mais elle a entrouvert une porte dans laquelle les taureaux du monde entier se ruent comme jamais, avides de retrouver ces satanées liquidités dont ils se sont nourris depuis tant d’années. On parle désormais de « hausse dovish » dans le marché, au contraire de la Fed (muette jusqu’à mercredi soir prochain) qui elle pratique en ce moment le « statu quo hawkish ». En Europe, la réaction du marché ne se fait pas attendre avec un euro qui met son masque et son tuba pour entamer une séance de plongée assez impressionnante, la paire eur/usd traite ce matin à 1.0655 contre environ 1.0740 à l’annonce de la BCE. Le Dollar Index (DXY) en profite, sa configuration technique était déjà en train de s’améliorer considérablement, le DXY casse 104.70 (le top en séance du 31 mai), évolue ce matin à 105.26 et lorgne désormais vers 105.88, son plus haut en séance du 8 mars. En parallèle, une golden cross se profile à court terme (la moyenne mobile à 50 jours va traverser la 200 jours à la hausse, un signal technique haussier), il ne faut donc définitivement jamais enterrer le dollar trop tôt.  

Et qui dit billet vert en hausse, dit matières premières en baisse, théorie superbement ignorée par les investisseurs hier en ce qui concerne le pétrole, qui casse les 90 dollars le baril de WTI Light Crude, c’est la première fois depuis début novembre 2022 qu’il revient à ce niveau. Le WTI traite à 90.66$, sa prochaine résistance se situe à 93.40$. Cette hausse de 35% entamée à la fin juin devrait immanquablement avoir un effet inflationniste à terme, mais là franchement le marché s’en fiche, il fait la fête à Christine, pour le reste on verra plus tard. L’or reste fragile techniquement, l’once évolue juste en-dessous de sa moyenne mobile à 200 jours, cours actuel 1918$ contre la 200 dma à 1921$. Le marché obligataire réagit de façon plutôt mesurée aux annonces de la BCE, ceci dit je ne serais pas étonné que la demande en Govies européens augmente à court terme.

À Wall Street, on se prend à rêver d’une Fed adoptant un scénario « à la BCE », et les indices de se mettre en mode haussier, tous les secteurs participent, le breadth est sans appel avec 3 titres en hausse contre 1 en baisse à la clôture du NYSE. Les ventes au détail américaines décollent nettement plus que prévu en août ? L’indice des prix à la production est plus fort que prévu ? le marché du travail reste chaud ? qu’importe, mettez-ça sur notre note, clament les taureaux en chœur. Le joyeux royaume des actions est probablement aussi encouragé par la réaction sereine de son grand-frère obligataire, le 2 ans US se maintient finalement à 5.02%, le 10 ans traite à 4.30%. Les indices S&P500 (SPX) et Nasdaq100 (NDX) évoluent désormais au-dessus de leur moyenne mobile à 50 jours, le SPX en profite pour récupérer le niveau de 4500 points. Les shorts souffrent comme rarement et alimentent la hausse en se couvrant et la volatilité met un genou à terre, le VIX perd 5% supplémentaires et clôture à 12.82, il aura grand peine à aller beaucoup plus bas.

Une bonne nouvelle arrive rarement seule, on apprend hier que la banque centrale chinoise (PBoC) réduit ses taux RRR de 25 points de base. Les RRR signifient Reserve Requirement Ratio. Ils représentent le taux de liquidités que les banques commerciales doivent détenir auprès de la banque centrale. Lorsque cette dernière réduit le taux, cela implique plus de liquidités disponibles pour les banques du pays et donc potentiellement plus de crédits accordés aux entreprises et aux particuliers.

Hier c’est aussi la première journée de cotation en bourse pour Arm Holdings. ARM est une société britannique spécialisée dans le design d’une grande partie des puces électroniques du monde entier, elle appartient à Softbank, qui a payé 32 milliards de dollars en 2016 pour sortir Arm du marché, elle la relance hier dans le grand bain pour 60 milliards, soit un rendement annuel de 9%. Arm se situe au cœur de la bataille commerciale qui oppose les Etats-Unis à la Chine. Ses inventions se trouvent dans 99% des téléphones portables du monde, deux tiers des objets connectés ou encore 40% des voitures. Et hier le titre décolle de 24.7% pour sa première cotation dans le secondaire. L’IPO de Arm est une des plus importantes cette année, elle illustre un appétit au risque apparemment bien en place dans la communauté des investisseurs.

L'économie chinoise s'est peut-être redressée en août, le boom des voyages d'été et l'intensification des mesures de relance venant s'ajouter aux signes naissants de stabilisation. La production industrielle et la croissance des ventes au détail augmentent plus que prévu.

Au menu macro-économique du jour, aux Etats-Unis, la semaine se termine sur l'Empire Manufacturing (14h30), suivi de l'utilisation des capacités et de la production industrielle (15h15) et du sentiment de l'Université du Michigan (16h00).

Adobe perd 1,7% hors séance après ses chiffres, en dépit de perspectives relevées. Les salariés affiliés à l'UAW se mettent en grève aux Etats-Unis chez General Motors, Ford et Stellantis, après l'échec des négociations salariales. Walt Disney dément toute décision finale concernant l'avenir d'ABC, après des rumeurs de cession à Nexstar Media. WhatsApp (Meta Platforms) explore la possibilité d'afficher des publicités, selon le FT. Amazon ouvre son plus grand centre de livraison du dernier kilomètre en Amérique latine. Salesforce va embaucher 3’300 personnes après des licenciements en début d'année. Google s'apprête à lancer son logiciel d'intelligence artificielle Gemini, appris The Information. Le traitement combiné du cancer du sein de Novartis réduit le risque de récidive dans une étude de phase avancée. ConocoPhillips signe un contrat de GNL de 15 ans au terminal Gate aux Pays-Bas.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse hormis Shanghai qui perd 0.28%. Tokyo progresse de 1.1%, Hong Kong avance de 1.07% et Séoul gagne 1.1%. Le future SPX prend 8 points et l’Europe gagne 0.8%.

A lire aussi...