Gonet: l'actualité des marchés au 15 juin

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,68%, S&P 500 +0,08%, Nasdaq +0,39%, Russell 2000 -1,17%, SOX +1,52%, Eurostoxx +0,65%, SMI -0,43%.

C’est une réalité nouvelle et plutôt inattendue à laquelle les investisseurs sont confrontés depuis hier soir. La Fed confirme que son cycle de hausses de taux est proche de la fin, en revanche elle n’est pas du tout pressée de démarrer une nouvelle ère de baisses.

Comme attendu par le plus grand nombre, la Réserve Fédérale des Etats-Unis maintient son principal taux directeur inchangé. C’est la première pause depuis mars 2022, après dix hausses consécutives. La décision est prise par le FOMC à l’unanimité, on reste dans une fourchette de 5,00 – 5,25%. Le modèle dot plot de la Fed prévoit deux hausses supplémentaires, tandis que de son côté Jerome Powell s’emploie à calmer les ardeurs des colombes, qui réclament des baisses de taux et fissa s’il-vous-plait. Le premier banquier du monde déclare que «pas une seule personne au sein du comité n’envisage une baisse des taux cette année et je ne pense pas du tout que ce soit approprié si vous y réfléchissez. L'inflation n'a pas vraiment baissé – elle n'a pas beaucoup réagi jusqu'à présent à nos hausses de taux existantes.» Bien que les prévisions montrent un repli de l'inflation au cours des deux prochaines années, Powell insiste que ces estimations sont «très incertaines» à ce stade. «Le rétablissement et la restauration de la stabilité des prix profiteront à des générations de personnes, tant que cela se maintiendra. C'est vraiment le fondement de l'économie et vous devez comprendre que c'est notre priorité absolue». On peut dire qu’Oncle Jerome ne fait pas du Greenspan hier, circulez colombes, les faucons sont toujours à la barre.

Le marché écoute son papa et envoie immédiatement les rendements obligataires plus haut. Le 2 ans US remonte à 4,75%, le 10 ans revient à 3,83%. Le spread 2 / 10 ans repart dans les limbes, ce matin il se situe à -92 points de base. Du côté du joyeux royaume des actions, on commence par bouder cette posture toujours restrictive de la banque centrale américaine et les indices plongent, l’espace d’une petite heure pour se reprendre pendant le discours du patron de la Fed, qui précise que la réunion de juillet est un meeting «en direct» (pour examiner un éventuel changement de politique), mais qu'elle n’est pas prédéterminée. En d’autres termes, une hausse de taux le 26 juillet est tout sauf acquise. On regarde les Fed Funds ce matin, qui indiquent 70% de probabilités d’une hausse de 25 points de base à cette occasion. Au chapitre des secteurs, on observe de la dispersion, le podium du jour du SPX se compose de la tech, des biens de consommation de base et de l’immobilier. Les mastodontes de la tech sont en forme, en revanche les petites et moyennes capitalisations ne montent pas sur la colline et le Dow Jones se prend les pieds dans le tapis, courtesy of United Health, qui chute de 6,4% après que la société a déclaré que les personnes âgées recommençaient à subir des chirurgies post pandémie, ce qui pourrait signifier qu'elle doive payer plus et conserver moins de ses primes. Et comme le vénérable Dow est un indice pondéré par les prix de ses composants et que UNH est la plus chère de l’équipe, paf le plongeon…

Le dollar reste plutôt stable, la paire EUR/USD traite ce matin à 1,0806, le pétrole est toujours faible, le baril de WTI Light Crude évolue à 68,61 dollars, l’or n’y arrive pas, l’once recule à 1930 dollars. Le breadth indique 5 titres en baisse à la clôture du NYSE contre 3 en hausse. La volatilité reste faible, le VIX clôture à 13,88. Sentimentrader rappelle que d’un point de vue saisonnier un rebond de l’indice de la peur est dans les cartes… Je note au passage que le SPX entre en territoire suracheté. Mais au final, le simple fait que les indices n’aient pas baissé hier soir (on oublie le Dow Jones ok?) indique que le marché veut aller plus haut. Toute la question est de savoir combien de temps encore…

La BCE est sur le point de procéder à ce qui pourrait être l'avant-dernière augmentation de sa campagne sans précédent de relèvement des taux d'intérêt. Elle devrait relever le taux de dépôt d'un quart de point pour le porter à 3,5% aujourd'hui, les analystes se concentrant principalement sur les indications concernant les augmentations futures. Le consensus prévoit une dernière hausse le mois prochain.

Au menu macro-économique du jour, c'est au tour de la BCE de se prononcer sur ses taux à 14h15. Aux Etats-Unis, les ventes de détail (14h30), les indices de la Fed de Philadelphie et Empire Manufacturing seront publiés à 14h30, en même temps que les données hebdomadaires sur le chômage. La production industrielle (15h15) et les stocks des entreprises (16h00) suivront.

Bain Capital veut racheter SoftwareOne pour 18,50 CHF l'action. HSBC accepte des conditions révisées pour la vente de sa banque de détail française à Cerberus. Hugo Boss revoit à la hausse son objectif de ventes pour 2025. UBS met fin à ses relations avec Odey Asset Management à la suite d'allégations d'inconduite sexuelle. Holcim rachète le guatémaltèque Minerales y Agregados. Microsoft engage le groupe PCF pour développer un jeu vidéo dont le nom de code est «Project Maverick». SGS fournira des services d'évaluation de la conformité des produits pour les équipements électriques de basse tension à Oman.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo égare 0,05% à la cloche, Hong Kong progresse de 1,59%, Shanghai avance de 0,64% et Séoul recule de 0,40%. La banque centrale chinoise a réduit de 10 points, à 2,65%, le taux de ses prêts à un an. L'annonce était attendue. Elle offre un peu de soutien aux marchés locaux ce matin, même si tout le monde est toujours un peu déçu à chaque annonce, que Pékin ne déploie pas un arsenal de relance plus musclé. Le future SPX recule de 5 points et l’Europe ouvre en recul de 0,4%.

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