Gonet: l'actualité des marchés au 14 juin

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,43%, S&P 500 +0,69%, Nasdaq +0,83%, Russell 2000 +1,23%, SOX +1,15%, Eurostoxx +0,72%, SMI +0,23%.

La chasse aux ours se poursuit Downtown Manhattan, les taureaux ne font pas de prisonniers.

Le sentiment du marché s’améliore un peu plus chaque jour, on frôle même la complaisance à certains égards, mais qu’importe, comme le chante si bien Yazz «the only way is up», pour le reste on verra ça plus tard. Le marché applaudit à tout rompre la publication de l’indice américain des prix à la consommation (CPI), qui sort largement en ligne et consacre la plus faible progression de l’inflation aux Etats-Unis depuis avril 2021, une sacrée épine de moins dans le pied de Jerome Powell, j’y reviens. Le FOMO (Fear Of Missing Out) est bien installé parmi les traders, le sentiment et le positionnement progressent main dans la main, notamment encouragés par la frénésie autour de l’intelligence artificielle qui ne faiblit pas. La récente entrée de l’indice S&P500 (SPX) en bull market a probablement aussi provoqué une accélération de cette pression acheteuse qui ne semble pas vouloir faiblir, on reparle dans les salles de marchés d’atterrissage en douceur de l’économie américaine, de désinflation, on se souvient aussi de nombreuses révisions à la hausse de bénéfices futurs émises par les firmes américaines.

Le SPX a cassé 4325 points en tout début de semaine, il clôture hier à 4369 pts et voit sa prochaine résistance d’importance se situer dans la zone 4500 – 4505 points. La volatilité recule de 2,7%, le VIX se pose à 14,61, est-il besoin de préciser qu’on se trouve en territoire extrêmement bas? Ce qui est chouette, c’est que dans ces niveaux, les coûts de protection d’une exposition aux actions redeviennent tout à fait abordables, une façon simple et efficace de se prémunir contre un repli soudain des indices, que l’on peut financer en utilisant une infime partie des profits non réalisés récents, je dis ça… Et puis ces vagues de hausses vertigineuses peuvent durer un temps certain, au mépris de toute logique ou rationalité alors pourquoi ne pas surfer cette jolie vague de printemps, mais en portant un gilet s’il-vous plaît… On revient à Wall Street, où le sentiment des investisseurs institutionnels (smart money) s’enfonce profondément en territoire extrêmement pessimiste, tandis que celui des petits porteurs (dumb money) atteint lui un niveau d’exaltation rare, là encore une bonne raison d’envisager une protection.

La hausse d’hier est aussi alimentée par la banque centrale chinoise, la PBoC qui abaisse de manière inattendue son taux de prise en pension à sept jours et réduit ensuite ses taux clés. L’agence Bloomberg explique de son côté comment la Chine envisage un vaste ensemble de mesures de relance pour soutenir des secteurs tels que l’immobilier et la demande intérieure.

Au chapitre des secteurs, hier le podium du SPX se compose des materials, des industrielles et de la consommation discrétionnaire. Les bons du Trésor US reculent quelque peu, le 2 ans rend 4,65% ce matin, le 10 ans évolue à 3,80%. Le lancement d’une émission à 30 ans est digéré sans aucun problème par le marché, le dollar recule, la paire EUR/USD traite à 1,0791, l’or fait de même, l’once revient à 1948 dollars et le pétrole tente un rebond, le baril de WTI Light Crude remonte à 69,48 dollars.

L'enquête de Bank of America auprès des gestionnaires de fonds en juin indique que le «pain trade» pour les actifs à risque reste à la hausse, même si les niveaux de liquidités sont à leur plus bas niveau depuis 19 mois. Les investisseurs continuent de sous-pondérer les actions, réduisant leur allocation à son plus bas niveau depuis cinq mois (bien que de nombreuses sociétés aient récemment signalé une reprise du positionnement de la part des investisseurs systématiques et discrétionnaires), tandis qu'ils réduisent les matières premières à leur plus bas niveau depuis trois ans. Ils ajoutent que les attentes en matière de croissance restent déprimées, 62% d'entre eux s'attendant à une économie forte. Toutefois, 64% des répondants s'attendent à un atterrissage en douceur de l'économie mondiale, contre 26% dans le camp de l'atterrissage brutal. En outre, les attentes en matière d'inflation sont tombées à leur plus bas niveau depuis 28 ans. Il n'est pas surprenant que les grandes entreprises technologiques soient restées les plus «crowded trade», tandis que les soins de santé, les banques et les valeurs de croissance ont bénéficié de rotations. Le risque le plus important est lié à la pression inflationniste persistante qui pousse les banques centrales à la prudence, suivie par le resserrement du crédit bancaire et la récession mondiale. La bulle de l'intelligence artificielle et de la technologie arrive en cinquième position, avec un peu moins de 10%.

Vladimir Poutine reconnait que les forces russes en Ukraine manquent d'armes avancées suffisantes malgré le triplement de la production d'armes. Ce rare aveu public des lacunes de production intervient alors que les forces de Kiev ont lancé une contre-offensive. M. Poutine indique par ailleurs que la Russie a perdu 54 chars depuis le début de l'offensive ukrainienne la semaine dernière, ce qui est la première fois que le Kremlin admet un revers d'une telle ampleur.

La BCE est sur le point de tester la résistance du secteur bancaire en obligeant les prêteurs à rembourser des prêts bon marché datant de la pandémie – en une seule fois. Si les quelque 4’000 milliards d'euros de liquidités excédentaires qui circulent dans le système financier devraient limiter l'impact global, les entreprises et les pays pourraient être mis à rude épreuve, selon les économistes. Les petits prêteurs italiens sont les plus préoccupés, les banques grecques n'étant pas loin derrière.

Donald Trump plaide non coupable des accusations de mauvaise manipulation de documents classifiés et d'obstruction à la justice lorsque le gouvernement a cherché à les récupérer. L'acte d'accusation fédéral – une première pour un ancien président – comprend des chefs d'accusation passibles de peines maximales de 20 ans. L'affaire est désormais transférée de Miami à West Palm Beach. M. Trump exhorte les procureurs à abandonner les poursuites et insiste sur son innocence.

Au menu macro-économique du jour, la décision de politique monétaire américaine tombera à 20h00. Auparavant, la production industrielle européenne (11h00) et les prix à la production américains (14h30) animeront la séance.

Accenture va investir 3 milliards de dollars pour se renforcer dans l'intelligence artificielle. Le CEO de Logitech, Bracken Darrell démissionne avec effet immédiat. Un juge bloque temporairement le rachat d'Activision par Microsoft. Unilever prolonge son contrat d'approvisionnement avec Barry Callebaut. Ford investira 660 millions de dollars pour produire son nouveau modèle Ranger en Argentine. Shell augmente son dividende de 15% et annonce un programme de rachat d’actions propres d’au moins 5 milliards de dollars pour le second semestre.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse, hormis Tokyo qui progresse de 1,47% à la cloche. Hong Kong perd 0,82%, Shanghai recule de 0,13% et Séoul abandonne 0,72%. Le future SPX est à l’équilibre et l’Europe ouvre en léger repli. C’est donc jour de Fed ce mercredi, personne ou presque n’attend que la Réserve Fédérale des Etats-Unis ne se risque à relever ses taux de 25 points de base supplémentaires ce soir, en revanche le marché des Fed Funds ne ferme pas la porte à un tel mouvement lors de la réunion du 26 juillet (62% de probabilités en l’état). On peut raisonnablement s’attendre à ce que Jerome Powell parle d’une pause dans le cycle haussier, pourquoi donc griller une cartouche inutilement et annoncer des baisses à venir? La Fed a besoin de temps pour évaluer les conséquences de ses actes sur l’économie réelle, le marché semble prêt à l’entendre, la réponse à 20h - 20h30 ce soir.

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