Gonet: l'actualité des marchés au 18 juin

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

4 minutes de lecture

Nasdaq +0,87%, Dow -0,62%, SPX -0,04%, Russell -1,2%, SOX +0,96%, Eurostoxx +0,15%, SMI +0,24%.

Wall Street est en train de perdre son latin. La bourse américaine fait de plus en plus penser à Bill Murray, s’ennuyant au bar d’un hôtel 5 étoiles tokyoïte dans le film «Lost in translation». La première constatation que l’on peut s’autoriser à faire, c’est que la première séance de bourse post FOMC n’a pas accouché d’une correction des indices. C’est une bonne nouvelle et il est beaucoup trop tôt pour transformer cette constatation en conclusion. En observant le comportement des différents secteurs hier, on remarque que les annonces de la Fed ont incité les investisseurs à revenir dans les grosses capitalisations technologiques, les semi-conducteurs et aussi des valeurs ignorées depuis quelques temps, au motif de leur cherté. On remarque également des prises de profits dans les secteurs vedettes de ce début d’année, les bancaires notamment, les pétrolières aussi. Aparté: Est-ce normal de voir de tels mouvements alors que les taux sont théoriquement voués à grimper? Fin de l’aparté. Au vu de ce qui se passe dans les différents secteurs hier, on peut se demander, de façon beaucoup trop hâtive certes, si le thème des actions dites de valeur et cycliques, au détriment des titres de croissance/momentum, n’est pas en train de s’essouffler. Raison garder il faut et du recul prendre il serait bon, mais gardons tout de même un œil là-dessus.

L’indice Nasdaq100 (NDX) atteint un nouveau record historique à la cloche, alors que le Russell2000 (RTY) se retrouve en baisse de 2% à un point de la journée, pour limiter la casse en fin de séance. Les actions de matières premières sont littéralement détruites, avec les compliments du dollar, qui s’offre une deuxième jeunesse en repartant agressivement vers le haut. Le Dollar Index (DXY) traite à 91,92 ce matin, la paire eur/usd à 1,1903. On assiste à une dislocation rare entre les valeurs de croissance/momentum et celles liées à l’inflation et aux matières premières. Les volumes d’échanges décollent avec 11,75 milliards de titres traités sur le NYSE. La volatilité recule très légèrement, le VIX traite à 17,75. On s’active dans le marché des options avec notamment une transaction qui a grand peine à passer inaperçue, une stratégie de protection sur le S&P500 (SPX), d’une durée d’un peu plus d’un mois et pour un montant notionnel de 2,1 milliards de dollars, la prime payée se montant à 7,6 millions de dollars. Ça c’est plutôt une bonne nouvelle, on commence à se protéger à nouveau dans le segment des actions.

Parce que si vous regardez du côté du marché obligataire, le grand frère supposément rationnel et mesuré, c’est en train de se transformer en fête à la saucisse. Un constat tout d’abord: les investisseurs sont assis sur le plus grand marché d'obligations dites junk (pourries) de l'histoire de l'Europe. Les couvertures sur l'indice Markit iTraxx Crossover ont été neutralisées après que les investisseurs ont débouclé 1,8 milliard de dollars d'assurance CDS (Credit Default Swap) la semaine dernière. Cela indique le positionnement le plus haussier – et le plus exposé – depuis un an. À méditer… et si l’on observe ce qui se passe dans le marché obligataire américain hier, cela laisse songeur. Les mouvements sur la courbe des taux (2-10 ans, 3-5 ans, 2-5 ans) oscillent entre 5 à 7% sur la séance! Je ne me souviens pas la dernière fois où j’ai vu le bond market dans cet état. Et please ne me servez pas les statistiques économiques décevantes (demandes hebdomadaires d’allocations chômage) comme raison à cette tempête. Le rendement de l’emprunt US à 10 ans ne fait guère mieux, qui atteint 1,59% juste après la Fed mercredi soir, revient à 1,47% hier matin pour se situer à 1,51% ce matin. Je rappelle ici que la Fed est supposément devenue plus hawkish (faucon)…et que dire de l’indice US Breakeven à 10 ans? Qui baisse! Cet indice nous montre donc les attentes d’inflation dans le marché.

On revient brièvement au marché des actions pour mentionner le CAC40 qui termine sa séance d’hier, hasard ou défi d'opérateurs de marché, à 6666 points. Bigre! En mars 2009, le SPX avait rebondi après avoir touché le niveau de 666 points…bon, c’est une anecdote nous sommes bien d’accord.

Le Royaume-Uni enregistre le plus grand nombre de cas en une journée depuis la mi-février, la variante du delta n'ayant peut-être pas encore atteint son pic. Le Pays de Galles suspend l'assouplissement des restrictions pendant quatre semaines. Les Jeux olympiques de Tokyo seront limités à 10’000 spectateurs, selon Yomiuri. Les États-Unis enregistrent le plus grand nombre de vaccinations depuis presque un mois. Le métro de New York connait le plus fort taux de fréquentation depuis l'épidémie.

La Banque du Japon maintient sa politique et annonce qu'elle prolongera son programme de soutien Covid jusqu'en mars. La banque centrale du Japon s'engage par ailleurs à lancer une nouvelle facilité de financement pour aider à lutter contre le changement climatique. Un peu plus tôt dans la journée, les décideurs politiques reçoivent de bonnes nouvelles avec des données montrant que l'évolution des prix a été meilleure que prévu en mai. L’indice des prix à la consommation de base est devenu positif à 0,1%, inversant ainsi neuf mois de baisse.

Coucou qui revoilà? Le Leader nord-coréen Kim Jong-un déclare que la Corée du Nord doit «se préparer autant au dialogue qu’à la confrontation, en particulier d’être pleinement préparée à la confrontation» avec les États-Unis, rapporte l’agence Reuters. C’est la première fois que Kim fait «un commentaire direct» à l’adresse des États-Unis depuis l’arrivée au pouvoir de Joe Biden, précise l’agence. Le nouvel émissaire des États-Unis pour la Corée du Nord, Sung Kim, doit arriver en Corée du Sud en fin de semaine, pour sa première visite depuis sa nomination.

Les ventes de détail britanniques et les prix à la production allemands de mai (nettement plus faibles qu’attendu pour les premières et au-dessus des attentes pour les seconds) sont accompagnés des données trimestrielles sur les salaires en France (8h45). Aucun indicateur n'est attendu aux Etats-Unis.

Alstom: Citigroup passe de neutre à achat en visant 55 euros. Diageo: J.P. Morgan passe de souspondérer à neutre en visant 3500 GBp. EasyJet: HSBC passe de conserver à acheter en visant 1200 GBp. Elis: Deutsche Bank passe de conserver à acheter en visant 18,81 euros. Meyer Burger: Research Partners passe de vendre à conserver. Ryanair: HSBC passe de conserver à acheter en visant 19 euros. Nippon Steel vend la moitié de ses parts dans Acerinox. Boeing va faire voler aujourd'hui pour la première fois la plus grande version de son B737MAX. Bigre! JPMorgan Chase rachète la fintech Nutmeg pour ses «robots-conseillers». Bobst relève ses objectifs. Biel, un fournisseur d'Apple, lorgne une IPO à Hong Kong pour environ 2 milliards de dollars de valorisation, selon Bloomberg.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent globalement en hausse, à l’exception de Tokyo qui recule de 0,19% à la cloche. Hong Kong progresse de 0,74%, Shanghai de 0,12% et Séoul s’adjuge 0,27%. Le future SPX traite en très légère hausse et l’Europe est indiquée en très légère baisse à l’ouverture de 9 heures. Le marché est perturbé par la Fed, c’est un fait, il faudra probablement du temps avant d’y voir plus clair, ce d’autant plus que ce vendredi coïncide avec l’échéance mensuelle des options et futures, source de volatilité. Et puis il y a l’or, qui s’est pris un véritable uppercut de la part du dollar et sa force retrouvée. Le métal jaune traite à 1784 dollars l’once ce matin, il faut regarder 1795 dollars, sa moyenne mobile à 100 jours, que l’once doit récupérer pour espérer rebondir.

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