Le joyeux royaume des action est parfois taquin. Si l’on jette un œil distrait aux clôtures des principaux indices de Wall Street hier soir, on se dit que la tech marque le pas, qu’une pause dans la hausse s’impose. En revanche si l’on gratte un peu la surface de cette séance de trading, on remarque que le breadth (le nombre de titres clôturant en hausse comparé à ceux en baisse) est positif sur le SPX (3 – 1) mais aussi sur le Nasdaq (4 - 3). Cela nous indique que le plus grand nombre progresse hier sur ces indices, ajoutez à cela l’indice S&P500 équipondéré (SPW) qui avance de 0,89% contre +0,41% pour le SPX et vous comprenez que l’armée monte sur la colline hier, elle croise ce faisant quelques-uns des généraux, Meta et Amazon entre autres, qui redescendent en plaine mais, dans l’ensemble, le comportement du marché hier semble encourageant si l’on se place d’un point de vue de taureau.
On savait que cela allait arriver tôt ou tard, le marché commence à repenser à la Fed, le grand blond semble en phase de se calmer un chouia, or hier le patron de la Réserve Fédérale donne un discours plutôt intéressant. Jerome Powell s’abstient d’aborder le court terme frontalement, en revanche il surprend quelque peu en expliquant que la banque centrale des Etats-Unis opère actuellement une réflexion sur la trame qui forge les décisions du FOMC, principalement sur son approche de l’inflation et de l’emploi. Cela reste extrêmement vague mais ce faisant le premier banquier du monde fait montre d’ouverture d’esprit et s’éloigne d’une posture dogmatique dans la quelle le grand blond aurait pu le pousser, tellement il insiste que la Réserve Fédérale baisse ses taux. Le marché apprécie et achète à nouveau des obligations du Trésor US, ce matin le rendement du 10 ans est de retour à 4,40% et cela relève de tout sauf de l’anecdote, hier après-midi il flirtait sérieusement avec la zone de danger, qui démarre à 4,50%. On comprend mieux de ce fait que le podium du jour du SPX se compose notamment des valeurs de l’immobilier.
Jerome Powell n’est pas le seul à alimenter le moulin à pensées du marché, un déluge de statistiques macro-économiques s’abat sur les Etats-Unis hier, qui présente des résultats contrastés mais permet surtout au marché obligataire de se détendre enfin un peu. Les ventes au détail d’avril sont légèrement inférieures aux attentes, même si les chiffres de mars sont révisés à la hausse. L’indice PPI de base (prix à la production hors éléments volatils) recule de 0,4% en avril, à l’encontre des prévisions qui tablaient sur une hausse de 0,3%. Le rapport explique que la baisse vient principalement des marges sur les services commerciaux en demande finale, en particulier dans la distribution de machines et de véhicules, tandis que les prix des biens restent stables après le recul du mois dernier. Les nouvelles demandes d’allocations chômage sont légèrement meilleures que prévu, mais les demandes continues sont plus élevées qu’attendu (avec toutefois une révision à la baisse pour la semaine précédente). L’indice Empire State de mai déçoit, tandis que celui de la Fed de Philadelphie est moins négatif qu’attendu. La production industrielle d’avril reste stable, alors qu’on attendait une légère hausse. L’indice NAHB du marché immobilier chute de façon inattendue à son plus bas niveau depuis novembre dernier.
Léger repli du NDX hier donc, mais sa performance récente de +29% depuis son bas en séance du 7 avril l’excuse aisément. Et puis le marché semble plutôt solide sur ses jambes en l’état, le SPX, le NDX et même papy Dow Jones traitent tous au-dessus de leur moyenne mobile à 200 jours, tandis que les intervenants sourcillent à peine aux propos du CEO de Walmart Doug McMillon, qui avertit que « Nous sommes bien placés pour gérer ces pressions tarifaires aussi bien, voire mieux que quiconque, mais même à des niveaux réduits, des droits de douane plus élevés entraîneront une hausse des prix. »
Sur le plan géopolitique, le tapage autour des pourparlers entre la Russie et l’Ukraine en Turquie ressemble fort à une fausse alerte. Cela se confirme d’autant plus que Donald Trump, après avoir suggéré aux parties concernées de se débrouiller seules, a fait un retour inattendu en affirmant qu’aucune issue ne serait possible sans une rencontre avec Vladimir Poutine.
Au menu macro-économique du jour, la balance commerciale en zone euro, suivie aux Etats-Unis des permis de construire et du sentiment des consommateurs de l'Université du Michigan.
Richemont affiche une petite croissance annuelle de 4%, le titre commence par perdre 3% dans les échanges avant bourse, puis Johann Rupert déclare qu’il pense que «la Chine finira par revenir», et l’action de passer de -3% à +4%, go figure…Bayer cherche un accord sur le Roundup et envisage la faillite de Monsanto, selon le WSJ. Trump s'en prend à Apple au sujet de son projet d'expédier des iPhones américains depuis l'Inde. Walmart prévoit d'augmenter ses prix en raison des droits de douane. Berkshire double sa participation dans Constellation Brands et vend Citigroup et d'autres titres financiers. Elliott dissout sa participation dans Nvidia, réduit celle dans Southwest Airlines et augmente celle dans Phillips 66. Nvidia prévoit d'ouvrir un centre de recherche à Shanghai, selon le Financial Times. Meta demande au juge de statuer que la FTC n'a pas prouvé l'existence d'un monopole. Le géant automobile chinois BYD va ouvrir un centre européen en Hongrie.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse, hormis Séoul qui grappille 0,21%. Tokyo termine sa séance pile à l’équilibre, Hong Kong recule de 0,5%, Shanghai perd 0,4% et le Nifty50 égare 0,25%. Le future SPX traite autour de l’équilibre et l’Europe ouvre en légère progression de 0,2%.
Le dollar s’est stabilisé face à l’euro, la paire évolue ce matin à 1,1213, l’or recule à 3206 dollars l’once et le pétrole traite à 61,58 dollars le baril de WTI Light Crude.
En Espagne, la nouvelle vient de tomber, on apprend que Felipe VI a décidé de déménager le Palais de la Zarzuela sur la colline de Montjuïc. Le Roi aurait déclaré en privé: «il est temps de passer du côté éclairé de la force».