Gonet: l'actualité des marchés au 11 octobre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,32%, S&P 500 -0,75%, Nasdaq -1,02%, Russell 2000 -0,60%, SOX -3,45%, Eurostoxx -0,55%, SMI -0,45%.

Ce n’est pas une ambiance carnavalesque qui anime Wall Street ces jours, loin de là. Le sentiment des petits porteurs est au plus bas de tous les temps (un indicateur à lire bien souvent à l’envers), la prise de risque globale aussi, la volatilité n’est pas élevée que sur le marché des actions mais aussi dans le marché obligataire, des monnaies, des métaux et du pétrole. On n’avait quasiment jamais vu ça, il faut dire que l’on n’avait jamais eu droit à une telle abondance de liquidités sur une si longue période non plus.

Cela n’étonne donc personne que le marché débute sa semaine sur une nouvelle fausse note. Le rapport américain sur l’emploi est encore chaud, il a déçu en bien vendredi, donc en mal pour le marché, place à l’indice des prix à la consommation qui sera publié ce jeudi. En parallèle, la saison des résultats de sociétés pour le troisième trimestre débute, elle revêt une importance majeure, le marché a besoin de se faire une idée précise de comment vont les entreprises. La numéro 2 de la Fed Lael Brainard déclare que les précédentes hausses de la Fed sont encore en train de se frayer un chemin dans l'économie, dans un contexte de forte incertitude mondiale et financière. Elle est favorable à une progression «délibérée et dépendante des données», tout en ajoutant que la politique restera restrictive pendant un certain temps. Les plus optimistes pensent déceler l’esquisse de l’ombre du soupçon d’un ton accommodant dans ses propos, mais cela ne dure qu’un court moment et la pression vendeuse refait surface, dans des volumes d’échanges anémiques, jours férié oblige (c’est Columbus Day hier aux Etats-Unis), 9 milliards de titres sont traités sur le NYSE. La volatilité gagne un peu de terrain, le VIX avance de 3,5% à 32,45, la résistance de 35 n’est plus très loin et le fait que le VIX monte mais lentement indique probablement le début d’une certaine fatigue dans la dynamique de vente. Notons en parallèle que le marché est devenu plus faucon que la Fed elle-même, il prévoit désormais des taux directeurs supérieurs aux prévisions de la Réserve Fédérale, cela a pris du temps au plus grand nombre d’accepter que le robinet des liquidités se referme progressivement, il semble que ce soit désormais le cas.

Techniquement l’indice S&P500 (SPX) s’approche de son support de 3600 points (3612 à la cloche), il le teste en séance mais parvient à le défendre, un bon point pour lui. On regarde toujours 3500 – 3525 points comme support principal. Le SPX a réalisé un «lower low» le 30 septembre, il a clôturé plus bas que son bas du 17 juin, cela ne constitue pas un bon signe, un plancher ne semble pas en place. Ceci dit, regardez l’indice Russell200 (RTY), des 2000 plus petites capitalisations du marché américain, lui est parvenu à poster un «higher low» le 27 septembre, ça c’est du positif. On peut donc dire que l’armée se porte mieux que les généraux, de là à les entrainer sur la colline il y a encore un pas à franchir. Le RTY est bien seul face au SPX, mais aussi aux semi-conducteurs (SOX), aux transports (TRAN) et au Nasdaq100 (NDX).

Au chapitre des secteurs, on observe des prises de profits dans l’énergie, la technologie souffre également, tout comme les REITs. Les semi-conducteurs souffrent passablement des mesures de rétorsion prises par Joe Biden à l’encontre des firmes technologiques chinoises. Ces mesures consistent en des restrictions à l'exportation de certains types de puces utilisées dans l'intelligence artificielle et les superordinateurs, ainsi qu'en des règles plus strictes concernant la vente d'équipements à semi-conducteurs à toute entreprise chinoise.

Le marché obligataire américain reste fermé hier, le rendement du 10 ans nous avait laissé à 3,88% vendredi, ce matin il bondit à 3,97%, le top de 4,01% est en vue. Au Royaume-Uni, le marché obligataire s’embrase à nouveau hier, en dépit des efforts de la Banque d’Angleterre pour le soutenir. Le rendement du 10 ans Gilt atteint 4,46%, point de comparaison ce matin la dette italienne paie 4,70%. La livre est également sous pression, qui évoluait encore à 1,1495 contre le billet vert il y a quelques séances. Ce matin le Câble traite à 1,1032, 1,0600 – 1,0500 here we come? Ce qui est certain, c’est que le marché estime que la Banque d’Angleterre n’en fait pas assez pour corriger les erreurs de Liz Truss. Et quand le marché repère une proie, on sait ce qui se produit, voyez Credit Suisse, qui se porte légèrement mieux en bourse mais dont le CDS (Credit Default Swap) reste très élevé, ce matin à 321 points de base.

Au registre des monnaies, le dollar retrouve des couleurs, les intervenants cherchent un refuge. La paire EUR/USD traite ce matin à 0,9704, le yen semble perdu dans la traduction, il faiblit encore, à 145,59 contre le billet vert. Le greenback a même  l’outrecuidance de tutoyer le franc suisse ce matin, quelle impudence…corolaire, le pétrole marque une pause, le baril de WTI Light Crude revient à 90,09 dollars. Quant à l’or, l’once reste faible, elle évolue ce matin à 1665 dollars.

Joe Biden promet un soutien accru à l'Ukraine, notamment des systèmes avancés de défense aérienne. Le directeur de l'agence britannique de renseignement, de cyber-sécurité et de sécurité dira aujourd'hui que les commandants russes en Ukraine sont conscients que leurs munitions et leurs fournitures sont en train de s'épuiser, selon des remarques préparées. Les entreprises russes exclues des capitales financières occidentales explorent Hong Kong comme une alternative pour lever des capitaux.

On revient au Royaume-Désuni où Kwasi Kwarteng doit trouver des économies d'au moins 60 milliards de livres sterling pour stabiliser les finances publiques et rétablir la confiance du marché avant de présenter son plan budgétaire le 31 octobre, selon l'IFS.

Le nouveau prix Nobel Ben Bernanke exhorte les responsables politiques à surveiller l'aggravation des conditions financières mondiales (rhoooo le taquin, il devrait tenter une carrière dans le stand-up, faut-il lui rappeler qui a grandement participé à faire gonfler le bilan de la Fed dans des proportions gargantuesques?).

Il n'y aura pas d'indicateur macroéconomique majeur aujourd'hui. Quelques discours de banquiers centraux sont en vue, mais plutôt en soirée.

L’info du jour, c’est peut-être que la Chine envisagerait d'interdire aux fonctionnaires de boire de l'alcool pendant et après le travail, pour accroître leur productivité. Une annonce non-confirmée qui, en parallèle de chiffres touristiques plutôt médiocres durant la "Golden Week" chinoise, a fait baisser Pernod Ricard, Rémy Cointreau et ses pairs en bourse hier. On devrait demander à Pékin de réguler le secteur de la chasse en France…

Givaudan confirme ses prévisions annuelles malgré une croissance organique un peu faible. Le vaccin nasal COVID-19 d'AstraZeneca ne déclenche pas de forte réponse immunitaire dans l'étude de phase I. Leonteq chute après des soupçons d'aide au blanchiment d'argent révélées par le Financial Times.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en repli, hormis Shanghai qui progresse de 0,20%. Tokyo rend 2,64% à la cloche, Hong Kong perd 1,78% et Séoul baisse de 1,83%. Le future SPX glisse de 35 points tandis que l’Europe ouvre en baisse de 0,80%.

Bonne journée à toutes et tous, à Cologny il fait grand beau c’est déjà ça.

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