Gonet: l'actualité des marchés au 7 octobre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -1,15%, S&P 500 -1,03%, Nasdaq -0,76%, Russell 2000 -0,58%, SOX -0,59%, Eurostoxx -0,41%, SMI -0,83%.

La semaine boursière qui s’achève a débuté sur deux séances de fiestas de type «Ibiza». Les deux suivantes ont été consacrées à de forts jolies gueules de bois, le marché étant probablement en train de se demander s’il ne s’est pas quelque peu laissé emporter dans l’attente d’un prochain changement de politique monétaire de la Fed (confère: théorie sur Dory). Ajoutez à cela l’imminence de la publication du rapport mensuel sur l’emploi aux Etats-Unis (cet après-midi à 14h30) et surtout une brochette de discours faucons de membres de la Réserve Fédérale et vous obtenez un marché qui se remet à douter. Il faut dire que la Fed ne fait pas les choses à moitié hier, probablement contrariée par les fortes hausses de lundi et mardi. Pas moins de 6 de ses membres s’expriment et semblent parler d’une seule et même voix. Le président de la Fed d’Atlanta, Raphael  Bostic (vote au FOMC en 2024) déclare que la lutte contre l’inflation n’en est qu’à ses débuts tandis que le président de la Fed de Minneapolis Neel Kashkari (vote au FOMC en 2023) indique qu’il n’est pas à l’aise pour faire une pause tant qu’il n’y aura pas de preuves d’un refroidissement de l’inflation. Dans son premier discours en tant que gouverneure de la Fed, Lisa Cook affirme qu’une inflation élevée nécessitera probablement «des hausses de taux continues et le maintien d’une politique restrictive pendant un certain temps». Loretta Mester n’a vu aucune preuve qui justifierait un ralentissement du rythme du resserrement, Christopher Waller fait écho à ce sentiment. Le taux de référence se situera probablement autour de 4,5% à 4,75% au printemps, déclare Charles Evans.

Imaginez-vous 6 faucons qui foncent dans votre direction… On peut presque se dire que le sentiment de ce marché est finalement solide au vu du repli plutôt mesuré des indices et des fortes hausses de lundi et mardi. Le ton est donné par le marché obligataire, le rendement du 2 ans US traitait à 4,14%, ce matin il évolue à 4,26%. Le 10 ans évoluait à 3,74%, il remonte à 3,84%. La volatilité en profite, le VIX décolle de 6,9% et clôture à 30,52, le dollar retrouve des couleurs, la paire EUR/USD traite ce matin à 0,9778. Le breadth indique une victoire des titres en baisse face à ceux en hausse à raison de 2 contre 1 sur le NYSE, alors que les volumes d’échanges reculent encore. Au chapitre des secteurs, seule l’énergie parvient à terminer sa séance dans le vert, dopée par l’annonce de l’OPEP+ qui va réduire sa production à raison de 2 millions de baril par jour dès le mois de novembre, le WTI Light Crude remonte à 88,21 dollars le baril. Tous les autres secteurs reculent hier, avec un podium des perdants fait des utilities, des biens de consommation de base et des REITs.

Techniquement l’indice S&P500 (SPX) se situe un peu au milieu de nulle part, il n’est plus survendu et voit sa prochaine résistance à 3800 points alors que son principal support se situe à 3600 points, clôture hier à 3744 points. Si l’on gratte un peu la surface de son graphique, on observe un support nettement plus solide à 3505, il s’agit du retracement Fibonnacci de 50% de la hausse de 2191 (bas du covid le 23 mars 2020) à 4818 points (4 janvier 2022). Côté résistance, 3815 correspond à 38,2% de retracement du même mouvement. Ensuite il faut regarder 4195, la moyenne mobile à 200 jours qui avait si bien fonctionné le 16 août. Au-delà de l’analyse technique, les indicateurs internes de marché montrent que le niveau de risque actuellement pris dans le marché est historiquement très bas, il se situe en-dessous de son plus bas de la grande crise financière de 2008, en-dessous de la crise de la dette souveraine de 2011 et en-dessous de la crise du covid. Cela illustre simplement que les investisseurs restent particulièrement anxieux et qu’ils vendent tout et n’importe quoi, sans discernement, c’est pour cela que les corrélations entre les actifs ont tendance à augmenter durant les périodes telles que celle que nous traversons. Cette statistique n’existe que depuis 2004, trois occurrences ont précédé l’actuelle depuis, qui montrent que les actions se comportent bien dans les 12 mois qui suivent, ceci dit il faut prendre cela avec beaucoup de pincettes, trois occurrences c’est vraiment très peu.

Ça plane pour lui… Joe Biden accorde le pardon fédéral à toutes les personnes condamnées pour simple possession de marijuana. «Personne ne devrait être en prison juste pour avoir utilisé ou possédé de la marijuana», précise-t-il sur Twitter. Il n’en faut pas plus aux actions du secteur pour se mettre en orbite, dans l’espoir d’une libération accrue de leur activité. L’ETF Roundhill Cannabis (symbole : WEED) décolle de 38,8%.

On redescend sur terre avec deux avertissements sur bénéfices à venir de sociétés et pas des moindres. Advanced Micro Devices (AMD) avertit que ses ventes du troisième trimestre sont en-dessous des attentes, l’action recule de 3,9% dans les échanges après-bourse. En parallèle, Samsung Electronics fait aussi état de résultats qui n’atteindront pas les estimations sur la période. Ce ne sont là pas de bonnes nouvelles ni de bons signaux pour cette industrie considérée comme un indicateur avancé de l’activité économique, à moins que le marché, ce petit retord, ne se dise que la Fed pourrait en tenir compte, espoir quand tu nous tiens…

Les données du marché du travail américain d’aujourd’hui devraient souligner la nécessité d’un nouveau resserrement de la politique monétaire. Le consensus prévoit un gain de 255’000 emplois en septembre, tandis que le dernier chiffre chuchoté (whisper number) est passé à 265’000, ce qui indique un ralentissement par rapport aux 315000 d’août, mais reste élevé. La croissance du salaire horaire moyen pourrait continuer à décélérer, selon Bloomberg Economics.

Les États-Unis tentent de trouver une «porte de sortie» pour Vladimir Poutine car ils estiment que ses menaces d’utiliser des armes nucléaires tactiques sont réelles et pourraient conduire à «l’Armageddon», déclare Joe Biden. Kiev clarifie les propos de Volodymyr Zelenskiy après que Moscou a accusé le président ukrainien d’appeler à une attaque nucléaire contre la Russie, affirmant que son commentaire sur la «frappe» faisait référence aux sanctions. Deux Russes se réfugient aux États-Unis après avoir fui en Alaska pour éviter la conscription militaire.

Après la production industrielle allemande d’août (qui manque assez nettement les attentes), le marché se tournera vers les chiffres de l’emploi aux Etats-Unis (14h30).

La justice américaine suspend les audiences sur le contentieux Twitter jusqu’au 28 octobre. Crédit Suisse rachète 3 milliards de francs de dette. Targa Resources devrait remplacer Nielsen Holdings dans le S&P500. Tesla va livrer à PepsiCo le 1er décembre prochain son premier semi-remorque électrique.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse. Tokyo abandonne 0,71% à la cloche, Hong Kong se replie de 1,28%, Shanghai est toujours fermée et Séoul perd 0,22%. Le future SPX recule de 20 points et l’Europe ouvre en repli de 0,75%. Tout le monde sur le pont à 14h30 pour le rapport sur l’emploi américain, qui jouera sans conteste le rôle d’arbitre de cette semaine boursière.

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