Gonet: l'actualité des marchés au 6 octobre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,14%, S&P 500 -0,19%, Nasdaq -0,08%, Russell 2000 -0,74%, SOX +0,94%, Eurostoxx -1,05%, SMI -1,07%.

Jean-Pierre Gaillard, commentateur à la bourse de Paris, disposait de sa propre marionnette aux guignols de l’info. C’était la période de la bulle dot.com, JPG nous abreuvait quotidiennement de commentaires enflammés, toujours haussiers, à côté Jim Cramer c’est du Rivella bleu… Je me souviens d’un lendemain de hausse (durant la bulle dot.com ça montait tous les jours, qu’est-ce qu’on s’ennuyait…) où la marionnette de Jean-Pierre Gaillard nous informe que «le marché s’est enfermé aux cabinets avec le Figaro Magazine, et que ça va durer un moment, une grosse digestion s’impose». Et bien c’est exactement ce qui se passe à Wall Street hier…

Après deux séances pantagruéliques, le marché américain des actions consolide ses gains et les défend ma foi plutôt bien. Personne ne s’offusque de voir les indices reculer de 2% en début de séance, la digestion est en cours. Le rebond est initié par un gigantesque programme de dérivés, qui coïncide sans surprise avec l’abattement de la pression vendeuse sur les obligations américaines du  Trésor US, ce qui permet à leurs rendements de reculer à nouveau un peu. Aucune nouvelle majeure ne vient s’ajouter au contexte que nous connaissons, notons au passage que la Fed reste droite dans ses bottes, Raphael Bostic jette un froid sur l'idée que la Fed pourrait changer de politique l'année prochaine. Il souhaite porter le taux de référence entre 4% et 4,5% d'ici à la fin de l'année, puis le maintenir à ce niveau. «Je ne préconise pas un virage rapide vers l'accommodation», ajoute-t-il. «Au contraire». L’indice S&P500 (SPX) rencontre de la résistance à 3800 points, mais au final le repli du jour est limité à quelques points de base, autant dire que la séance d’hier peut être accordée (aux points) aux taureaux, les gains de lundi et mardi sont préservés.

Au chapitre des secteurs, le podium du jour du SPX se compose de l’énergie, de la technologie et de la santé. Tous les autres secteurs reculent sur la séance, à noter les géants de la tech qui se comportent bien, comme par exemple Apple, Nvidia ou encore Microsoft. Les semi-conducteurs passent une belle journée après que Morgan Stanley a désigné TSMC comme un de ses top picks. Les géants de l’énergie supportent aussi la cote (XOM +4%, OXY +2,37%, SLB +6,3%), l’OPEP+ est passée par là qui a réduit sa production plus agressivement que prévu, le baril de WTI Light Crude évolue ce matin à 87,61 dollars. Les volumes d’échanges faiblissent significativement avec seulement 9,49 milliards de titres traités à Wall Street. Quant à dame volatilité, elle recule un chouia, le VIX abandonne 1,8% à 28,55, une bonne illustration de la détente généralisée du sentiment de marché ces jours.

Le marché semble à nouveau capable d’auto-entretenir sa hausse, notamment grâce au leadership retrouvé des mastodontes de la cote, c’est à suivre de près.

Sur le front du marché obligataire, les participants tentent de se rebeller et de remettre en question le discours agressif de la Fed. Les propos sans équivoque de Monsieur Bostic hier semblent quelque peu glisser au-dessus des têtes, le marché a-t-il raison de réagir ainsi? Comme de coutume, l’avenir nous le dira, et le rapport américain sur l’emploi de demain revêt du coup encore plus d’importance, on assiste peut-être à du positionnement sur les marchés actions et obligataires dans cette optique. Le rendement du 2 ans US atteint 4,20% en séance hier, ce matin il est de retour à 4,14%, le 10 ans teste 3,80% et revient à 3,74%.

Les statistiques macro-économiques du jour montrent que l’activité commerciale du secteur non manufacturier est restée relativement stable en septembre. Bien qu'une lecture légèrement inférieure à celle d'août connaisse un certain ralentissement, le ralentissement du secteur le plus important de l'économie n'est pas suffisamment significatif pour alimenter la croyance que la Fed est sur le point de pivoter prochainement avec sa politique monétaire.

Un premier mois difficile pour le gouvernement de Liz Truss a vu au moins 300 milliards de livres sterling disparaître de la valeur combinée des marchés boursiers et obligataires du pays, après que la confiance des investisseurs se soit effondrée dans le brouhaha de la politique fiscale. Selon Liberum Capital, «les investisseurs considèrent que le Royaume-Uni n'est pas investissable tant qu'il y a un tel chaos gouvernemental». Selon l'IFS (Institute for Fiscal Studies), des millions de Britanniques supplémentaires vont passer dans des tranches d'imposition plus élevées au cours des trois prochaines années, ce qui coûtera deux fois plus cher que les réductions d'impôt sur le revenu des particuliers décidées par le gouvernement. «Donner d'une main et prendre de l'autre de cette manière est opaque et furtif», déclare Tom Wernham de l'institut. Entre-temps, Fitch réduit la perspective du Royaume-Uni à négative une semaine après que S&P ait fait de même, citant le «paquet fiscal important et non financé» de Liz Truss. Les marchés obligataires britanniques sont confrontés à un «bord de falaise» potentiel lorsque la BOE se retirera du marché à la fin de la semaine prochaine, car cela laissera les opérateurs sans le soutien d'un acheteur de dernier recours, déclare HSBC. Jusqu'à présent, la banque n'a utilisé qu'une fraction de son trésor de guerre de 100 milliards de livres sterling pour acheter directement des obligations, mais sa présence même en tant que filet de sécurité a ajouté de la stabilité.

Le principal responsable du secteur pétrolier de l'Arabie saoudite accuse le projet américain de plafonnement des prix des exportations russes d'être à l'origine de l'incertitude qui a poussé l'OPEP+ à procéder à sa plus importante réduction de production depuis deux ans. «Le manque de détails et le manque de clarté» sur la façon dont le plafonnement des prix sera mis en œuvre suggèrent que les deux mois à venir seront «une période d'incertitude», déclare le ministre de l'Énergie Abdulaziz bin Salman. La Maison Blanche accuse de son côté Riyad de s'aligner sur Moscou en matière de politique énergétique.

Cap sur l'emploi américain avec l'étude Challenger de septembre (13h30) et les données hebdomadaires de l'inscription au chômage (14h30).

Crédit Suisse: J.P. Morgan passe de souspondérer à neutre en visant 6 francs. Carrefour émet 500 millions d’euros d'obligations «vertes» 2028 à 4,125%. General Electric licencie 20% de ses effectifs dans le secteur de l'éolien terrestre aux Etats-Unis. Twitter et Elon Musk en pourparlers pour mettre fin au litige et permettre la clôture de la fusion. Holcim achète un groupe britannique de recyclage de matériaux.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse. Tokyo avance de 0,70% à la cloche, Hong Kong rend 0,27% et Séoul gagne 1,02%. Le future SPX progresse de 10 points et l’Europe ouvre en hausse d’un peu plus de 1%.

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