Gonet: l'actualité des marchés au 11 janvier

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

4 minutes de lecture

Dow -0,45%, S&P 500 -0,14%, Nasdaq +0,05%, Russell 2000 -0,40%, SOX +0,24%, Eurostoxx -1,54%, SMI -1,57%.

Wall Street réalise une remontée dont elle a le secret. Le processus en cours de normalisation de la politique monétaire de la Fed continue à perturber les intervenants, qui ont bien compris que des taux en hausse sont inévitables dans le contexte actuel d’un marché du travail tendu et d’une inflation en pleine forme. Ce que les investisseurs craignent comme la peste en revanche, c’est que les taux grimpent vite et, hier, on assiste précisément à une première partie de séance animée par un 10 ans US dont le rendement grimpe rapidement à 1,81%. C’est sans grande surprise que les acheteurs reviennent dans la course dès lors que le marché se convainc que le rendement du 10 ans a cessé de monter pour la journée, ce matin il est de retour à 1,75%. Aucune nouvelle marquante n’influence la séance de trading, au chapitre des secteurs, on assiste à un retour en grâce des titres de croissance au détriment des actions dites de valeur. Le secteur de la santé pète la forme, le podium du jour de l’indice S&P500 (SPX) étant complété par la technologie et les services de communication. Le marché achète aussi probablement la faiblesse hier car le Nasdaq Composite vient flirter avec son territoire de correction, il perd 9,5% depuis son plus haut de novembre vers 16h heures de Genève.

Faut-il du coup se dire que la fête aux ours est terminée? Well pas si vite, la volatilité reste à l’affut, hier le VIX nous fait une silver star et passe de 23,30 au plus haut de la séance à 19,40 à la cloche, ça dépote. Notons par ailleurs que 8 des 11 secteurs du SPX terminent la journée dans le rouge et que le breadth (l’écart entre les titres clôturant en hausse et ceux en baisse) reste fragile avec un petit 36% pour le SPX. Vous l’aurez deviné, la séance d’hier est sauvée par les mastodontes de la cote, qui font la pluie et le beau temps sur les indices tellement leur poids est devenu pantagruélique. Mais ne boudons tout de même pas notre plaisir d’un rebond en séance de 2,7% pour le Nasdaq Composite et de 2% pour le SPX, une fois de plus les indices européens se trouvent bien marris à l’heure du diner… Au registre de l’analyse technique, le SPX est bien défendu par sa moyenne mobile à 100 jours mais ne parvient pas à récupérer sa 50 jours à la cloche, à suivre aujourd’hui.

On se prépare à écouter Jerome Powell, qui s’adresse au Congrès aujourd’hui, en compagnie de son bras droit Laël Brainard. En fait on sait déjà en substance ce qu’il va dire, la Fed publie les remarques à l’avance, mais on ne sait jamais, écoutons-le tout de même. Selon l’agence Bloomberg, Monsieur Powell nous dira que la Fed empêchera l'inflation de s'installer durablement, mais que la croissance post-pandémique pourrait être différente des expansions précédentes. «La poursuite de nos objectifs devra tenir compte de ces différences». Bien qu'il bénéficie d'un soutien bipartisan pour un second mandat, les législateurs le presseront sur les pressions sur les prix, le calendrier des hausses de taux, les normes de fonds propres des banques et le changement climatique. Le marché attend par ailleurs de pied ferme la publication de l’indice des prix à la consommation aux Etats-Unis, qui aura lieu demain.

On revient au marché avec la pression vendeuse du début de séance d’hier qui pourrait être aussi en petite partie expliquée par l’apparent désintérêt du Sénateur Manchin à voter une quelconque loi qui ressemble au Build Back Better Act. Mais à court terme, ce qui compte aux yeux du marché c’est le rythme à venir des hausses de taux d’intérêts de la Fed. Goldman Sachs a déjà annoncé s’attendre à 4 hausses cette année (contre trois au marché). Hier c’est Jamie Dimon (CEO de JP Morgan) qui dame le pion à Goldman, une fois n’est pas coutume, en indiquant qu’il serait surpris avec «seulement 4 hausses en 2022». De son côté, Marko Kolanovic (stratège de JP Morgan) estime qu'il est temps de commencer à acheter la baisse du marché boursier américain. «Le repli des actifs à risque en réaction aux minutes de la Fed est sans doute exagéré», écrit Kolanovic dans une note. «Le resserrement de la politique est susceptible d'être graduel et à un rythme que les actifs à risque devraient être en mesure de supporter, et il se produit dans un environnement de forte reprise cyclique.»

Côté monnaies, c’est calme et chaud à la fois, le dollar se replie très légèrement contre un panier de monnaies (Dollar Index DXY à 95,84) tandis que la paire EUR/USD traite pile sur sa moyenne mobile à 50 jours, à 1,1340. Lisez: l’euro tente de casser à la hausse, contre de très nombreuses attentes mais c’est ainsi. Si la cassure se produit le prochain niveau technique se situe à 1,1516 (moyenne mobile à 100 jours). Notons au passage que cela profiterait à la bourse américaine, quoi de mieux qu’une bonne détente sur la monnaie pour stimuler les exportations? Le pétrole se maintient légèrement en-dessous des 80 dollars le baril de WTI Light Crude et l’or repasse légèrement au-dessus des 1800 dollars l’once.

Mario Draghi déclare qu’il est prioritaire de maintenir les écoles italiennes ouvertes, un nombre record d'écoles américaines ont annulé des cours ou sont passées à l'apprentissage virtuel depuis la semaine dernière, et Hong Kong va suspendre les cours en présentiel pour les écoles maternelles et primaires à partir de vendredi. JPMorgan ajuste ses stratégies de vaccination en fonction de la situation locale, tandis que Meta Platforms impose des rappels pour son personnel. Le président mexicain AMLO a Covid pour la deuxième fois en un an.

On ne se refait pas… Boris Johnson a assisté à un événement «apportez votre propre alcool» dans le jardin de Downing Street, moins d'une heure après qu'un ministre de premier plan ait averti les Britanniques que les rassemblements sociaux étaient interdits, selon le FT. L'événement, qui s'est déroulé le 20 mai 2020, a été organisé par le chef du bureau privé du Premier ministre, Martin Reynolds, et plus de 100 personnes ont été invitées. L'invitation de Reynolds invitait le personnel à «profiter au maximum du beau temps», selon ITV News.

Pas de soirée booze prévue chez Boris ce soir, ni d'indicateur macro-économique majeur aujourd'hui, mais l’audition de Jerome Powell par le Sénat, à 16h00 heure de Paris.

Adidas: RBC passe de performance sectorielle à surperformance. Capgemini: Jefferies reprend le suivi à l'achat en visant 270 euros. Lindt: Julius Baer passe d'acheter à conserver. Moncler: RBC passe de performance sectorielle à sousperformance en visant 61 euros. SAP: Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 142 à 154 euros. The Swatch Group: RBC passe de performance sectorielle à sousperformance en visant 275 francs. Holcim rachète le français PRB. En Chine, les ventes de Volkswagen reculent de 14% en 2021. Intel débauche le CFO de Micron. Les revenus 2021 de Sika en hausse de 17,3%. Abercrombie & Fitch voit ses ventes du quatrième trimestre augmenter de 4 à 6%, un peu moins que prévu.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse. Tokyo recule de 0,90% à  la cloche, Hong Kong abandonne 0,17%, Shanghai perd 0,73% et Séoul est à l’équilibre. Le future SPX est inchangé et l’Europe va récupérer une partie de son retard d’hier soir, en ouvrant en hausse de 0,6%.

A lire aussi...