Gonet: l'actualité des marchés au 10 janvier

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,01%, S&P 500 -0,41%, Nasdaq -0,96%, Russell 2000 -1,20%, SOX -2,88%, Eurostoxx -0,44%, SMI +0,04%.

Wall Street revient aux affaires par la petite porte. Le moins que l’on puisse dire est que la première semaine de l’année n’est pas folichonne. À tout loser tout honneur, commençons avec l’indice Nasdaq100 (NDX), qui abandonne 4,5% sur la semaine, échaudé par la rapide remontée des taux obligataires, le 10 ans US en tête, qui vient chatouiller le niveau de 1,80% vendredi après la publication du rapport mensuel sur l’emploi américain. Ce matin il est de retour à 1,76%. Le secteur technologique donc, dont les investisseurs se souviennent qu’il se compose principalement de sociétés de croissance, qui abhorrent des taux en hausse. On reparlera valorisations un peu plus bas, la saison des résultats de sociétés au 4ème trimestre débute cette semaine, on comprend aisément dans un tel contexte que les intervenants réduisent leur exposition à ce secteur. À ce propos, le podium du jour de l’indice S&P500 (SPX) se compose de l’énergie, des financières et des utilitaires. Le SPX démarre un peu moins mal que le NDX en ce début d’année, il recule de 1,9% sur la semaine, c’est son plus mauvais départ depuis 2016. Ceci dit rappelons ici qu’il y a encore quatre séance il traitait à son plus haut niveau de tous les temps, calmons-nous donc chers ours, l’année ne fait que débuter.

La courbe des taux US semble vouloir se pentifier, le 10 ans monte alors que le 2 ans recule de 2 points de base à 0,87%. Au chapitre des monnaies, le Dollar Index (DXY) relève la tête ce matin, après avoir pris cher vendredi suite au rapport sur l’emploi, qui indique que l’économie des Etats-Unis a créé 199'000 postes de travail en décembre, alors que les économistes prévoyaient 450'000 créations. Le taux de chômage passe sous la barre des 4% tandis que les salaires continuent à progresser. Il y a toujours plus de 10 millions de postes qui cherchent preneurs aux Etats-Unis. Le DXY traite légèrement en-dessous de 96 ce matin alors que la paire EUR/USD évolue à 1,1332, pile sur sa moyenne mobile à 50 jours, tentative d’échappée de l’euro en vue? A court terme pourquoi pas? Côté métaux c’est morne plaine, l’or se languit à 1793 dollars l’once et évolue pile sur sa moyenne mobile à 100 jours, qu’il vaudrait mieux ne pas casser… La volatilité semble encore en vacances, le VIX évolue légèrement en-dessous de 19 et est tout proche de tester sa moyenne mobile à  200 jours à la baisse.

Les dossiers à ce suivre en ce début d’année sont connus. On reparlera très vite de banques centrales, les résultats de sociétés vont commencer à tomber dès cette semaine, l’inflation sera sous la loupe une fois encore, on continue de négocier ferme à Washington et les tensions entre la Russie et les Etats-Unis persistent.

Jerome Powell et Lael Brainard feront face au sénat américain demain, dans le cadre d’une audition préalable à leur nouveau mandat. On peut s’attendre à une confirmation du durcissement de la politique monétaire de la Fed, notamment après le rapport sur l’emploi de vendredi. On le sait, un marché de l’emploi tendu et une inflation en forme olympique impliquent des relèvements de taux. Dans ce contexte, le marché prêtera une attention toute particulière à la publication de l’indice américain des prix à la consommation, ce mercredi. On pourrait franchir la barre des 7% sur une base annuelle, c’est énorme. Le marché l’a bien compris, 80% des économistes prévoient une hausse de 25 points de base lors du FOMC de mars, 70% d’entre eux en voient une seconde en juin. Chez Goldman Sachs, on s’attend désormais à 4 resserrements de vis cette année, contre 3 précédemment.

La saison des résultats de sociétés démarre cette semaine, les taux d’intérêts bas rendent les investisseurs plus disposés à payer des valorisations riches pour les actions, Ceci dit, en 2021, les multiples cours/bénéfices sont restés supérieurs à la norme à long terme, mais ont commencé à baisser. Maintenant que la première hausse des taux semble imminente, les investisseurs repensent leurs stratégies, notamment sectorielles. Cela signifie que la croissance des bénéfices sera essentielle pour que le marché poursuive son ascension.

Pendant ce temps à Washington, on continue de négocier. Le plan «Build Back Better» Joe Biden, initialement doté de 2'000 milliards de dollars, avait subi un camouflet en décembre, porté par le sénateur démocrate Joe Manchin. Les discussions reprennent cette semaine. Pour remettre ce plan en perspective et rappeler combien il est important pour le marché, le plan Marshall, qui visait tout de même à reconstruire l’Europe après deux guerres mondiales, s’élevait à 173 milliards de dollars (ajusté de l’inflation).

Enfin, impossible de ne pas mentionner les négociations entre Washington et Moscou autour de la situation à la frontière ukrainienne. Nul ne sait jusqu'où les protagonistes sont prêts à aller, mais la rhétorique guerrière est bien présente et les tensions géopolitiques contribuent à créer un climat de défiance en ce début d'année.

L'Australie dépasse les 100’000 nouveaux cas en une seule journée et la Chine annonce ses premiers cas d'omicron. L'autorité européenne de réglementation des médicaments rencontre jeudi quatre fabricants de vaccins pour discuter des essais potentiels de vaccins contre l'omicron. Selon l’agence Bloomberg, Londres a peut-être dépassé le pic de la crise, mais le Royaume-Uni pourrait encore subir un choc de 48 milliards de dollars dû aux absences des travailleurs. Aux États-Unis, la députée démocrate Alexandria Ocasio-Cortez a été testée positive.

Malgré une baisse vendredi, le pétrole enregistre une troisième hausse hebdomadaire consécutive, car la demande en or noire reste solide, tandis que l'offre s'effiloche au sein de la coalition OPEP+ et au-delà. Le plus grand producteur de pétrole du Kazakhstan a modifié la production du champ géant de Tengiz, tandis que la production libyenne a également été réduite. Le baril de WTI Light Crude traite ce matin à 79,06 dollars.

Deux statistiques aujourd'hui, le taux de chômage de la zone euro en novembre (11h00) et les stocks des grossistes américains de novembre (16h00).

Adidas: HSBC passe d'acheter à conserver en visant 280 euros. BMW: Goldman Sachs passe de neutre à achat en visant 123 euros. Compagnie Financière Richemont: UBS reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 152 à 169 francs. Flughafen Zürich: UBS passe de neutre à achat en visant 198 francs. Schneider Electric: Citigroup passe de neutre à vendre. STMicroelectronics: Citigroup passe de neutre à acheter. The Swatch Group: UBS reste neutre avec un objectif de cours relevé de 254 à 299 francs. Zur Rose: Jefferies reste à l'achat avec un objectif réduit de 571 à 515 francs. Alcon finalise l'acquisition du californien Ivantis. Départ du directeur de la communication de Meta Platforms (ex-Facebook). Novartis acquiert sous licence l'ensovibep, traitement de COVID-19, auprès de Molecular Partners. Goldman Sachs et Morgan Stanley seraient les banques conseil retenues pour l'IPO de Reddit. Un groupe d'administrateurs de Telecom Italia, dont Vivendi, a demandé au président de la société de convoquer une réunion spéciale pour nommer un nouvel administrateur délégué. Idorsia obtient l'homologation de daridorexant aux Etats-Unis. Xlife Sciences confirme sa volonté d'être coté à la Bourse suisse.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo est fermée, Hong Kong et Shanghai progressent de 1,16% et 0,39% respectivement alors que Séoul recule de 0,95%. Le future SPX gagne 11 points alors que l’Europe est indiquée en hausse de 0,5% à l’ouverture de 9 heures. Bank of America nous annonce que les flux entrants de cash dans le marché mondial des actions se sont élevés à 949 milliards de dollars en 2021 soit plus que le total de ces 20 dernières années…

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