Bonds Europe: la dette italienne encore sous tension

AWP

2 minutes de lecture

Le taux d’emprunt a 10 ans de l’Italie a progressé à 3,299% lundi contre 3,147% vendredi.

La dette italienne est restée sous pression lundi après une séance déjà difficile vendredi suscitée par le nouveau projet de budget italien, qui prévoit un déficit public supérieur aux attentes et risque de provoquer une crise avec Bruxelles.

Les investisseurs «n’ont pas été rassurés depuis les nouvelles de la semaine dernière. On peut craindre que le bras de fer commence seulement avec Bruxelles et on peut s’attendre à avoir de la volatilité sur les marchés», observe Guillaume Lefebvre, gérant obligataire chez Quilvest Gestion, interrogé par l’AFP.

Le nouveau gouvernement italien a prévu un déficit public à 2,4% du PIB sur les trois prochaines années, contre les 0,8% que le précédent gouvernement, de centre gauche, s’était engagé à maintenir.

La Commission européenne, qui devra examiner ce projet à partir du 15 octobre, a d’ores et déjà jugé qu’il lui paraissait «hors des clous», la dette italienne représentant quelque 131% du PIB, le ratio le plus élevé de la zone euro derrière la Grèce.

Sans ambages, le vice-Premier ministre italien Matteo Salvini a fait savoir que même si Bruxelles devait refuser en l’état le projet de budget présenté par Rome, il le ferait «quand même».

Lundi, le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, a rappelé au gouvernement italien que «les règles» de l’UE sur le budget «étaient les mêmes pour tous les Etats membres» de la zone euro.

Cette nouvelle tension sur le marché de la dette «cible l’Italie et ne se propage pas aux autres pays de la zone euro», mais «on peut craindre que si l’Italie commence à faire cavalier seul, il puisse y avoir un peu d’incertitude et des tensions au sein de l’Union européenne», prévient l’analyste.

Par ailleurs, la révision par la coalition populiste italienne de ses objectifs budgétaires a provoqué «la défiance des investisseurs internationaux vis-à-vis de l’euro», un signe qui «peut être vu comme un risque d’emballement», selon lui.

Le «spread», l’écart très surveillé entre les taux d’emprunt italien et allemand, atteint des niveaux enregistrés lors des élections générales italiennes en mars et pourrait encore se creuser, selon des spécialistes du marché obligataire.

«Tout ce qui a été mis en place après la crise n’est pas complètement abouti en zone euro», où les pays sont encore endettés et l’union bancaire n’est toujours pas finalisée, et «pour aller au bout, on aurait besoin de stabilité», estime M. Lefebvre.

«L’Italie vient ajouter de l’incertitude sur cette feuille de route» et par conséquent, «les marchés seront assez sensibles à tout ce qui sera produit sur le sujet», souligne l’analyste.

A la clôture du marché à 18H00 (16H00 GMT), le taux d’emprunt a 10 ans de l’Italie a progressé à 3,299% contre 3,147% vendredi à la fin de la séance sur le marché secondaire, où s’échange la dette déjà émise.

Le rendement de même maturité de l’Allemagne a est resté quasiment stable à 0,471% contre 0,470%.

Celui de la France s’est légèrement tendu à 0,826% contre 0,804%.

Le taux d’emprunt de l’Espagne a suivi la même tendance à 1,530% contre 1,500%.

En dehors de la zone euro, le taux d’emprunt britannique à dix ans est passé à 1,588% contre 1,573%.

A la clôture des marchés européens, le taux d’emprunt à 10 ans des États-Unis se tendait très légèrement à 3,070% contre 3,061% vendredi, comme celui à 30 ans à 3,219% contre 3,205%. Le taux à deux ans s’établissait pour sa part à 2,819% contre 2,818%.

A lire aussi...