Vontobel investira davantage dans les marchés privés

Emmanuel Garessus

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Après les infrastructures à travers Ancala, le groupe entrera dans la dette privée à travers l’«asset-backed finance». Christel Rendu de Lint, co-CEO, se penche sur les tendances de l’asset management.

Le groupe Vontobel a tenu sa journée des investisseurs jeudi et une conférence de presse, à Genève, vendredi. Au bout du lac, Christel Rendu de Lint, co-CEO, a présenté sa stratégie, celle d’une maison d’investissement au service des investisseurs privés et institutionnels (rapport de 50/50 actuellement). Une grande partie de ses revenus sont récurrents (85%) et sa dépendance aux taux d’intérêt (9% au premier semestre) est très inférieure à la concurrence (30% en moyenne). Les clients du groupe font en effet appel aux compétences d’investissement et non au bilan de ce groupe qui compte 80 spécialistes entre Genève et Lausanne et qui gère au total 228 milliards de francs à la fin septembre. Christel Rendu de Lint, co-CEO du groupe Vontobel, répond aux questions d’Allnews:

Vous aviez décidé d’investir dans les marchés privés il y a deux ans. A quelle étape de votre déploiement dans ce domaine en êtes-vous? Où résident vos compétences ici?

Nos compétences se situent dans l’investissement en infrastructures puisque nous avons acquis une participation dans Ancala, un acteur spécialisé dans le «mid-market infrastructure» (4 milliards sous gestion). Les compétences en infrastructures sont particulièrement intéressantes parce que ce segment est très diversifiant. En effet le secteur de l’infrastructure est généralement moins corrélé au cycle conjoncturel, les infrastructures, et en particulier celles sélectionnées par Ancala étant nécessaires indépendamment des conditions économiques. C’est un modèle très résilient. Les cash-flows sont en général liés à l’inflation. Enfin, Ancala elle-même dispose d’une approche fondée sur le levier opérationnel plutôt que sur le levier financier. En effet, il nous est paru important de privilégier l’amélioration des actifs sous-jacents d’un investissement.

«Dans l’asset management, les regards des investisseurs se sont concentrés sur les obligations».

Ce sont nos uniques compétences propres à ce stade. Nous allons aussi nous étendre, grâce à notre boutique TwentyFour Asset Management, à l’«asset-backed finance» (ndlr. obligations émises par des banques, «garanties» par un pool diversifié de prêts aux caractéristiques similaires). Nous chercherons à compléter ces compétences en fonction des opportunités.

Le private equity et la dette privée ne sont donc pas encore dans votre portefeuille, mais sont-ils destinés à y figurer à l’avenir?

Concrètement, nous allons entrer dans la dette privée avec l’«asset-backed finance». Nous n’avons toutefois pas encore de plan concret concernant le private equity. Les marchés privés de par la diversification qu’ils offrent nous paraissent intéressants.

De nombreuses réunion pour les investisseurs portent sur ce thème cet automne. Pourquoi les clients s’adresseraient-ils à Vontobel?

Nous offrirons aux clients les compétences d’Ancala, laquelle se concentre fortement sur le «mid-market» dans les infrastructures. Cette dernière est ici capable de générer des transactions sur une base bilatérale, d’avoir une forte valeur ajoutée dans la gestion de l’actif sous-jacent, notamment parce qu’elle travaille avec des partenaires industriels dédiés et notamment d’anciens directeurs ou présidents de compagnies industrielles. Nous démontrons notre savoir-faire à travers nos résultats. Ancala vient de fermer son troisième fonds et dépasse ses propres attentes sur un marché des levées de fonds qui était pourtant compliqué.

Dans la gestion d’actifs, vous avez un afflux de fonds global positif de 2,6 milliards après 9 mois, et négatif de seulement 0,5 milliard dans l’institutionnel. Quelle est la raison de cette amélioration institutionnelle?

Dans l’asset management, les regards des investisseurs se sont concentrés sur les obligations. Les flux sont en effet revenus initialement dans les instruments à taux fixe. Nous nous inscrivons dans la tendance du marché. Les sorties de fonds concernent les actions en gestion «active», les émergents (toutes classes), la gestion «multi-actifs» - un domaine où nous n’enregistrons pas de sorties.

«Les marchés privés de par la diversification qu’ils offrent nous paraissent intéressants».

Que représente la boutique TwentyFour AM dans votre groupe, qui profite d’un très bon classement de ses fonds en termes de performance?

TwentyFour AM gère un peu plus de 20 milliards de francs d’actifs. Combinée à la boutique Fixed Income, nous atteignons un peu plus de 40 milliards d’actifs sous gestion dans la classe d’actifs obligataire.

La plupart des analystes ont résumé les conséquences financières de la présidentielle américaine en prévoyant que Donald Trump serait bon pour les actions et Kamala Harris pour les obligations. Est-ce que les actions surperformeront à moyen terme?

C’est une vision excessivement réductrice de la situation. Nous attendrons les décisions qui seront prises et les mesures concrètes. L’investissement résulte d’une analyse fondamentale approfondie et non d’un tel raccourci.

Il est sûr que le contexte conjoncturel, lequel est primordial et sera influencé par le président au pouvoir, reste porteur, en particulier aux Etats-Unis. Les actions en profitent. L’environnement est également assez clément pour les obligations puisque les banques centrales baissent les taux directeurs.

Quel est votre objectif pour 2025?

Nous visons une croissance des revenus opérationnels de 4 à 6% à travers le cycle, en conservant un bilan solide et un rendement des fonds propres de plus de 14%.

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