Un environnement plus clément pour les actifs?

Salima Barragan

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Le nuage d'incertitude entourant la trajectoire des hausses de taux de la Fed se dissipe, estime Daniel Morris d’Allspring Global Investments.

Les prévisions d’Allspring Global Investment annoncent un ciel partiellement ensoleillé. Le pic d’inflation a été atteint et les nuages d'incertitude qui entourent la trajectoire des hausses de taux de la Fed se dissipent. Tournés vers l’avenir, les marchés ont déjà pris en compte une grande partie des risques visibles et les doutes portent dorénavant sur la croissance. Selon Daniel Morris, directeur des investissements systématiques chez Allspring Global Investments, un tel environnement justifie le retour d’une allocation équilibrée entre les actions et les obligations. Entretien.

Que pensez-vous du rythme du resserrement de la politique monétaire de la Fed et qu’attendez- vous prochainement?

Tant que les banques centrales augmentent leurs taux d'intérêt autant que les marchés le permettent, nous sommes sur la bonne voie. C'est lorsque les banquiers centraux ignorent allègrement les données économiques et celles de marché, qu'ils vont trop loin ou trop vite. Il est facile de dire rétrospectivement que nous aurions dû commencer ce resserrement au moins un an plus tôt, mais regarder en arrière ne va pas nous aider à positionner les portefeuilles aujourd'hui. La Fed affirme que son taux cible se situe autour du point neutre et elle a vraiment fait la course pour y parvenir. Elle peut maintenant ralentir le rythme des hausses, d'autant plus qu'elle n'a pas tenu compte de la vigueur de l'économie. La plupart des mesures visant à réduire l'inflation devront provenir de facteurs échappant au contrôle de la Fed. C'est-à-dire que la réouverture de la Chine, la baisse des cours des denrées alimentaires et la stabilité ou la baisse des prix des carburants auront un impact sur le renchérissement bien plus significatif que les dispositions de la Fed.

«Nous voyons un grand potentiel de hausse dans les marchés émergents.»
Quels sont les facteurs que vous allez surveiller en particulier?

Pour nous, tout est question de marges. Nous recherchons des entreprises dont les marges bénéficiaires sont résistantes afin d'atténuer les effets d'un ralentissement de la croissance sur les résultats. Plus généralement, nous pensons que les sociétés américaines sont probablement mieux placées que les entreprises européennes pour faire face à cet environnement. Nous voyons un grand potentiel de hausse dans les marchés émergents, car dans le passé, ils étaient souvent en retard sur le resserrement monétaire lorsque l'inflation s'accélérait, mais cette fois-ci, ils étaient en avance sur la Fed. Si nous obtenons un certain soulagement sur le front des prix des denrées alimentaires et des carburants, les marchés émergents pourraient être relativement valorisés sur le long terme.

Et si les cours des matières premières ne fléchissent pas, quels en seraient les impacts?

Les matières premières et les facteurs sociaux sont inévitablement liés, il est donc important de surveiller dans quelle mesure les prix élevés des denrées alimentaires et des carburants peuvent déclencher des tensions fiscales et sociales, notamment sur les marchés émergents. Si les expéditions de céréales en provenance d'Ukraine ne redémarrent pas et si la production de pétrole ne s'accélère pas, ce sont les plus pauvres qui souffriront le plus. La sécurité des chaînes d'approvisionnement, des denrées alimentaires et des carburants pourrait pousser les États à passer d'une orientation mondiale à un axe national. Cette transition peut créer des gagnants et des perdants, c'est pourquoi nous examinons attentivement les choses pays par pays, secteur par secteur et entreprise par entreprise afin de séparer le bon grain de l'ivraie.

Pourquoi attendez-vous un deuxième semestre partiellement ensoleillé?

Le nuage d'incertitude entourant la trajectoire des hausses de taux de la Fed se dissipe. La tempête provoquée par l’augmentation rapide des cours des denrées alimentaires et des carburants s'estompe. Certes, les prix sont encore élevés, mais certains signes indiquent que les pics ont été atteints. Des défis restent à relever, mais les marchés sont tournés vers l'avenir et ils ont déjà pris en compte la majorité des risques visibles. Si durant le premier semestre de l’année, les portefeuilles équilibrés ont affiché des résultats décevants, nous pensons qu'une grande partie de la déception est derrière nous.

Comment préparez-vous votre portefeuille pour les prochains mois?

Cette année se divise en deux parts. La première qui a été principalement motivée par les craintes inflationnistes et géopolitiques, fut un mauvais environnement pour les actions et les obligations à long terme. Aujourd'hui, les inquiétudes portent davantage sur la croissance. Bien que ce contexte constitue un défi pour les actions, il semble plus favorable pour les obligations. Un retour à l'équilibre de l'allocation entre actions et obligations semble utile. En ce qui concerne les titres à revenu fixe, nous pensons que nous pourrions nous trouver dans une fourchette de taux, et un état d'esprit tactique permettra d’estomper les hausses ainsi qu’ajouter des titres en cas de baisse. Du côté des actions, nous apprécions une combinaison de facteurs, tels qu'un faible effet de levier et une qualité supérieure, tout en conservant une exposition cyclique en vue d'une éventuelle réaccélération économique.

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