La gestion d’actions suisses avec des structurés

Emmanuel Garessus

4 minutes de lecture

Un stock-picking ou une gestion passive? Curdin Summermatter, de la ZKB, présente les atouts d’un certificat sur 10 titres.

La Banque Cantonale de Zurich (ZKB) émet un certificat sur ses 10 actions suisses favorites pour 2024. Elle poursuit ainsi une initiative existant depuis quelques années et qui, selon ses dires, rencontre un vif intérêt. Le certificat émis l’an dernier sur les favoris de la ZKB pour 2023 est en phase de remboursement et son cours est supérieur à 110%.

Les 10 favoris de la ZKB pour 2024 se répartissent en un groupe de 5 grandes valeurs (Holcim, Kühne+Nagel, Lonza, Roche et Partners Group) et un groupe de 5 small & mid-caps (Acceleron, ams Osram, Aéroport de Zurich, Helvetia et Tecan). La demande finale du certificat, dont la souscription s’est terminée vendredi 19 janvier 2024, provient aussi bien des clients privés de la ZKB, que d’autres banques ou gérants indépendants. Curdin Summermatter, responsable de la distribution des produits structurés à la ZKB, répond aux questions d’Allnews:

Pourquoi un investisseur privé achèterait-il un certificat sur 10 favoris plutôt qu’un fonds de placement sur les actions suisses ou sur les small & mid-caps suisses?

La question consiste à savoir si l’investisseur privilégie un produit de gestion active issue de la recherche de la ZKB ou un produit de gestion relativement passif.

L’indice SMI a modérément progressé en 2023 parce que des poids lourds tels que Roche et Nestlé ont marqué le pas.

«Le certificat a l’ambition de viser une surperformance par rapport à l’indice suisse des actions, même s’il ne contient aucune garantie à ce sujet.»

Dans la perspective de 2024, l’investisseur préfère-t-il un stock-picking ou une gestion passive? Le certificat a l’ambition de viser une surperformance par rapport à l’indice suisse des actions, même s’il ne contient aucune garantie à ce sujet. Le produit offre en outre une réelle diversification au sein de laquelle les petites valeurs profitent d’une pondération relativement élevée, par rapport à la capitalisation boursière, puisque chacun des 10 titres représente 10% du portefeuille. Le certificat aura un profil symétrique dans le sens où son rendement résultera de celui des cours des 10 actions. On parle ici d’un produit linéaire. Il se distingue donc de structurés au bénéfice d’une optionalité et dont le cours est fonction notamment de la volatilité.

Certains investisseurs peuvent être intéressés par un tel certificat mais considérer qu’ils ont déjà une exposition en Roche ou en d’autres membres de notre Top 10 et préférer d’autres types de structurés.

Quelle est l’attente de rendement d’un tel certificat?

Il n’est pas possible de le chiffrer, mais le but est une surperformance par rapport à l’indice. Il y a trop d’incertitudes pour s’avancer sur un rendement précis à l’horizon de 12 mois.

Est-ce que vous émettez d’autres produits structurés liés à ces 10 favoris?

Oui. Notre offre comprend des produits structurés sur les 10 actions, les grandes valeurs comme les small & mid-caps, qui complètent le certificat sur les 10 favoris avec aussi bien des produits linéaires, ou des produits offrant un profil asymétrique. Ces derniers comprennent, par exemple, des certificats «capped outperformance», qui accentuent la participation à la hausse du panier composé des favoris. Cette participation plus que proportionnelle à la hausse est financée par un plafond dans la performance.

Pour les investisseurs qui désirent renforcer leur exposition de façon indirecte, un Reverse Convertible (RC) peut être une solution potentiellement attractive. La plupart des RC que nous avons émis sur ces 10 actions ont un prix d’exercice à 90%, d’autres à 95%. Le coupon à l’échéance est, lui, fonction du taux d’intérêt, de la volatilité et du dividende. En prenant l’exemple d’un coupon de 8%, le prix d’achat du titre, en cas de livraison, est réduit davantage que de 10%, et tombe au niveau de 82%.

Quelles sont préférences actuelles au sein des produits structurés compte tenu de la situation des marchés et de leur volatilité?

Nous émettons un grand nombre de produits structurés dans les différentes classes d’actifs et en fonction de la demande de la clientèle. Notre tâche consiste à répondre de façon explicite aux besoins de nos clients. Il appartient donc à ces derniers de nous dire ce qu’ils attendent des marchés pour que nous leur proposions le structuré le plus adapté à leur scénario. Si le sous-jacent qu’ils recherchent profite d’une hausse, il est possible par exemple de lui proposer d’accentuer le mouvement avec un produit à levier. Il nous est aussi possible de leur présenter un autre «pay off» et de réduire la participation à la baisse. La beauté d’un produit structuré réside précisément dans sa capacité à conceptualiser exactement le profil de risque/rendement le plus adapté à un scénario.

Durant les premiers jours de l’année, les actions consolident sur plusieurs marchés. Comment réagir avec des produits structurés?

Les clients se répartissent clairement en deux camps distincts. Certains investisseurs estiment que cette correction est une source d’opportunités, d’autres craignent que cette incertitude augmente et préfèrent adopter une attitude de passivité.

Si l’investisseur s’attend à ce que la consolidation actuelle se transforme en correction, quel devrait être le comportement le mieux adapté?

L’investisseur avec un «long delta» aura intérêt à s’armer de patience dans l’attente que le sous-jacent baisse davantage ou à acheter durant la baisse. Supposons que l’investisseur prévoit un recul modéré (par exemple de moins de 10%): Avec un Reverse Convertible doté d’un strike de 90, l’investisseur suppose que l’action ne baissera pas de plus de 10%. Avec un coupon de 8%, il gagne donc 8% alors que le sous-jacent a perdu, par exemple,8%. La surperformance s’élèverait alors à 16%.

«La demande de solutions de rendement avec barrière (Barrier Reverse Convertible) demeure solide.»

Pour chacun de nos 10 favoris, nous avons un Reverse Convertible à disposition. Ces produits sont simples, efficients et flexibles. Il est également possible de combiner 3 sous-jacents parmi ces 10 titres dans un seul Reverse Convertible.

Est-ce que vous observez une plus grande demande pour de stratégies défensives ou pour un leverage accru?

La demande est très diverse, selon les scénarios et les profils de risque des clients. La demande de solutions de rendement avec barrière (Barrier Reverse Convertible) demeure solide. L’Association suisse des produits structurés (ASPS) publie chaque trimestre l’évolution de la demande selon les différentes catégories de produits structurés sur le marché suisse. On peut y voir une hausse de la demande pour les certificats de protection du capital si les taux d’intérêt augmentent ou une demande accrue en BRC si la volatilité s’accroît.

Les stars de l’indice SMI, Nestlé, Roche et Novartis, sont moins en vogue que dans le passé. Est-ce que cela pénalise le marché des émissions de structurés?

Ce trio de grandes valeurs a longtemps rencontré un grand succès. L’an dernier, Roche et Nestlé ont toutefois corrigé, ce qui a influencé la demande. Néanmoins, cela peut amener un investisseur à investir dans la perspective d’un rebond.

Est-ce que vous émettez aussi des certificats sur vos 10 favoris américains ou européens?

L’avantage d’un certificat consiste à investir dans la performance d’un panier diversifié à l’aide d’une seule transaction. Nous avons ainsi émis des certificats sur des thèmes ainsi que sur des titres étrangers en fonction de la demande. Les derniers thèmes ont porté sur les nouvelles techniques médicales ainsi que sur l’immobilier direct.

Qu’en est-il des produits sur les taux d’intérêt?

La demande se concentre en grande partie sur les produits structurés sur les actions, mais nous avons naturellement également des produits sur les monnaies et les matières premières. Les taux d’intérêt jouent un rôle clé sur le comportement des structurés, notamment les produits de protection du capital, puisque ceux-ci sont construits en partie avec une obligation. Il n’était par exemple pas possible d’offrir des produits avec protection du capital quand les taux d’intérêt étaient négatifs. Les taux d’intérêt sont un peu montés mais ils restent assez modestes.

A lire aussi...