Risque d’une réélection de Trump

Salima Barragan

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«Côté républicain comme démocrate, on peut s’attendre à une campagne faisant la part belle aux coups bas», estime Marc Brütsch de Swiss Life AM.

En ce début d’année, cinq personnalités du monde de la finance partagent avec les lecteurs d’Allnews leurs vues sur trois grands thèmes qui marqueront les douze prochains mois : guerre commerciale, politiques monétaires et fiscales, élections américaines. Ils dévoilent aussi quelle sera leur politique d’investissement. Autour de quatre questions clés, l’équipe d’Allnews vous souhaite une heureuse année 2020.

C’est avec Marc Brütsch, chef économiste chez Swiss Life Asset Managers que nous abordons le troisième volet de notre série sur les grands thèmes de 2020. A ses yeux, le litige commercial n’affecte pas les exportations suisses vers les États-Unis mais «depuis l’élection de Donald Trump, les incertitudes sur les sanctions douanières et les futures règles du jeu du commerce mondial influencent les projets d’investissement et de recrutement des entreprises partout dans le monde». Par ailleurs, en l’absence d’une récession, il n’écarte pas le danger d’une éventuelle réélection de Donald Trump…

Quel bilan tirez-vous de la guerre commerciale?

A première vue, les chiffres des exportations suisses vers les Etats-Unis ne semblent pas, pour l’heure, affectés par le litige commercial. Le secteur pharmaceutique continue de profiter d’une demande en hausse. Depuis trois ans déjà et l’élection de Donald Trump, les incertitudes sur les sanctions douanières et les futures règles du jeu du commerce mondial influencent les projets d’investissement et de recrutement des entreprises partout dans le monde. L’indice des directeurs d’achat révèle que ces doutes ont en particulier freiné la dynamique conjoncturelle de l’industrie manufacturière des économies européennes exportatrices. Toutefois, ces secteurs pâtissent également d’autres facteurs de trouble, comme le Brexit et la crise de la demande dans le secteur automobile allemand.  

Le risque d’une récession, qui aurait pu mettre en danger
la réélection de Donald Trump, semble à nouveau refluer.
Quel mix de politiques monétaire et de relance pourrait prolonger le cycle économique?

Dans la zone euro, il est évident qu’il y aurait une marge de manœuvre considérable en matière de politique budgétaire. Les dépenses d’infrastructure auraient l’effet multiplicateur le plus élevé, suivies des allégements fiscaux. Des pays comme l’Allemagne ou les Pays-Bas ont la possibilité de lever des fonds pour des projets à long terme à des conditions très favorables. Cependant, les projets d’infrastructure financés par l’emprunt ne se concrétisent pas du jour au lendemain. En Allemagne particulièrement, le secteur de la construction est exploité à pleine capacité, il y a donc peu à attendre de ce côté-là à court terme.     

Qu’attendez- vous des élections américaines de novembre?

Il est encore trop tôt pour se prononcer. Le risque d’une récession, qui aurait pu mettre en danger la réélection de Donald Trump, semble à nouveau refluer. D’autre part, il reste à voir dans quelle mesure la procédure de destitution va affecter le président américain. Côté Républicain comme Démocrate, on peut s’attendre à une campagne faisant la part belle aux coups bas. Un des facteurs décisifs sera la capacité des Démocrates à s’accorder sur un candidat.

Quelle sera votre politique d’investissement en 2020?

Les banques centrales vont poursuivre leur politique monétaire accommodante en 2020, nous n’attendons par conséquent aucun mouvement prononcé à la hausse sur le front des taux d’intérêt à long terme. Dans ce contexte, l’immobilier et les actions demeurent les placements privilégiés. Nous investissons dans les actions de manière systématique au moyen de stratégies de contrôle du risque.

 

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