Restez investis!

Salima Barragan

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Samy Chaar de la banque Lombard Odier est confiant pour 2021.

Actions asiatiques, devises émergentes: Lombard Odier privilégiera les actifs risqués qui profiteront de la reprise du commerce mondial. La thèse d’investissement s’articule autour du vaccin qui sera distribué d'ici le deuxième trimestre de l'année. «Les progrès réalisés sur les vaccins permettront à la croissance de se redresser», a estimé Samy Chaar, économiste en chef du Groupe, lors d’une visio conférence. Entretien.

Quel est votre scénario de reprise économique en Europe et aux Etats-Unis?

Lors de la crise, l’Asie a démontré qu’en reprenant le contrôle sur le coronavirus, les activités économiques ont fortement récupéré. Nous sommes confiants sur les progrès réalisés sur les vaccins qui permettront à la croissance et au commerce mondial de se redresser. Les niveaux de production pré-Covid devraient être atteints lors du troisième trimestre aux Etats-Unis et un peu plus tard en Europe, autour du premier trimestre de l’année suivante. Les deux régions auront complétement récupéré de la crise au cours des les six premiers mois de 2022.

Comment la victoire de Joe Biden redynamisera-t-elle l’économie américaine?

Son élection représente une opportunité pour un retour à la normale qui soutiendra le commerce international.  Même si le stimulus sera moins important que les deux trilliards de dollars US que nous aurions eu dans le scénario d’une vague bleue, nous nous attendons tout de même à 500 milliards, ce qui reste un montant substantiel. L’inflation devrait reprendre modérément avec la reprise des activités. Les secteurs qui se sont écroulés durant la crise - tels que les compagnies aériennes - reprendront dès l’été prochain, ce qui soutiendra les prix. Mais la faiblesse du marché du travail empêchera l’inflation de dépasser l’objectif de la Fed.

Les valorisations de la technologie américaine sont allées trop loin
et dépassent les niveaux de la bulle Tech.
La Fed pourrait-elle commencer à relever ses taux avant 2024, comme elle l’a fait entendre?

La Banque centrale américaine a exclu toute hausse de taux avant fin 2024, mais le marché anticipe un premier relèvement en 2023.  Notez que le premier signal de la Fed ne consistera pas directement en une élévation de son taux directeur. Dans un premier temps, elle limitera ses achats d’actifs si la reprise se confirme véritablement l’année prochaine. Elle continuera à jouer un rôle clé dans la stabilisation de l'économie d’autant plus qu’elle sera sous pression à cause de l’allègement du soutien budgétaire. Par ailleurs, les taux bas actuels favorisent le remboursement de la dette des Etats dont les ratios de dette sur PIB ont considérablement augmenté durant la crise. Notez que dans un environnement de taux bas, de tels niveaux de dettes restent acceptables.

Dans ce contexte, quels secteurs et styles d’actions privilégiez-vous?

Les titres sensibles au cycle conjoncturel et qui ont souffert de la pandémie, notamment les petites capitalisations, devraient rebondir. Nous nous attendons au retour des actions de valeur comme les matériaux, la finance et l'industrie en Europe. Mais l’appétit des actions de qualité dans la santé et la technologie perdurera encore, tout spécialement lors de la phase qui suit la reprise. Les valorisations de la technologie américaine sont allées trop loin et dépassent les niveaux de la bulle Tech ce qui signifie que leur prix vont retourner à leur moyenne…mais la tendance reprendra dans le courant de l’année prochaine.

Quelles sont vos vues sur les principales devises du G10?

Malgré une baisse du billet vert de douze pour cent depuis mars, nous conservons notre vue baissière car il reste surévalué et comporte toujours une part de risque lié au chaos électoral américain. Dans notre scénario de base qui table sur une reprise du commerce mondiale, le dollar US devrait s’affaiblir davantage au profit d’autres devises. En revanche, l'euro, la livre sterling et le yen, devraient bien résister.  

Quelles devises émergentes tireront-elles parti du rebond du commerce mondial après deux ans de contraction?

En particulier celles, qui en plus d’être exposées au commerce mondial, bénéficient également d’un coussin de valorisation et d’une balance extérieure solide comme le yuan chinois, le won sud-coréen, la couronne tchèque et le peso chilien. Ou celles qui se comporteront bien dans un scénario de taux d'intérêt bas, comme le dollar taïwanais et le shekel israélien.

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