L’abolition de l’argent liquide ne trouvera pas de majorité dans 30 ans, affirme Sven Reinecke, de l’Université de Saint-Gall.
Les Suisses ne se pas prêts à tirer un trait sur l’argent liquide. Un sondage de l’Institut für marketing und Consumer Insight, à l’Université de Saint-Gall, mandaté par le négociant en or philoro, révèle que 72% des personnes interrogées s‘opposent à une suppression de l’argent liquide. Le sondage a été mené en août et septembre 2023 auprès de 2633 personnes dans toutes les régions linguistiques du pays. Il s‘agit du premier sondage de cet institut sur ce sujet.
Les plus de 60 ans (- 90%), le 50 à 59 an (88%) sont les plus grands adversaires d’une suppression du cash. Les plus grands utilisateurs de cartes de crédit et de Twint sont les quadragénaires. Mais 60% de cette classe d’âge sont également opposés à la suppression de l’argent liquide. Les 18 à 29 ans sont plus ouverts à l’idée d’une telle abolition (31%). Le bas revenus sont également d’ardents défenseurs du cash: 83% des revenu de moins de 4000 francs sont opposés à la suppression du cash et 69% des revenus de 4001 à 8000 francs.
Sven Reinecke, directeur de l’Institut für marketing und Consumer Insight, à l’Université de Saint-Gall, répond aux questions d’Allnews:
Les Suisses veulent conserver le franc suisse. Ils utilisent toujours plus les instruments numériques, notamment depuis le covid, que ce soient les cartes de débit et de crédit ou Twint. Mais cela ne signifie nullement qu’ils voudraient renoncer à l’argent liquide. Ils veulent absolument disposer de la liberté de choix du moyen de paiement.
Avec un taux de 72% d’opposition à la suppression de l’argent liquide, cela signifie qu’il n’est pas possible d’imaginer une telle décision. Pour prendre une telle mesure, il faudrait que la Suisse organise une votation sur le sujet. Le projet n’aurait aucune chance devant le peuple.
Oui, en Scandinavie, la population a appris à n’effectuer des paiements qu’avec des moyens électroniques et des cartes. En Suisse, c’est inimaginable. A Saint-Gall, la décision de ne plus offrir que le paiement par cartes dans les bus de la ville a provoqué une vive opposition.
Les bas revenus ont davantage confiance au cash et sont les plus grands adversaires de l’abandon de l’argent liquide.
Les hauts revenus sont davantage prêts à s’imaginer la suppression de l’argent liquide. Les revenus mensuels supérieurs à 12’000 francs sont à 41% favorables à l’abolition du cash. Ces derniers ont coutume de payer avec les solutions numériques.
La situation est comparable à l'évolution du commerce électronique: les principales entreprises commerciales ont compris qu'elles devaient proposer aux clients une palette aussi large que possible de formes de paiement différentes afin de faciliter au maximum les paiements. Les clients aiment les options multiples. En fin de compte, ils souhaitent choisir la manière dont ils veulent payer.
C’est l’une des raisons pour laquelle les gens veulent disposer d’une liberté de choix, en l’occurrence de payer en liquide, soit parce qu’on a le sentiment que le paiement par cash est plus rapide, soit parce qu’il est anonyme.
Nous ne l’avons pas demandé aux sondés.
L’affinité au cash devrait progressivement diminuer parce que les gens seront toujours plus habitués aux instruments de paiement virtuels. Mais ceux qui sont aujourd’hui les plus grands utilisateurs de ces derniers sont 60% à s’opposer à l’abolition du cash. Je ne crois pas qu’une majorité se dessine en Suisse ces 30 prochaines années en faveur de la suppression de l’argent liquide. Ce sera probablement différent en Allemagne.
Cela ne sera pas suffisant, à mon avis.