Le spécialiste de la gestion thématique CPR AM voit ses AuM croître de 16,4%

Anne Barrat

3 minutes de lecture

L’éclaireur du groupe Amundi dans la gestion thématique et l’impact investing renforce ses avoirs grâce à son empreinte internationale. Avec Olivier Mariée.

En quelques décennies, la Compagnie Parisienne de Réescompte, créée en 1928, rachetée par Crédit Agricole Indosuez en 2000, devenue CPR AM au gré des évolutions actionnariales qui ont impliqué le Crédit Agricole et la Société Générale, est devenue un acteur de référence de la gestion thématique en France et, de plus en plus, à l’international. Aujourd’hui un des fers de lance de l’innovation du groupe Amundi, elle se positionne sur l’Impact Investing, forte de son agilité de structure moyenne bénéficiant de la force de frappe du plus gros gérant d’actifs en Europe. Place à Olivier Mariée, directeur général de CPR Asset Management et membre du Comité exécutif d’Amundi.

Avec 64 milliards d’encours sous gestion à fin 2021, CPR AM affiche une croissance de +64% en cinq ans. Comment l’expliquez-vous?

Cette croissance  reflète d’abord celle de notre gestion thématique, un choix que CPR AM a fait il y a une quinzaine d’années, précurseur à l’époque et qui s’est révélé à la fois différenciant et porteur en termes de performance. Les 12 stratégies thématiques ont attiré 3,8 milliards d’argent frais en 2021, ce qui porte à 21 milliards le total des encours sur ce segment leader de CPR AM, qui a été multiplié par 2,5 en cinq ans. Et ce n’est pas fini: nous comptons bien utiliser notre savoir-faire dans ce domaine, acquis notamment avec les thèmes du vieillissement de la population (le fonds CPR Silver Age a été lancé en 2009), des entreprises disruptives (le fonds CPR Invest - Global Disruptive Opportunities, lancé en 2016, dépasse les 4 milliards d’euros d’encours sous gestion) ou encore de l’alimentation du champ à l’assiette (avec le fonds CPR Invest – Food For Generations, qui a collecté plus de 700 millions d’euros en 2021)) pour agrandir notre offre, et l’étendre à des enjeux d’Impact Investing – c’est dans cet esprit que nous avons lancé en fin d’année dernière le fonds CPR Invest – Hydrogen qui répond à l’objectif de la neutralité carbone. Nos investisseurs, institutionnels comme individuels, sont très demandeurs de solutions d’investissement thématiques.

«Ce développement international doit également beaucoup à la puissance du réseau de distribution d’Amundi.»

La montée en puissance de la gestion thématique a permis non seulement de compenser le déclin relatif de la poche monétaire de CPR AM, mais aussi de rééquilibrer notre mix clients au profit des distributeurs qui représentent désormais 47% (contre 28% en 2016), les institutionnels étant passé de 56% à 44% – le solde étant les entreprises (9% aujourd’hui contre 16% en 2016) - et, enfin, de favoriser l’internationalisation de notre clientèle. Ce développement international doit également beaucoup à la puissance de distribution d’Amundi, notre maison-mère, dont nous bénéficions pleinement partout dans le monde.
Ce modèle fonctionne très bien par rapport à d’autres organisations semblables : les vendeurs d’Amundi proposent aussi bien les gammes d’Amundi que celles de CPR AM lorsqu’il s’agit de répondre aux besoins des clients

La distribution est-elle le seul domaine dans lequel vous vous appuyez sur Amundi? Quelle est votre degré d’autonomie vis-à-vis de votre maison mère?

Toutes les fonctions classiques d’une société de gestion – gestion de portefeuille, études macro-stratégiques, analyse crédit, R&D, marketing…,– sont logées chez CPR AM. Nous utilisons en revanche les données, les plates-formes et infrastructures informatiques, et le réseau de distribution du Groupe. Ce fonctionnement, qui emprunte au meilleur des deux mondes, explique notre agilité et nous permet de conforter notre rôle pionnier au sein du Groupe. Vertueux, il est un gage de synergies dont profitent aussi nos clients. Nos clients distributeurs en particulier: les conseillers en gestion de patrimoine (CGP) et tiers gérants bénéficient ainsi du Comptoir, une plate-forme qui leur est dédiée et a quintuplé ses encours en dix ans pour dépasser 2 milliards d’euros (au 31 décembre 2021).

Quelle part représentent les CGP et tiers gérants dans votre stratégie?

IIls sont un axe prioritaire de notre stratégie parce qu’ils sont un relais clé auprès de nos clients finaux. Ils contribuent à faire connaître la marque et les solutions d’investissements de CPR AM ainsi qu’à diffuser les innovations financières auprès de leurs clients. Cette priorité se traduit par le développement de nouvelles fonctionnalités au sein du Comptoir, Smart Allocation notamment, un outil simple et gratuit qui les aide à construire, selon plusieurs profils de risque, des portefeuilles diversifiés et à les expliquer. Nous avons également l’intention de mettre au point des ateliers pédagogiques en ligne pour renforcer les connaissances des CGP et tiers gérants en matière d’investissement responsable, un sujet qu’il leur faut expliquer chaque jour à des clients perdus devant la multiplicité des concepts (ESG, articles 8 et 9 de SFDR, taxonomie, labels, ODD, etc,). Notre objectif est de les accompagner dans leur métier, le conseil patrimonial, qui ne cesse de se complexifier.

Quels sont les autres axes prioritaires de votre stratégie?

L’internationalisation bien sûr, que nous entendons poursuivre. Les encours hors de France représentent déjà 30% de nos AuM, soit quelque 20 milliards. Ils ont été multipliés par trois en quatre ans, contribuant très significativement à la croissance de nos encours totaux. Nos fonds thématiques rencontrent un franc succès chez les investisseurs étrangers, distributeurs mais également et de plus en plus institutionnels. Nous venons de signer un mandat d’un milliard d’euros avec l’un d’entre eux.

«Nous avons l’ambition de nous positionner en acteur de référence en matière d’Impact Investing.»

L’innovation ensuite, en particulier le développement de notre offre d'Impact Investing qui compte aujourd’hui quatre stratégies liées à l’éducation, l’alimentation, les inégalités sociales et le climat. Cette offre a collecté 1,8 milliard en 2021 pour atteindre un encours total de 4,7 milliards, un doublement en un an. Nous n’entendons pas nous arrêter là, et visons 7 milliards d’AuM en 2025 sur ce segment.

Comment comptez-vous vous différencier dans l’offre en forte croissance de solutions d’investissement responsable ?

Tout d’abord en finalisant la classification de l’ensemble de nos fonds ouverts selon les articles 8 et 9 de la directive européenne SFDR. 92% de nos fonds ouverts le sont déjà, et 73% de nos encours totaux – ils n’étaient que 10% en 2017. 15% de nos fonds sont classés article 9, et ont attiré 80% de la collecte en 2021. Des efforts énormes ont été réalisés pour aboutir à ce résultat, qu’il aurait été difficile d’atteindre sans l’accès aux données de qualité que nous fournit Amundi.
Ensuite, en poursuivant le développement de solutions innovantes, dont l’impact est mesurable et simple à expliquer aux investisseurs. Un bon exemple de notre approche d’Impact Investing est notre gamme Climat, pour laquelle nous avons noué un partenariat avec le CDP en 2018. Cette gamme s’est étendue en 2021 avec le lancement du fonds Hydrogen, 1er fonds coté sur ce thème, et s’enrichira d’un fonds dédié à la protection des océans dans quelques mois, qui devrait intéresser les pays dotés d’une économie marine importante, mais pas seulement.

Nous avons l’ambition de nous positionner en acteur de référence en matière d’Impact Investing.

A lire aussi...