La Realtech bouleverse l’immobilier commercial

Salima Barragan

2 minutes de lecture

Les fonds immobiliers axés sur l’économie digitale restent compétitifs. Avec Diana Oblak de Stoneweg.

Lancé en 2018 par Stoneweg et DECALIA, le fonds Varia Swiss Realtech Properties se positionne au cœur de la révolution digitale. Il a inauguré en septembre son premier immeuble digitalisé. Il s’agit d’un concept d’espaces industriels sous la marque BEEZI.

Cet édifice ultramoderne ne se limite pas seulement à offrir des espaces de travail et de loisirs en commun tels que des salles de réunion et un fitness. Il crée une atmosphère conviviale et inspirante, baignée de lumière. A l’intérieur, un baobab trône majestueusement au milieu de l’atrium vitré. Le cœur du bâtiment offre une grande cour à ciel ouvert parsemée d’arbres, de verdure et de bancs en bois.

Nous ne sommes pas au siège d'un géant technologique américain, mais dans un complexe situé à Tolochenaz, dans le Canton de Vaud. L’ère de la Realtech n’est qu’à ses débuts; d'autres projets similaires verront bientôt le jour à Genève et en Suisse alémanique. Diana Oblak, Directrice de Stoneweg Suisse, répond aux questions d’Allnews.

En quoi consiste l’immobilier lié à l’économie digitale, la «Realtech»?

Nous avons lancé en 2018 une société d’investissement sur la Realtech en partenariat avec Decalia. Ce portefeuille investit dans des bâtiments immuns à la digitalisation, ou des constructions qui en bénéficient. Le monde numérique a bouleversé les façons de travailler et de consommer, et nous investissons dans des typologies d’immeuble qui répondent à ces changements, notamment dans la logistique et dans l’industrie, mais aussi dans des cliniques.

Comment la révolution digitale a-t-elle transformé le paysage immobilier suisse?

Nous sommes au début de révolution. La généralisation de l’e-commerce, l’utilisation des bureaux avec le télétravail a changé la façon dont les sociétés utilisent les immeubles. D’ailleurs, les entreprises désireuses de motiver les employés à revenir travailler sur leur site doivent trouver de nouvelles façons de les attirer.

La demande de surfaces logistiques est très forte. Elle l’est également pour les surfaces industrielles, car un grand nombre de sociétés rapatrient certaines de leurs activités sur le sol helvétique depuis les perturbations des chaines logistiques lors du Covid.

Comment la performance de la société axée sur l’immobilier Realtech a-t-elle évolué cette année en dépit des taux d’intérêt?

Nous avions décidé de nous orienter vers le développement de projets à valeur ajoutée. Nous avons aussi acheté des bâtiments vides ou avec des baux à court terme, car l’impact des taux est moindre, vis-à-vis des immeubles avec des locataires qui ont les baux sur le long terme. En conséquence, nos marges élevées nous permettent d’amortir l’impact des hausses de taux. Depuis le début de l’année, notre portefeuille affiche une légère baisse d’environ 2%.

En quoi consiste BEEZI, le premier bâtiment digitalisé du fonds?

Ce concept industriel s’organise autour d’espaces communs. Les ressources – bureaux, salles de réunion, food hub, fitness –, sont mutualisées afin d’améliorer la qualité de vie au travail des employés et le rendement des sociétés. Nous retrouvons ainsi au sein d’un unique immeuble industriel tous les services que nous pourrions retrouver dans une grande multinationale.

Ce type d’immeuble confère un avantage financier aux locataires, des sociétés dans l’industrie légère, qui peuvent ainsi louer moins de surface au mètre carré, soit uniquement les salles liées à la production.

En quoi est-il un bâtiment digital?

Cette construction est équipée des capteurs qui tracent les données environnementales telles que les émissions de CO2 et la consommation d’électricité. Ils permettent de gérer le chauffage individuellement dans chaque section afin de faire baisser la facture d’énergie.

Ils répondent aussi aux impératifs de durabilité. Tracer les données ESG constitue le plus grand défi d’un portefeuille immobilier, notamment dans le cas de bâtiments anciens. Avec ce type de capteurs, il est aisé de voir comment les bâtiments performent et de mettre en place une stratégie afin d’améliorer le score ESG du fonds.

Comment cette initiative pionnière répond-elle à un impératif de compétitivité?

En Suisse, la moitié des bâtiments industriels ont passé 40 ans. Ils ne répondent plus aux impératifs des sociétés actives dans la technologie ou le numérique. Les entreprises doivent offrir un cadre de travail agréable afin d’attirer les nouvelles générations pour qui le travail n’est pas une fin en soi.

Ce type de bâtiment stimule l’innovation et permet de créer des synergies entre les différents locataires, notamment des start-ups. Les arbres permettent de stimuler la créativité et diminuer le stress des employés. Plus généralement, cet environnement améliore le bien-être des ressources humaines.

Avez-vous d’autres projets similaires à BEEZI ailleurs en Suisse, ou à l’étranger?

Nous avons des projets similaires près de l’aéroport de Genève, ainsi que dans le canton de Berne, en Argovie et en Thurgovie. Nous réfléchissons aussi à nous implanter au-delà de la frontière.

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