Hedge funds: des résultats contrastés

Salima Barragan

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La classe d’actifs a cédé en moyenne -4,14% en 2022. Mais des dispersions notables existent et devraient s’accentuer en 2023. Avec Kier Boley d’UBP AIS.

Chaque année, l’industrie des fonds alternatifs clôt l’exercice avec des performances disparates. 2002 n’a pas fait exception à la règle. L'indice HFRI 500 Macro Commodity a bondi de 41,3% alors que les stratégies sur les marchés émergents ont reculé de -15%. Les conditions de marchés en 2023 s’annoncent plus favorables, mais la fin des capitaux gratuits devrait renforcer les dispersions. «D’où la nécessité de rester sélectif», estime Kier Boley, Co-Head et CIO de UBP Alternative Investments Solutions, avec 16 milliards de dollars d’actifs alternatifs sous gestion. Entretien à l’occasion d’un évènement clients à Genève.

Comment interprétez-vous la dispersion des performances en 2022?

Chaque année, un évènement surgit sur une des classes d’actifs et explique les performances disparates dans l’industrie. En 2022, la grande rotation entre les gagnants et les perdants des années précédentes a déterminé les résultats. Ainsi les stratégies longtemps à la hausse car positionnées sur les actions de croissance – la technologie – se sont retrouvées en 2022 du côté de la baisse. En revanche, les stratégies globales macro non performantes lors des 5 à 10 dernières années sont revenues en force lors du premier semestre 2022. Ces retournements sont parfaitement en ligne avec la déconfiture des actions.

Pour en revenir à l’interprétation des dispersions, nous séparons les 3 composants de la performance des fonds individuels. Supposons un gain de 10%. Nous allons identifier quelle est la portion réellement déterminée par la stratégie vis-à-vis de l’effet de marché: le bêta. La performance résiduelle demeure la prévision pure. Ces 3 composants – stratégie, bêta, prévision – expliquent le biais négatif des portefeuilles longs en actions de technologies, car la plus grande partie de la contre-performance est menée par la chute du secteur.

L’écart entre les résultats explique la différence de frais que les investisseurs sont prêts à payer pour une stratégie donnée.
Comment les dispersions vont-elles évoluer en 2023?

Elles devraient s’accentuer. Lors des précédentes années, les taux d’intérêt à zéro ont affecté les performances. Avec un coût du capital gratuit, toutes les entreprises pouvaient se financer rapidement: autant les sociétés vertueuses que les moins bien gérées, et les dispersions étaient atténuées. Or, en 2022, les taux d’intérêt ont commencé à augmenter en raison de l’inflation, ce qui a rendu les capitaux plus onéreux. Nous anticipons des réévaluations positives sur les entreprises saines n’ayant pas de problème à investir dans le Capex, et défavorables sur celles présentant des cashflows négatifs.

Les frais de gestion et de performance varient aussi selon les stratégies. Lesquelles sont les plus et les moins chères?

L’écart entre les résultats explique la différence de frais que les investisseurs sont prêts à payer pour une stratégie donnée. Parce que le bêta du marché, ou l’exposition passive n’apporte aucune valeur ajoutée à un fonds, les stratégies en question devraient afficher des frais minimes. Dès que nous accédons aux meilleurs gérants, les charges s’élèvent.

Nous nous attendons à ce que les frais d’un fonds reflètent la combinaison des composants de la performance. Ainsi, les fonds en actions long-short directionnels et les CTA de tendances devraient afficher les frais les plus bas de l’industrie. Tandis que les multi-stratégies déterminées par les prévisions de gérants sont les plus onéreuses.

La clé pour une bonne sélection réside donc dans la capacité à analyser ces sources de performance.

Quelles stratégies sont-elles les plus judicieuses dans le contexte actuel de taux d’intérêt et d’inflation?

Nous restons prudents sur les stratégies actions long-short. Nous demeurons non directionnels en raison des incertitudes en Europe et aux États-Unis: va-t-on entrer en récession? Le sommes-nous déjà? La volatilité va accompagner les marchés tout au long de l’année et nous verrons également un impact sur les bénéfices des sociétés.

Les stratégies sur le crédit (valeurs relatives, ou valeurs relatives macro) et les fonds d’arbitrage sur la dette souveraine devraient bien performer dans ce nouvel environnement.

Les fonds d’arbitrage sur les obligations convertibles, longs sur les titres hybrides et courts sur les actions sous-jacentes, vont profiter d’un volume important de nouvelles émissions prévu cette année.

Enfin, les stratégies diversifiées non corrélées aux actions et les stratégies global macro, – cette dernière ayant enregistré une bonne année en 2022 en raison des évènements géopolitiques –, restent judicieuses; pour autant ne pas se tromper de gérant.

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