Les experts s’accordent sur une monnaie américaine qui continuera de faiblir.
Le dollar arrive-t-il au bout de son long trend haussier? UBP s’attend à un changement de régime sur les marchés de changes. Non parce-que les Etats-Unis vont mal, mais parce que l’économie mondiale va se reprendre. De son côté, Lombard Odier prévoit le retour de l’euro contre dollar à 1,17 pour la fin de l’année. Eclairage.
Dynamiques monétaires de la Fed, croissance de la masse monétaire, taux d’intérêt américain bas et taux d’intérêt réel négatif: beaucoup d’éléments contribuent à diminuer l’attrait du billet vert. Depuis le mois de mars, l’index DXY, qui mesure la force du dollar contre un panier de devises, a glissé de 106 à 100. «Le dollar n’a plus de valeur de portage relative ou absolue. Les baisses des taux impliquent aussi un dollar moins cher à la vente à découvert», estime Peter Kinsella, Responsable des stratégies devises chez UBP.
s’améliore, nous voyons le dollar décliner davantage»
Dans son scénario de base, UPB table sur une reprise graduelle de l’économie. Un contexte favorable dans lequel le monde n’aura plus besoin du billet vert. «Le dollar s’affaiblit toujours après une récession. A mesure que l‘économie s’améliore, nous voyons le dollar décliner davantage», commente Peter Kinsella.
Vasileios Gkionakis, Responsable de la stratégie Forex chez Lombard Odier & Cie, pour qui le dollar était clairement surévalué, attendait le déclencheur de sa descente: «Le catalyseur a été l'amélioration du paysage économique mondial - à partir de niveaux extrêmement bas - qui a alimenté les attentes d'une reprise rapide au second semestre. Cela a forcé le marché à revoir les primes de risque qui avaient maintenu le dollar surévalué pendant une longue période». La surévaluation restant toujours importante malgré quelques points perdus depuis le mois de mars, le mouvement baissier devrait se poursuivre au moins jusqu’à la fin de l’année.
Les progrès notables du fonds de relance de l'Union européenne et le succès du programme de relance de la BCE face à la pandémie, ouvrent la voie à une reprise économique de la zone euro au second semestre. «Nous avons revu à la hausse nos prévisions de fin d'année pour l'euro contre dollar à 1,17», commente Vasileios Gkionakis.
Outre l’euro, les deux établissements privilégient également le yen qui devrait s'apprécier progressivement, reflétant la baisse des écarts de rendements réels entre les Etats-Unis et le Japon. Lombard Odier table sur un cours dollar/yen à 103 pour la fin de l'année.
est susceptible de s'estomper au fur et à mesure que la reprise se concrétisera.»
Sur l’or les prévisions sont nuancées. UPB estime que les taux d’intérêts négatifs porteront le métal jaune plus haut. «La croissance de la masse monétaire M2 suggère un juste prix de l’or autour de 2'100 dollars l’once», estime Peter Kinsella. Un optimisme que ne partage pas Sophie Chardon, stratège cross-asset senior chez Lombard Odier, qui maintient sa prévision à 12 mois de 1’600 dollars l’once d’or: «Le bilan de la Fed est un support solide, mais son impact est susceptible de s'estomper au fur et à mesure que la reprise se concrétisera. Cependant les rendements réels en territoire négatif pendant au moins deux ans limiteront sa baisse. A court terme, le métal précieux devrait se maintenir autour de 1’700 dollars l’once».
Enfin, les perspectives sur le franc suisse d’ici la fin de l’année divergent sensiblement. UPB qui estime que la devise helvétique continuera à être soutenue par l’afflux de capitaux et l’excédent de la balance courante (actuellement de 10%), anticipe un raffermissement du franc suisse à 1,02 contre euro. De son côté, Lombard Odier s’attend pour la paire de devises à un cours de 1,11 en raison des récents développements encourageants de la zone euro.