Digital et humain au cœur du succès de Vontobel

Anne Barrat

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«Notre avance digitale a prouvé sa valeur en 2020, nos talents ont fait la différence» affirme Stefano Retti de Vontobel.

Recentrée sur la gestion de fortune et d’actifs après la cession de ses activités de courtage fin 2019, Vontobel a gagné son pari. Eloquents sont les résultats financiers 2020 de la maison d’investissement fondée à Zurich en 1924 et présente à Genève depuis le début des années 90 que Stefano Retti dirige depuis 2019. Les actifs gérés ont progressé de 10% sous l’effet d’une entrée nette de 14,8 milliards de francs entre la fin du troisième et du quatrième trimestre 2020 pour finir l’année à 248,2 milliards de francs. Retraités de l’impact de la cession du courtage et des effets de change, tous les indicateurs sont au vert.

Comment expliquez-vous la santé de Vontobel dans les circonstances exceptionnelles de 2020?

Le groupe affiche un résultat avant impôt de 321 millions de francs, en hausse de 5% une fois pris en compte les impacts des variations de change. Il faut rappeler que plus de trois-quarts de nos coûts fixes sont en francs suisses, alors que nos revenus sont libellés aussi en dollars, euros ou encore livre sterling, trois devises qui ont baissé face au franc suisse en 2020. Sans l’impact du forex, la croissance serait de 14%. Un résultat plus que satisfaisant qui doit tout à notre positionnement, nos infrastructures digitales, nos ressources humaines, lesquels combinés nous ont permis de profiter du rebond des marchés au second semestre 2020. Notre positionnement: nous nous sommes recentrés sur la gestion pour mieux servir et investir dans notre rôle de conseil et de gestion d’investissements active. Nos infrastructures: les investissements considérables que nous avons faits dans des plateformes digitales, aussi bien en interne que pour les relations avec nos clients, ont porté leur fruit dès la première semaine de télétravail. Nos talents: notre stratégie de ressources humaines, saluée dans les classements – Vontobel se plaçait dans le top 3 des meilleurs employeurs romands en 2020.

«Nous avons investi massivement
ces dernières années dans nos systèmes informatiques.»
Les résultats de la filiale genevoise sont-ils en ligne avec ceux du groupe?

Absolument: nous avons connu une croissance de 10% des actifs gérés. Etant rappelé que nous couvrons principalement les activités de gestion de fortune en Suisse romande et au Moyen-Orient, nous nous sommes appuyés sur l’ADN du groupe, son approche long terme, pour rassurer nos clients en quête de vision claire dans des marchés très volatiles au premier semestre. Nos conseils aux investisseurs, fondés sur une conviction forte de gestionnaire actif, ont été de rester investis, voire de renforcer leurs positions, ce qui leur a permis de profiter pleinement du rebond du second semestre.

Quel rôle ont joué vos infrastructures digitales dans ce succès?

Essentiel, que ce soit au niveau des infrastructures internes ou des outils digitaux à destination des clients. Tant il est vrai que la digitalisation a été et reste un accélérateur de croissance, tous secteurs confondus. Nous avons investi massivement ces dernières années dans nos systèmes informatiques, qui constituent aujourd’hui un élément clé de notre différence et un avantage concurrentiel. Ainsi, notre plateforme interne a non seulement facilité le homeworking, mais aussi rendu les banquiers agiles pour répondre en temps réel à leurs clients, notamment dans les épisodes de panique tels qu’inaugurés par la chute des marchés en mars 2020. Quant à nos outils digitaux, ils se sont révélés indispensables et nous ont permis de nous rapprocher encore de nos clients. Cela étant dit, rien ne saurait remplacer la relation entre nos conseillers et nos clients: la combinaison d’outils digitaux performants et de talents est au cœur de notre stratégie. Nous avons recruté trois gestionnaires de fortune cette année à Genève, deux pour couvrir la Suisse romande, l’autre le Moyen-Orient.

Notre volonté de maintenir une croissance organique soutenue est notre
meilleure garantie de pouvoir profiter des opportunités de croissance externe.
Vontobel a une longue tradition de précurseur, est-elle toujours d’actualité dans l’environnement actuel?

Plus que jamais, sur tous les fronts. Dans le digital d’une part, qui nécessite des investissements constants pour être au fait de l’innovation. Nous continuerons à investir dans ce domaine. Dans des secteurs alternatifs d’autre part, ignorés des acteurs bancaires traditionnels en Suisse. Que ce soit les cryptos – nous avons lancé deux nouveaux trackers en 2020 – ou la titrisation – via Cosmofunding, la 1ère plate-forme de solutions en Suisse de financement destinée aux investisseurs institutionnels. 

Votre croissance est-elle seulement organique? Quid de la croissance externe?

Notre volonté de maintenir une croissance organique soutenue est notre meilleure garantie de pouvoir profiter des opportunités de croissance externe. Dans un contexte où la consolidation des banques privées, avérée depuis 2008, reste d’actualité. Notre solidité financière nous place en bonne position pour saisir une occasion dans la mesure où elle répondrait aux critères très sélectifs que nous avons.

Quels sont les principaux défis de 2021?

La fin des comptes classiques d’épargne dans un environnement de taux négatifs, le coût de détention du cash, la démocratisation de l’accès aux marchés financiers, qui nous arrive tout droit des Etats-Unis, et, bien entendu les incertitudes liées à l’évolution des marchés, particulièrement sur le premier trimestre: des défis divers auxquels la place financière suisse sera en mesure, je le crois, de répondre probablement mieux qu’aucune autre. Et ce, parce qu’elle offre aux investisseurs une diversification internationale en même temps qu’une garante d’un savoir-faire certain.

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