UBS: le bénéfice trimestriel s’envole avec le rachat de Credit Suisse

AWP

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Le groupe bancaire dirigé par Sergio Ermotti veut avoir terminé l’intégration de CS d’ici fin 2026 et va avaler ses activités suisses. Au deuxième trimestre, le bénéfice net grimpe à 29 milliards.

UBS affiche une performance record au deuxième trimestre. Le numéro un bancaire helvétique a dégagé un bénéfice net de groupe de 28,88 milliards de dollars au deuxième trimestre, contre 2,1 milliards à fin juin 2022. Le montant reflète un gain comptable de près de 29 milliards consécutif à l’acquisition de Credit Suisse.

Le gain comptable de 28,93 milliards de dollars (environ 25,17 milliards de francs), comptabilisé sous la forme d’un «goodwill négatif», reflète l’écart entre le prix consenti de 3 milliards de francs pour acquérir l’ex-numéro deux bancaire helvétique et la valeur intrinsèque de la banque aux deux voiles, compte tenu de la reprise des actifs à risques de cette dernière, estimés à 238 milliards de dollars, ressort-il du communiqué diffusé jeudi par UBS. Le bénéfice avant impôts du groupe s’est quant à lui établi à 29,2 milliards de dollars.

Le bénéfice de base avant impôts pour l’ensemble du groupe, excluant l’écart d’acquisition de Credit Suisse, le montant de cette dernière et les charges d’intégration de l’ex-numéro deux bancaire helvétique, s’est monté à 1,1 milliard de dollars, dont 2 milliards pour la seule UBS. L’établissement aux trois clefs avait affiché à l’issue du partiel correspondant de l’an dernier un résultat avant impôts de 2,1 milliards.

La perte avant impôts de Credit Suisse, dont la reprise a été finalisée le 12 juin, s’est pour sa part inscrite à 8,9 milliards de francs. Hors effets liés à l’acquisition par UBS, le montant atteint 4,3 milliards. Dans son communiqué, UBS note que la situation de l’ex-numéro deux bancaire helvétique, lequel n’en a pas moins essuyé une perte nette de 9,33 milliards de francs s’est «largement stabilisée» depuis l’annonce de la transaction initiée le 19 mars dernier sous l’impulsion de la Confédération.

Près de 40 milliards de reflux nets de fonds pour Credit Suisse

La base de clients de Credit Suisse a retrouvé la stabilité au niveau de sa base de clients, la banque enregistrant un afflux net de dépôts de 18 milliards de dollars au 2e trimestre, écrit UBS. La dynamique s’est poursuivie durant le troisième partiel actuellement en cours.

Côté revenus, le groupe UBS a enregistré des produits totaux de 9,54 milliards de dollars, contre 8,92 milliards un an auparavant. Les charges d’exploitation ont quant à elles bondi à 8,48 milliards, contre 6,29 milliards à fin juin 2022. Le résultat d’exploitation, y compris les effets liés à la reprise de Credit Suisse, s’est hissé à 29,24 milliards contre 2,61 milliards douze mois auparavant.

UBS a continué à d’attirer des actifs au deuxième trimestre. Dans son activité principale de gestion de fortune, Global Wealth Management, la banque a enregistré un afflux net record de capitaux depuis plus de dix ans pour un deuxième trimestre à hauteur de 16 milliards de dollars. Credit Suisse a pour sa part subi un reflux net d’argent total de 39,2 milliards de francs sur la période sous revue.

A fin juin, le groupe UBS gérait des actifs d’un total de 5530 milliards de dollars, contre 4184 milliards trois mois auparavant.

Evoquant la suite de l’exercice, UBS se veut optimiste, en dépit d’incertitudes toujours bien présentes. Faisant part d’un sentiment amélioré au niveau de la clientèle fortunée, la première banque helvétique anticipe des afflux nets de fonds «positifs» dans ses activités de gestion de fortune et d’actifs.

UBS vise 10 milliards d’économies avec l’intégration de Credit Suisse

UBS a dévoilé jeudi l’ampleur des coupes dans les coûts, sans détailler le nombre de postes devant être supprimés dans le cadre de l’intégration de son ex-rivale Credit Suisse. La banque aux trois clés est pourtant particulièrement attendue sur ce point.

Le groupe bancaire dirigé par Sergio Ermotti veut avoir terminé l’intégration de la banque aux deux voiles d’ici fin 2026. Dans ce cadre, UBS vise des réductions de coûts brutes d’environ 10 milliards de dollars (8,8 milliards de francs), a-t-il indiqué dans un communiqué.

L’établissement veut par ailleurs atteindre un rapport entre les coûts et les revenus, un indicateur clé dans le secteur, inférieur à 70%, contre 88,9% actuellement. Le rendement des fonds propres durs (CET1) doit quant à lui s’approcher des 15% d’ici fin 2026.

UBS, qui fonctionne depuis la fusion forcée mi-mars avec deux sociétés-mères indépendantes UBS AG et Credit Suisse AG, a dans l’immédiat fait l’impasse sur l’ampleur des réductions d’effectifs.

L’agence Bloomberg, se basant sur des sources anonymes, avait affirmé fin juin que la moitié des employés de Credit Suisse allaient perdre leur emploi, soit quelque 35’000 postes. Les salariés de la banque d’affaires à Londres, New York et en Asie seraient ceux qui doivent le plus craindre pour leur emploi.

Selon les documents publiés jeudi, les deux groupes bancaires fusionnés comptaient fin juin quelque 119’100 postes. Dans son rapport trimestriel, UBS explique le bond de 45’286 employés comparé à fin mars essentiellement par l’arrivée des employés de Credit Suisse au sein d’UBS. A la fin de l’année dernière, Credit Suisse comptait 50’480 salariés, selon le rapport annuel de la banque aux deux voiles.

Empêtrée dans des scandales à répétition depuis plusieurs années, Credit Suisse avait vu sa situation se détériorer rapidement début 2023. Dans le cadre du plan de sauvetage dévoilé le 19 mars par les autorités helvétiques, UBS avait alors accepté de reprendre son ancienne rivale pour 3 milliards de francs, après avoir obtenu d’importantes garanties financières de la part de la Confédération et de la Banque nationale suisse, auxquelles elle a depuis renoncé.

 

Intégration de Credit Suisse (Suisse) dès l’an prochain
La question de l’avenir de Credit Suisse est désormais tranchée. Le nouveau propriétaire UBS annonce l’assimilation dès l’an prochain des activités de son ancienne rivale malheureuse en Suisse. La marque Credit Suisse sera maintenue jusqu’à finalisation de la migration des clients, agendée pour 2025.
La banque aux trois clés s’est par ailleurs dotée d’une unité de défaisance, dans laquelle ont été placées les actifs et passifs dont Credit Suisse entendait déjà se séparer au préalable, ainsi qu’une une grande part des activités de banque d’affaires, de la gestion de fortune et de la gestion d’actifs de l’établissement aux deux voiles.L’entité comprend également des actifs et passifs d’UBS, considérés non stratégiques à la lueur du rapprochement. Les actifs pondérés au risque de l’unité de défaisance étaient devisés au 30 juin à environ 55 milliards de dollars, représentant une exposition totale de 224 milliards, précise UBS au détour de la présentation des premiers résultats trimestriels consolidés.La question du maintien ou non de l’entité helvétique de Credit Suisse, la plus rentable, taraudait les observateurs depuis l’annonce du mariage forcé des deux principaux établissements du pays sous l’égide de la Confédération, annoncé mi-mars et finalisé trois mois plus tard. Le rachat de Credit Suisse, alors confronté à un insondable déficit de confiance, devait permettre d’éviter une contagion au reste du système bancaire.

 

 

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