Le bénéfice net d’UBS accélère en 2022

AWP

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Au seul quatrième trimestre, la banque aux trois clés a vu son bénéfice d’exploitation accélérer de 12% sur un an à 1,94 milliard, tandis que le profit net a bondi de 23% à 1,65 milliard.

UBS a passé sans encombre une année 2022 semée d’embuches, qui a vu les marchés financiers chuter sous l’effet de la guerre en Ukraine, la crise énergétique et l’envolée mondiale des prix. Dans ce contexte tendu, le numéro un mondial de la gestion de fortune a profité d’importants afflux d’argent et va récompenser ses actionnaires.

«Cette performance est d’autant plus remarquable que l’année a été caractérisée par un contexte macroéconomique difficile, une inflation persistante, un resserrement rapide des politiques monétaires, la guerre entre la Russie et l’Ukraine, l’impact du Covid en Chine et d’autres tensions géopolitiques», a énuméré le directeur général Ralph Hamers.

Dans cet environnement, qui a vu les Bourses mondiales plonger, «les clients privés sont plutôt restés en retrait pendant la majeure partie de l’année, refroidis par la forte incertitude et les tendances adverses du marché». Mais la clientèle institutionnelle s’est «montrée très active, sur fond de forte volatilité des marchés d’actions au premier semestre et de solidité des marchés des changes et des taux au second semestre».

Preuve de la confiance dont bénéficie la banque, cette dernière a encaissé dans son coeur de métier, la gestion de fortune mondiale, pas moins de 60 milliards de dollars d’afflux nets générant des commissions, dont 23 milliards au seul dernier trimestre après 17,1 milliards au partiel précédent.

Reflux chez Credit Suisse pas essentiels

Interrogé sur les turpitudes de son voisin et concurrent Credit Suisse, qui a subi d’importantes sorties d’argent en fin d’année dernière, le patron néerlandais a seulement indiqué que cela « n’a pas été le moteur principal» des afflux de liquidités chez UBS au quatrième trimestre.

En novembre dernier, Credit Suisse avait fait état de retraits avoisinant les 84 milliards de francs au dernier partiel, dont 64 milliards pour la seule activité de gestion de fortune. Pour le 4e trimestre, le numéro deux bancaire helvétique anticipe une perte avant impôts pouvant atteindre 1,5 milliard de francs.

Les résultats d’UBS contrastent cruellement avec ceux de son rival. En 2022, le numéro un helvétique a en effet enregistré un résultat avant impôts en hausse de 1,3% à 9,6 milliards de dollars. Le bénéfice net attribuable aux actionnaires s’est quant à lui établi à 7,63 milliards (7,1 milliards de francs), en progression de 2%.

Le produit d’exploitation s’est par contre contracté de 2% à 34,6 milliards de dollars, alors que les charges ont baissé de 4% à 24,9 milliards. Le recul des coûts s’explique notamment par les réserves financières de 740 millions de dollars constituées en 2021 dans le cadre du litige avec les activités transfrontalières en France.

Les actionnaires profiteront d’un dividende de 0,55 dollar par action, après avoir reçu 0,50 dollar au titre de 2021. L’établissement zurichois va par ailleurs lancer un nouveau programme de rachat d’actions à hauteur de 5 milliards de dollars, après en avoir acquis pour 5,6 milliards l’année précédente.

Accélération des réductions de coûts

Au seul quatrième trimestre, la banque aux trois clés a vu son bénéfice d’exploitation accélérer de 12% sur un an à 1,94 milliard de dollars, tandis que le profit net a bondi de 23% à 1,65 milliard.

Ces chiffres sont clairement supérieurs aux prévisions des analystes consultés par l’agence AWP et aux propres projections du groupe pour l’ensemble de l’année écoulée.

Dans l’activité stratégique de gestion de fortune (GWM), UBS a vu sur les trois derniers mois de l’année ses revenus reculer de 5% sur un an, tout comme les charges (-17%). Le repli des coûts s’explique essentiellement par les provisions pour le litige en France inscrites au dernier trimestre 2021. Du coup, le bénéfice avant impôts de cette unité a bondi de 88% à 1,1 milliard.

«Nous avons atteint les objectifs que nous nous étions fixés et sommes confiants quant à notre capacité à faire de même en 2023», a estimé M. Hamers. Les objectifs du groupe demeurent inchangés, avec notamment un rendement des fonds propres durs de 15-18%, un rapport entre les coûts et les revenus de 70-73% et une capitalisation (CET1) autour de 13%.

Selon le patron néerlandais, le groupe a démarré l’année 2023 «en bonne posture» et vise une «évolution progressive des dividendes». Alors que les coûts - hors litiges et effets de change - devraient croître de 2-3%, UBS a relevé son objectif d’économies à 1,1 milliard de dollars, contre 1 milliard précédemment.

A la bourse, l'action UBS a terminé en baisse de 2,1% à 19,44 francs, dans un SM en recul de 0,82%.

 

UBS: la Suisse plus performante des régions

Les activités d’UBS en Suisse sont parmi les plus performantes du groupe en matière de rentabilité en comparaison internationale, alors que la Confédération fait habituellement figure d’îlot de cherté pour les entreprises.

Les activités helvétiques de la banque aux trois clés ont généré un bénéfice avant impôts de 3,1 milliards de dollars l’année dernière, sur un total de 9,6 milliards enregistrés pour l’ensemble du groupe, a précisé UBS mardi dans des documents publiés en marge de la présentation des résultats annuels.

Avec des dépenses opérationnelles de 4,5 milliards en 2022, le rapport entre les coûts et les recettes - un indicateur très suivi - s’est établi à 58%, affichant le meilleur score comparé aux autres régions où l’établissement est actif. A titre de comparaison, ce ratio s’est établi à 86% aux Amériques et à 67% dans la région Europe, Moyen-Orient et Afrique (Emea) ainsi qu’en Asie-Pacifique.

Dans la gestion de fortune mondiale (GWM), coeur du métier du groupe, la Suisse a rapporté avec 9,1 milliards de dollars près de la moitié des afflux nets générant des commissions dans la région Emea (20,3 milliards). Dans cette unité stratégique, le ratio coûts-revenus est également le plus bas en Suisse avec seulement 55,2%, à comparer avec 83,7% aux Amériques, 61,9% en Emea et 63,2% en Asie-Pacifique.

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