La nouvelle dirigeante de Commerzbank a pointé de sérieux risques en cas d’acquisition de la deuxième banque allemande par sa concurrente italienne UniCredit, qui pourrait conduire à une «paralysie», dans une interview lundi à la presse allemande.
«L’intégration de deux grandes banques est extrêmement difficile», a déclaré Bettina Orlopp, qui a pris la direction de Commerzbank au début du mois, dans une interview publié par le quotidien économique Handelsblatt.
Elle cite le précédent de l’acquisition de l’allemande Dresdner Bank en 2008, juste avant la grande crise financière: Commerzbank avait été accaparée plusieurs années en voulant fusionner les systèmes informatiques des deux banques.
«Nous ne pouvons pas nous permettre une telle paralysie dans le contexte actuel, marqué par de nombreuses révolutions technologiques et une concurrence très intense», argue l’ancienne consultante chez Mc Kinsey qui fut auparavant directrice financière de la banque.
Cette fusion donnerait naissance au 8eme groupe bancaire européen en terme de bilan, derrière la suisse UBS et devant la première banque allemande Deutsche Bank, selon l’agence Bloomberg.
UniCredit a fait une entrée significative dans le capital de Commerzbank en septembre, possédant jusqu’à 21% des titres sous réserve des autorisations requises, et son patron Andrea Orcel ne fait pas de mystère qu’il souhaite augmenter cette participation.
Un rapprochement entre les deux banques ferait que les PME et grandes entreprises allemandes obtiendraient moins de crédits si Commerzbank était rachetée par UniCredit, affirme la banquière.
«Dans le secteur des clients entreprises, il y a de grands chevauchements entre la filiale allemande d’UniCredit, HVB, et nous», faisant qu’en cas de fusion «il faudrait réduire les engagements de crédit auprès de certaines entreprises pour éviter les risques de concentration.»
Autre conséquence néfaste: «notre notation (financière) se détériorerait, probablement de manière significative», avec dans la foulée «une augmentation de nos coûts de refinancement».
Commerzbank est actuellement mieux notée par l’agence S&P qu’UniCredit, dont le bilan comprend un certain nombre d’obligations émises par l’État italien.
Au final, une fusion entre Commerzbank et UniCredit «ne favoriserait pas» l’intégration et l’harmonisation des systèmes financiers et bancaires au sein de l’Union européenne, est convaincue Mme Orlopp.
La présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, a récemment jugé que les fusions transfrontalières au sein de l’UE étaient au contraire «souhaitables» pour renforcer la compétitivité des banques notamment en face des groupes chinois et américains.