La présidente du groupe d’experts économiques conseillant le gouvernement allemand, Monika Schnitzer, a balayé lundi les objections des opposants à une fusion entre Commerzbank et Unicredit, estimant notamment que ce n’est pas à Berlin de s’occuper des risques d’une telle opération.
«Sur le principe, il n’y a pas d’objection à ce qu’une banque allemande soit rachetée par une banque étrangère», écrit Mme Schnitzer, dans un message transmis à l’AFP.
La présidente des «sages» allemands, un groupe de cinq experts particulièrement respectés, récuse les inquiétudes concernant l’emploi et l’activité de la deuxième banque allemande, en cas de rachat par sa rivale italienne.
«Les objections formulées par certains (...), à savoir que des emplois seraient perdus et que les PME allemandes seraient coupées de leur financement, ne sont pas convaincantes», estime-t-elle.
«Une augmentation de la productivité est indiquée pour devenir plus compétitif au niveau international. Et une banque étrangère veut également faire des affaires, c’est-à-dire accorder des crédits, ce qui est l’objectif de la reprise», défend l’économiste.
Quant à savoir «si Unicredit ne deviendra pas trop grande et ne représentera pas un risque systémique, ce n’est pas au gouvernement allemand de l’empêcher», dit-elle. «C’est à la BCE et à la Commission européenne qu’il revient d’examiner le risque systémique, et à la Commission européenne d’examiner les effets sur la concurrence».
Le directeur général d’Unicredit, Andrea Orcel, ne fait pas mystère de son désir de fusionner sa banque avec Commerzbank.
Début septembre, Unicredit est entré au capital de la banque allemande à hauteur de 9,2% et sa part pourrait monter à plus de 21% si les autorisations sont données.
Jalouse de son indépendance, Commerzbank a quant à elle relevé jeudi ses prévisions de rentabilité et a annoncé vouloir mieux rémunérer ses actionnaires, dans le but de faire monter son cours en Bourse et de rendre son rachat plus coûteux.
Le gouvernement allemand soutient la stratégie du groupe et a informé Unicredit qu’il était défavorable à un rachat, le chancelier Olaf Scholz déclarant même que «les prises de contrôle forcées ne sont pas bonnes pour les banques».
Berlin, qui détient encore 12% des parts du groupe, a décidé de ne pas vendre d’autres actions Commerzbank pour l’instant, après la vente d’un paquet de 4,5% du capital début septembre, racheté entièrement par Unicredit.
L’Etat allemand n’a cependant pas les moyens directs de bloquer les ambitions d’Unicredit.
La démarche d’Unicredit pourrait faire naître de nouveaux champions européens du secteur bancaire, soulignent les experts.
«Le marché financier européen est trop peu intégré et, en comparaison internationale, les banques allemandes ne sont pas assez compétitives», avait écrit sur X en septembre Mme Schnitzer jugeant qu’»une consolidation et une amélioration de la productivité sont nécessaires».