Des résultats robustes pour la BCN en 2022

Communiqué, Banque Cantonale Neuchâteloise

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Par rapport à l’exercice 2021 soumis à des conditions extraordinaires, le résultat opérationnel était attendu en recul. Il atteint tout de même 63,6 millions de francs.

Cinq chiffres clés

  • Le bénéfice de l’exercice est stable à 42,6 millions de francs;
  • Les hypothèques représentent 8’352 millions de francs, en croissance de 1,9%;
  • Les fonds de la clientèle au bilan, y compris les obligations de caisse, se montent à 6’506 millions de francs, soit un recul de 1,4%;
  • Les fonds propres atteignent 944,3 millions de francs, en augmentation de 1,3%;
  • Le total du bilan se monte à 11,3 milliards de francs, en recul de 2,2%.

Malgré le démarrage d’un conflit armé sur sol européen et une inflation persistante, le niveau d’activité économique s’est révélé élevé l’an dernier, permettant à la Banque Cantonale Neuchâteloise (BCN) de réaliser un très bon exercice 2022. Par rapport à l’exercice 2021 soumis à des conditions extraordinaires, le résultat opérationnel était attendu en recul. Il atteint tout de même 63,6 millions de francs, permettant à l’établissement de jouer pleinement son rôle de soutien économique et social, tout en maintenant des versements à l’Etat à hauteur de 30 millions de francs.

Evolution des revenus

Les revenus 2022 atteignent 140,0 millions de francs (-4,7%). Principale composante des revenus, les opérations d’intérêt ont été fortement impactées par la hausse brutale des taux d’intérêt de la Banque Nationale Suisse. Dès la première annonce en juin et alors que les taux de référence étaient encore négatifs, la Banque Cantonale Neuchâteloise a déjà supprimé les taux négatifs pour la clientèle privée et entreprises, mettant ainsi par anticipation un terme à une période difficile. Ce phénomène s’est ajouté à un effet d’inertie, qui voit les charges d’intérêt varier plus rapidement que les produits lors de mouvement de marché, pour exercer une pression à la baisse sur cette catégorie de revenus. Ils reculent de 3,0% à 98,1 millions de francs. La clientèle de la BCN a ainsi bénéficié, en 2022, d’une politique commerciale généreuse en matière d’hypothèque forward (réservation de taux).

Si le processus de normalisation des taux pèse quelque peu sur les résultats, d’un point de vue macroéconomique, cette situation permet à nouveau une saine allocation dans les opérations financières. A noter que la situation de risque ne s’est pas détériorée durant l’exercice, si bien que la variation des corrections de valeur pour risques de défaillance n’a pas d’influence sur le résultat des opérations d’intérêt.

Seconde source de revenus de l’établissement, le résultat des opérations de commissions et autres prestations de service est positif, en particulier dans le contexte d’une forte volatilité des marchés financiers. En effet, la très bonne tenue des volumes dans le domaine des fonds de placement, des mandats de gestion discrétionnaires et des solutions de conseils a pu en partie compenser une baisse dans le domaine des courtages. Les opérations de crédit et surtout les autres prestations de service ont permis d’augmenter les revenus de cette rubrique, qui atteignent 30,2 millions de francs (+7,5%), niveau jamais atteint auparavant.

Les opérations de négoce ont quant à elles permis de réaliser des revenus globaux de 9,4 millions de francs (+6,3%), soutenus notamment par le retour à une plus grande volatilité dans le domaine des devises, favorisant les échanges. Par ailleurs, le portefeuille de négoce de la banque enregistre une performance négative en raison de l’orientation des marchés, ce qui pèse quelque peu sur le résultat de cette rubrique (-0,8 million de francs).

Les autres résultats ordinaires reculent cette année à 2,3 millions de francs (-40,5%). Cette baisse est essentiellement imputable à la situation sur les marchés financiers: d’une part, les résultats lors de l’aliénation de titres ont reculé et d’autre part, le principe de comptabilisation à la valeur la plus basse entre prix d’achat et cours conduit à une charge de 1 million de francs.

Evolution des charges

Les charges de personnel affichent un léger recul, à 40,0 millions de francs (-1,2%). Cette relative stabilité témoigne de la rigueur de la gestion dans ce domaine, mais également des difficultés rencontrées dans le recrutement en raison d’un marché du travail sous tension, entraînant une sous-dotation passagère en personnel. La complexification de l’activité bancaire et l’engagement de ressources toujours plus spécialisées entraîneront une hausse des charges de personnel à l’avenir.

Les autres charges d’exploitation enregistrent quant à elles une hausse marquée en 2022, à 30,2 millions de francs (+15,6%). Cette augmentation est due à plusieurs facteurs. La mise en service de nouveaux systèmes et de nouvelles prestations dans le domaine des paiements implique de nouvelles charges, tout comme la prise en compte de l’accroissement de la menace cyber. Par ailleurs, dans le domaine du marketing et du sponsoring, un effet de base est lié au fait qu’en 2021, une partie des activités sportives et culturelles étaient encore à l’arrêt durant le premier semestre. L’année 2022 marque en quelque sorte un retour à la normale post pandémie.

Corrections de valeur sur participations et amortissements et variation des provisions

Les amortissements réalisés en 2022 portent sur 6,6 millions de francs, contre 7,6 millions un an auparavant. La situation favorable sur le plan des risques de contrepartie impacte également les crédits d’engagement, ce qui permet de réduire les provisions et les autres corrections de valeur et pertes de 0,4 million de francs.

Résultat opérationnel et bénéfice de l’exercice

En chiffre, l’exercice 2022 se solde par un résultat opérationnel de 63,6 millions de francs. C’est la quatrième année consécutive qu’il dépasse la barre des 60 millions. Le bénéfice de l’exercice est quant à lui parfaitement stable à 42,6 millions de francs. Le modèle d’affaire de la banque, ainsi que sa politique de risques, ont permis de réaliser ces solides résultats malgré un contexte exigeant et des conditions de marché particulièrement chahutées.

L’efficience opérationnelle, traduite par le rapport entre les coûts et les revenus, s’est légèrement dégradée au cours de l’exercice écoulé, puisqu’elle s’élève à 50,1%, contre 45,3% une année auparavant.

C’est le lieu de préciser que, comme cela avait été communiqué plus tôt dans l’année 2022, les résultats présentés ci-dessus ne sont pas touchés par le cas de fraude interne découvert en 2021 et dénoncé par la banque.

Versement au Canton de Neuchâtel et augmentation des fonds propres de la banque

Grâce à ce résultat solide, la banque peut maintenir sa contribution globale au canton de Neuchâtel à 30 millions de francs, répartie de la manière suivante:

  • Rémunération de la garantie de l’Etat, soit CHF 1’147’000
  • Intérêts du capital de dotation de CHF 100 millions à 5%, CHF 5’000’000
  • Attribution complémentaire de CHF 23’853’000

Le bénéfice de l’exercice permet en outre une attribution d’un montant de 12,6 millions de francs à la réserve légale. La réserve pour risques bancaires généraux reste stable, car l’allocation réalisée cette année a été compensée par l’attribution d’un montant quasi identique aux corrections de valeur suite à la mise en place d’un nouveau modèle pour la détermination des risques inhérents de défaillance aux opérations de crédit.

Evolution du bilan

Le bilan de la banque enregistre un recul de 2,2% en 2022. Il atteint désormais 11,3 milliards de francs.

A l’actif

Dans le cadre de la gestion de la trésorerie, les liquidités disponibles à très court terme ont été réduites à 1,37 milliard de francs, ce qui représente une baisse de 26,6%. Les créances sur les banques quant à elles augmentent de 47 millions, à 164,6 millions de francs. Dans le domaine des avances faites à la clientèle, le volume des prêts hypothécaires en cours en fin d’année progresse de 157 millions de francs (+1,9%), alors que les créances sur la clientèle, qui enregistrent notamment les crédits aux PME, se replient de 99,2 millions (-11,8%). Les crédits Covid, accordés en 2020 par la banque, totalisaient au plus haut la somme de 138 millions de francs. Dès fin mars 2022, des plans de remboursement ont été introduits. Au 31.12.2022, ces facilités de crédit représentaient encore 55,6 millions de francs.

Les immobilisations financières augmentent de 107,8 millions de francs (+24%), les conditions de marché étant à nouveau favorables après la normalisation des taux d’intérêt sur le franc.

Au passif

Les engagements à court terme envers les banques ont augmenté (77,9 millions de francs ou 7,6%), alors qu’il n’y avait pas d’opérations de financement de titres ouvertes à la date de clôture. Les fonds déposés par la clientèle, que ce soit en compte ou sous la forme d’obligations de caisse, s’inscrivent en léger recul, avec une diminution nette de 95,4 millions de francs (-1,4%).

Perspectives pour 2023

Alors que la situation conjoncturelle s’est étonnamment maintenue à un bon niveau en 2022 malgré le contexte mondial, les prévisions ont globalement été revues à la baisse pour 2023. Le spectre d’une récession aux Etats-Unis et en Suisse s’est toutefois légèrement éloigné et l’augmentation généralisée des prix semble s’atténuer. Par conséquent, les banques centrales pourraient réduire le rythme de leur resserrement monétaire, ce qui, si cela se traduit par une relative stabilité des taux d’intérêt, constituerait un scénario idéal. Il verrait à la fois la situation des taux d’intérêt être normalisée, sans pour autant voir le crédit se renchérir au point de générer des problèmes de solvabilité pour les emprunteurs.

Au niveau de son résultat, la BCN attend une augmentation progressive de ses revenus d’intérêt durant l’exercice. Les opérations de commissions et autres prestations de service devraient légèrement fléchir alors que les opérations de négoce devraient rester stables. Les charges de personnel et d’exploitation enregistreront une augmentation en lien avec les développements de la Banque et ceux-ci ne seront que partiellement compensés par de nouvelles sources de revenus, tout du moins à court et moyen terme.

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