Temenos a annoncé lundi le départ de son directeur général (CEO) Max Chuard et le remplacement prochain de son président Andreas Andreades, dans la foulée de la publication d’un nouveau repli des résultats au quatrième trimestre. La perspective de sang neuf dans les instances dirigeantes, réclamé par plusieurs actionnaires, a été acclamée par le marché.

Les revenus engrangés entre octobre et décembre sont ressortis à 277,9 millions de dollars, en baisse de 4,2% par rapport à la même période un an plus tôt. L’excédent opérationnel (Ebit) a quant à lui fondu de 26,9% à 93,9 millions, pour une marge correspondante de 33,8%, en recul de 10,5 points de pourcentage.

Selon les chiffres préliminaires communiqués par le développeur genevois de logiciels bancaires, l’Ebit sur l’ensemble de l’année a chuté de 24% à 272,3 millions. La feuille de route pour l’exercice qui vient de débuter sera communiquée le 20 février à l’occasion de la publication des résultats annuels détaillés.

Dans un communiqué distinct, Temenos a annoncé le départ avec effet immédiat de son patron, fortement contesté au sein de l’actionnariat depuis l’avertissement sur bénéfices lancé l’automne dernier. La recherche d’un nouveau CEO a été engagée et devrait aboutir «au plus tard» d’ici la fin de année. Max Chuard restera «à titre consultatif pour assurer une transition en douceur», précise Temenos.

D’ici là, le président du conseil d’administration Andreas Andreades assurera l’intérim. Lui-même ne sera pas candidat à un nouveau mandat lors de la prochaine assemblée générale. Pour lui succéder, l’organe de surveillance soumettra aux actionnaires la candidature du vice-président Thibault de Tersant, un ancien du français Dassault Systèmes.

Se disant «extrêmement fier» de ce que l’entreprise a réalisé pendant la vingtaine d’années passées à son service, notamment en tant que directeur financier (CFO) et opérationnel (COO), le CEO sortant a salué les progrès réalisés dans la transition du modèle d’affaires de Temenos d’un système de licence à un système d’abonnement décentralisé (SaaS).

Les deux dirigeants étaient pointés du doigt depuis des mois par certains actionnaires. Le plus virulent de tous, le fonds Petrus Advisers, avait exigé en novembre un réexamen stratégique passant par le départ du patron et du président, qui «après des années à se remplir les poches sans la moindre gêne», ont selon lui «échoué de façon flagrante».

Dans un communiqué, l’investisseur britannique a d’ailleurs regretté que les rênes de l’entreprise aient été confiées, même à titre intérimaire, au président sortant, qui aura «un rôle encore plus puissant à jouer au cours des prochains mois», et exigé que ce dernier - un «vestige du passé» - ne participe pas à la recherche du successeur de Max Chuard.

Même son de cloche du côté de Patinex, actionnaire principal de Temenos une participation de 12,3%. Discrète jusqu’ici, la société d’investissement schwytzoise aux mains du financier Martin Ebner a réaffirmé son «engagement à long terme» dans l’entreprise, se félicitant d’un changement de direction «qui aurait dû avoir lieu depuis longtemps».

Sollicitée par AWP, la direction de Temenos n’a pas souhaité fournir plus de commentaires sur les raisons du remaniement de ses instances dirigeantes, pas plus que sur ses possibles répercussions sur la marche des affaires, la rétribution des actionnaires ou encore sa cotation en Bourse.

Dans son commentaire, la Banque cantonale de Zurich (ZKB) rappelle que le départ des deux dirigeants répond à l’aspiration d’actionnaires activistes de voir du sang neuf à la tête de l’entreprise.

Vontobel estime que ce remaniement marque le début d’une période de changement qui devrait aider à restaurer la confiance des investisseurs, alors que Baader Helvea appelle à la retenue, en attendant de voir quelle sera la stratégie adoptée par le futur CEO de Temenos, ainsi que ses coûts éventuels.

Que ce soit en raison d’un quatrième partiel meilleur qu’attendu ou de l’annonce du départ de ses deux principaux dirigeants, les détenteurs de capitaux ont plébiscité le titre à la Bourse suisse. A la clôture, la nominative Temenos a terminé en hausse de 8,9% à 62,00 francs, surpassant largement son indice de référence, le Swiss Leader Index (SLI), qui a fini sur un gain de 1,37%.