Credit Suisse subit une lourde perte en 2022

AWP

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Le numéro deux bancaire helvétique a enregistré une perte nette de 7,29 milliards de francs en 2022, le plus lourd débours depuis la crise financière de 2008.

La banque Credit Suisse a subi une perte abyssale l’année dernière, conséquence de ses déboires financiers et de la vaste restructuration amorcée en 2022. Les actionnaires devront se contenter d’un dividende de 5 centimes, après 10 centimes un an plus tôt.

Le numéro deux bancaire helvétique a enregistré une perte nette de 7,29 milliards de francs en 2022, le plus lourd débours depuis la crise financière de 2008, et après avoir déjà inscrit un résultat net négatif de 1,65 milliard en 2021, a annoncé l’établissement zurichois jeudi.

Le produit net s’est contracté de 34% à 14,92 milliards et la perte avant impôts a atteint 3,26 milliards, contre -600 millions un an plus tôt.

Au seul quatrième trimestre, la banque aux deux voiles a cependant réduit sa perte nette à 1,39 milliard, après -2,1 milliards un an plus tôt, ce qui en fait néanmoins la cinquième perte trimestrielle d’affilée. Ce résultat n’est pas une surprise, puisque la société avait averti en novembre dernier s’attendre à une perte avant impôts d’environ 1,5 milliard au dernier partiel.

Ces chiffres trimestriels sont supérieurs aux prévisions des analystes interrogés par l’agence AWP.

Ces résultats «ont été très fortement affectés par l’environnement tant macroéconomique que géopolitique difficile, qui a généré de l’incertitude sur les marchés et une aversion au risque chez les clients. Cet environnement a eu un impact défavorable sur l’activité clientèle dans toutes nos divisions», a expliqué l’établissement.

Le groupe a aussi fait face à de vastes sorties d’argent nouveau. Ces reflux ont atteint 123,2 milliards sur l’ensemble de l’année. Credit Suisse avait précédemment fait état, sur les premières semaines d’octobre, de retraits avoisinant les 84 milliards, dont 64 milliards pour la seule activité de gestion de fortune. Les actifs sous gestion ont quant à eux reculé de 19,8% à 1294 milliards.

Malgré ces difficultés, la banque est parvenue à améliorer sa capitalisation, le ratio de fonds propres durs (CET1) montant à 14,1% au quatrième trimestre 2022, contre 12,6% au partiel précédent.

«Un plan clair»

«2022 a été une année cruciale pour le Credit Suisse. Nous avons annoncé notre plan stratégique pour créer une banque plus simple, plus ciblée, axée sur les besoins de ses clients et depuis octobre nous le mettons en oeuvre à un rythme soutenu», a indiqué le directeur général Ulrich Körner, cité dans un communiqué.

Face à ses nombreux déboires, Credit Suisse avait annoncé l’année dernière un vaste plan de relance comprenant une «restructuration radicale» de sa banque d’affaires et une réduction des coûts se soldant par 9000 emplois supprimés. Ses actionnaires ont par ailleurs validé une augmentation de capital de 4 milliards de francs.

Selon le patron, la banque dispose désormais «d’un plan clair pour créer un nouveau Credit Suisse». Le groupe veut «continuer à mener à bien (sa) transformation stratégique sur trois ans en redéfinissant les contours de (son) portefeuille, en réallouant le capital, en réduisant la taille de (sa) base de coûts et en tirant parti de (ses) activités ‘leaders’», a-t-il ajouté.

Concernant sa future spin-off CS First Boston, qui doit comprendre les activités de banques d’affaires, Credit Suisse a annoncé l’acquisition de The Klein Group pour 175 millions de dollars.

En guise de perspective pour 2023, Credit Suisse a averti s’attendre à une perte avant impôts «substantielle», sans détailler de chiffre. La banque table sur des charges de restructuration de 1,6 milliard cette année et de 1,0 milliard la suivante. D’ici 2025, elle vise un ratio CET1 de 13,5%.

 

Les bonus réduits de moitié après une lourde perte

Credit Suisse, confrontée à de lourdes pertes l’année dernière, va réduire de 50% le montant disponible pour les bonus des salariés au titre de 2022, a indiqué le directeur financier Dixit Joshi jeudi lors d’une conférence de presse.

Cette mesure n’est cependant pas une surprise, les dirigeants de l’établissement zurichois ayant averti ces dernières semaines que les compensations variables seraient revues en baisse, du fait de la restructuration et des faibles résultats.

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