Après l’affaire Greensill, Credit Suisse se trouve empêtré dans celle d’un fonds spéculatif américain. Le numéro deux bancaire helvétique pourrait enregistrer une perte importante au premier trimestre. Son action buvait la tasse à la Bourse suisse.

Credit Suisse pourrait connaître une perte «très importante et matérielle pour (ses) résultats du premier trimestre». Un fonds spéculatif américain (hedge fund) a fait défaut la semaine dernière. La banque aux deux voiles et d’autres «sont en train de sortir de ces positions» liées à cette structure non nommée, selon le communiqué. La banque juge prématuré de quantifier la perte et donnera plus de détails «en temps voulu».

Selon plusieurs médias internationaux, le fonds concerné est Archegos Capital Management, fondé par Bill Hwang, qui n’a pas répondu aux appels de marge de ses prêteurs. D’après Bloomberg, le family office s’est débarrassé vendredi de 20 milliards de dollars d’actions, contraint par ses prêteurs. Le Wall Street Journal évoque 30 milliards. «Le fonds, qui était fortement exposé à ViacomCBS et à plusieurs valeurs technologiques chinoises, aurait été durement touché après que les actions de ViacomCBS ont commencé à chuter mardi et mercredi», a expliqué John Plassard de Mirabaud dans un commentaire lundi.

Goldman Sachs et Morgan Stanley, qui ont alimenté ce fonds comme Credit Suisse - d’après Bloomberg - ont aussi vendu pour plusieurs milliards de positions dans des groupes technologiques. Deutsche Bank et UBS auraient aussi servi de courtiers principaux à Archegos, selon plusieurs médias. La banque aux trois clés n’a pas voulu indiquer à AWP si elle était concernée.

La Finma s’occupe aussi de ce cas. Le gendarme financier a dit à AWP avoir été informé par CS et être en contact avec l’établissement, comme le veut la procédure.

Credit Suisse a vu son titre plonger à la Bourse de Zurich dès l’ouverture du marché, comme d’autres. La banque japonaise Nomura, également mêlée à cette affaire selon Bloomberg, a chuté de plus de 16% à Tokyo. De nombreux titres bancaires étaient à la peine lundi, que ce soit à Londres, Francfort ou Paris.

Le numéro deux bancaire suisse est déjà pris dans la tourmente Greensill, du nom de la société d’investissement britannique en faillite. Il a déjà averti dans son rapport annuel qu’il pourrait faire face à des charges et subir une perte non précisées dans le cadre de la dissolution des fonds en difficultés.

Mi-mars, il annonçait qu’il allait commencer le remboursement des quelque 10 milliards de dollars (9,3 milliards de francs) investis dans ces quatre véhicules de placement nommés «Supply Chain Finance Funds» (SCFF). L’affaire pourrait aussi aller sur le terrain judiciaire. La banque pourrait faire face à une plainte collective d’investisseurs, ce que souhaite lancer une entreprise financière basée à Londres, Alcimos.

«Alors que l’affaire Greensill est loin d’être résolue, Credit Suisse fait face à un autre problème qui pourrait avoir un impact important sur ses résultats», note Andreas Venditti de Vontobel dans un commentaire. Il prédit que les conséquences de ce désendettement forcé sur plusieurs banques vont alimenter les chroniques des prochains jours et semaines.

La Banque cantonale de Zurich rappelle que Credit Suisse va déjà subir une perte liée à l’affaire Greensill. Au vu de ces nouvelles difficultés, s’engager sur le titre de Credit Suisse «ne s’impose pas».

A la Bourse, l’action Credit Suisse a terminé en baisse de 13,8% à 10,75 francs, dans un SMI en baisse de 0,24%.