La banque l’explique par les incertitudes macroéconomiques et la pression de la politique monétaire. Elle envisage d'ailleurs des répercutions sur les importants dépôts.
La seconde banque allemande Commerzbank a confirmé jeudi s’attendre à un bénéfice net en recul cette année par rapport à 2018, sur fond d’environnement économique difficile et de politique monétaire érodant ses marges.
Commerzbank «ne s’attend plus à un résultat consolidé légèrement supérieur à celui de l’année précédente», a indiqué la banque dans un communiqué.
La banque l’explique par les «incertitudes macroéconomiques, en particulier l’aggravation des conflits commerciaux mondiaux» et par ailleurs «le nouvel assouplissement de la politique monétaire décidé par la Banque centrale européenne en septembre» et «la pression qui en résulte sur les marges», ce qui lamine ses bénéfices.
La BCE a décidé en septembre d’abaisser son taux sur les dépôts à -0,50%, tout en instaurant un système de palier pour alléger les effets sur les banques.
Cette politique des taux bas continue néanmoins de pénaliser Commerzbank et le secteur bancaire allemand qui regorgent de liquidités ne trouvant pas d’emploi dans l’économie et se font taxer en dormant au guichet de la banque centrale.
La banque, dont l’Etat allemand est toujours actionnaire à hauteur de quelque 15%, a par ailleurs confirmé avoir enregistré une hausse de 35% de son bénéfice net au troisième trimestre, à 294 millions d’euros, comme elle l’avait annoncé fin octobre de manière provisoire.
Sur neuf mois, le bénéfice net est en baisse de 9% par rapport à la même période l’an passé, en atteignant 684 millions d’euros (711,3 millions de francs).
Le résultat opérationnel a lui progressé entre juillet et septembre de 30% sur un an, à 448 millions d’euros.
La division coiffant les petites entreprises et les particuliers amélioré sa contribution de près de 70%, à 315 millions d’euros, en glanant au passage 141’000 clients nouveaux en net.
Sa banque des grandes entreprises a elle moins rapporté, avec un résultat d’exploitation à 146 millions d’euros en baisse de 17% sur un an, du fait de cessions de portefeuilles et dépréciations qui ont érodé ses recettes.
En visant un redressement à terme de sa rentabilité, Commerzbank a adopté en septembre un plan stratégique impliquant la suppression nette de 2300 postes, sur ses 38’000 salariés à temps plein dans le monde.
«Nous regardons actuellement partout où cela est nécessaire» si la clientèle privée doit partager la charge incombant à la banque du fait de la taxation des dépôts excédentaires à la BCE, en cherchant à «agir avec raison», a déclaré le directeur financier, Stephan Engels, lors d’une conférence téléphonique.
La banque avoue qu’elle se déplace «sur un territoire complètement nouveau» en voulant répercuter ladite charge, a ajouté le financier.
Il a précisé que «nous nous situons encore loin d’une discussion qui rapprocherait le seuil des dépôts taxés à 100.000 euros», la banque se focalisant plutôt sur «les gros volumes», citant à titre indicatif le chiffre du «million d’euros».
Commerzbank taxe déjà les dépôts de ses clients professionnels et a été à ce titre une des premières à le faire en Allemagne, selon M. Engels.