Le PMI manufacturier suisse dégringole – est-ce un signal d'alarme pour l'Europe?

Tomasz Wieladek, T. Rowe Price

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Les niveaux actuels de l'indice PMI suisse se rapprochent désormais de ceux observés lors de la crise financière mondiale et sont déjà à des niveaux inférieurs à ceux enregistrés lors de la pandémie.

L'indice PMI de l'industrie manufacturière suisse a chuté de manière spectaculaire en juillet, passant de 44,9 à 38,5, soit une baisse de 6 points. Il s'agit d'un mouvement très important (variation de trois écarts types). Les niveaux actuels de l'indice PMI suisse se rapprochent désormais de ceux observés lors de la crise financière mondiale et sont déjà à des niveaux inférieurs à ceux enregistrés lors de la pandémie.

Cependant, post pandémie, est-ce que le PMI est toujours un indicateur fiable de l'activité économique suisse? La forte corrélation entre le PMI et la croissance effective de la production industrielle sur une base annuelle suggère que la réponse est oui. Avant la pandémie, le PMI manufacturier présentait une corrélation plus élevée avec la croissance du PIB que l'indicateur du KOF (0,77 contre 0,57). Après 2020, la corrélation est à peu près la même pour les deux (environ 0,8). Il est bien sûr possible que l'indice PMI amplifie quelque peu le mouvement de baisse de l'activité, mais je pense qu'il indique une détérioration rapide de l'économie suisse.

Qu'est-ce que cela signifie pour l'activité manufacturière de la zone euro? La Suisse étant une économie ouverte de faible envergure, 80 % de ses exportations sont destinées à la zone euro. Elle est donc un bon indicateur de l'activité manufacturière générale en Europe. Depuis la fin de la pandémie, les PMI manufacturiers de la zone euro n'ont été que faiblement corrélés à la croissance de la production industrielle de la zone euro. La corrélation n'est que de 0,2. Cela a amené un certain nombre d'observateurs à douter que l'industrie manufacturière de la zone euro entre en récession cette année, contrairement à ce qu’annoncent les indicateurs PMI. Toutefois, en Suisse, la corrélation entre le PMI et la croissance de la production industrielle reste forte (0,8). Comme le cycle industriel en Suisse est fortement corrélé avec le cycle industriel de la zone euro, les données soutiennent la thèse selon laquelle la production industrielle de la zone euro entrera dans une phase de récession au second semestre de cette année.

Je n'attends pas de changement dans la position ferme de la BNS à court terme, mais un assouplissement monétaire sera nécessaire une fois les pressions inflationnistes atténuées. Dans son évaluation de la politique monétaire, la BNS se concentre vraiment sur l'inflation et les perspectives d'effets de second tour. Cependant, les perspectives d'effets de rattrapage de l'inflation salariale sont beaucoup plus faibles en Suisse que dans d'autres pays européens, car la part de l’alimentation et de l'énergie dans le panier de consommation helvétique est beaucoup plus faible que dans d'autres pays. Il devrait donc être plus facile pour la BNS de remplir son mandat de stabilité des prix et cela se devrait se produire plus tôt que dans d'autres pays européens. En revanche, le franc suisse est très fort (il atteint des sommets historiques) par rapport à l'euro et au dollar américain. Cela nuit considérablement au secteur manufacturier suisse. Compte tenu de la détérioration de l'activité, il est donc plausible que la BNS doive réduire rapidement ses taux d'intérêt pour affaiblir le franc suisse, une fois que son objectif de stabilité des prix sera atteint.

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