Des valeurs réelles pour parer aux risques d’inflation

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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Il y a dix jours, les obligations souveraines se sont retrouvées sous pression, les investisseurs se préparant à une poursuite du resserrement monétaire face à la persistance de l’inflation.

Le rendement des bons du Trésor américain à deux ans a atteint 4,79%, son plus haut niveau depuis la chute de la Silicon Valley Bank début mars, même si les obligations ont récemment regagné un peu du terrain perdu.

Le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Jerome Powell, a déclaré devant le Congrès américain qu’une «grande majorité» des membres du comité de politique monétaire s’attendait à deux relèvements de taux supplémentaires d’un quart de point cette année.

Relèvement des taux

De son côté, la Banque d’Angleterre a relevé ses taux de 50 points de base (pb), ajoutant que les récentes données mettaient en évidence «plus de persistance dans le processus d’inflation».

Désormais, les marchés impliquent un point culminant à 6,25% pour son taux directeur, contre 5% à l’heure actuelle. La Banque nationale suisse a également relevé ses taux de 25 pb et la Banque de Norvège a procédé à une hausse plus importante que prévu (+50 pb).

Une inflation qui ne retombe pas

Dernièrement, les principaux banquiers centraux d’Europe et des Etats-Unis soulignent que la pression inflationniste tarde à retomber. Néanmoins, malgré la hausse des taux d’intérêt, l’inflation devrait rester supérieure aux objectifs des banques centrales pendant un certain temps.

Les investisseurs ont plusieurs possibilités pour amortir l’impact d’une longue période d’inflation supérieure aux objectifs des banques centrales.

Pour parer au risque d’une inflation plus persistante, les valeurs réelles peuvent offrir une certaine protection pour les portefeuilles. Explication en trois points.

  1. Accroître l’exposition aux infrastructures, y compris aux technologies vertes («greentech»)
    Les actifs liés à des infrastructures sont souvent régis par des contrats d’exploitation à long terme prévoyant une indexation sur l’inflation, ce qui permet aux investisseurs de couvrir leurs dépenses prévues à long terme. En outre, ils peuvent contribuer à stabiliser le revenu généré par un portefeuille multi-catégories d’actifs.
    La Recherche d’UBS affiche une préférence pour les actifs liés à la connectivité digitale (réseaux 5G et fibre, stockage de données) et à la transition énergétique (énergies renouvelables, stockage et transport). Les entreprises spécialisées dans les technologies vertes sont exposées aux dépenses d’infrastructure axées sur la transition énergétique, sur la décarbonation et sur l’efficacité énergétique.
     
  2. Saisir les opportunités pour les investissements directs dans l’immobilier mondial
    Les propriétaires immobiliers ont généralement la possibilité d’augmenter les loyers en réaction à la hausse des prix. Il est possible qu’à l’heure actuelle, les investisseurs sous-estiment la résistance des revenus immobiliers au moyen de l’indexation des revenus locatifs. Les fondamentaux restent solides pour les segments plus défensifs tels que les entrepôts logistiques, les immeubles d’habitation aux Etats-Unis et en Europe, ainsi que pour certains segments de niche tels que les centres de données, les établissements de santé et les résidences étudiantes.
    Par ailleurs, les rendements plus élevés de l’immobilier devraient devenir particulièrement attrayants à compter de l’an prochain. En effet, les revenus potentiels plus élevés finiront par compenser la dépréciation du capital induite par la hausse des coûts de financement.
     
  3. Privilégier les matières premières pour une certaine protection face à l’inflation
    La hausse de la production du pétrole aux Etats-Unis et en Russie entretient l’offre excédentaire sur le marché mondial, avec à la clé une baisse d’environ 10% du cours du baril de Brent. En outre, les métaux industriels se sont retrouvés sous pression en raison des chiffres décevants de l’activité en Chine et du ralentissement de la croissance mondiale.
    Néanmoins, la récente correction constitue une bonne occasion de renforcer certaines positions. Les baisses de production effectives et annoncées par l’Arabie Saoudite devraient se traduire par une diminution des stocks de pétrole, ce qui est de nature à soutenir les cours.
    A plus long terme, les facteurs structurels de la hausse des prix des matières premières restent intacts. L’augmentation régulière de la demande en provenance des marchés émergents, la mobilisation internationale pour atteindre la neutralité carbone, le changement climatique et le sous-investissement structurel dans quasiment tous les secteurs devraient soutenir les prix des matières premières dans les années à venir.

Par conséquent, les investisseurs ont plusieurs possibilités pour amortir l’impact d’une longue période d’inflation supérieure aux objectifs des banques centrales.

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