Accroître les revenus durables

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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Il y a peu, le rendement des bons du Trésor américain à trois mois a atteint son plus haut niveau depuis plus de vingt ans. Décryptage.

Cette hausse reflète en partie le discours plus ferme des hauts responsables de la Réserve fédérale américaine (Fed), ainsi que la perspective d’une augmentation des émissions à court terme lorsqu’un compromis sera trouvé sur la question du relèvement du plafond de la dette.

Par ailleurs, la présidente de la Fed de Dallas, Lorie Logan, a estimé lors de la dernière réunion du Comité fédéral de marché ouvert (FOMC) que les dernières statistiques économiques ne justifiaient pas encore une pause dans le cycle de relèvement des taux.

Fin du cycle de resserrement monétaire en vue

Toutefois, le regain d’attractivité des dépôts en espèces et des fonds monétaires se révèlera sans doute éphémère si un accord sur le plafond de la dette est trouvé avant la date butoir du 1er juin. L’atténuation du risque de défaut a déjà commencé à faire baisser le rendement des bons du Trésor américain à un mois. Celui-ci est retombé de 22 points de base, après avoir récemment atteint son plus haut niveau depuis deux décennies.

En outre, même si un relèvement des taux directeurs en juin reste possible à en juger par les récentes indications, la fin du cycle de resserrement monétaire n’est plus très loin. D’ailleurs, la Recherche d’UBS est toujours d’avis que la Fed ne relèvera plus ses taux.

Alors que les taux courts approchent probablement de leur sommet, les investisseurs feraient bien de ne pas tergiverser pour rechercher d’autres sources de revenus de qualité, avant que les marchés ne commencent à intégrer des taux d’intérêt nettement moins élevés. Pour ce faire, il y a plusieurs façons de procéder. Explication en trois points.

La prime de risque de volatilité est relativement élevée, ce qui signifie que les fluctuations des marchés d’actions sont modestes au regard des baromètres de la volatilité implicite.

1. Engranger des obligations au rendement plus élevé

Plutôt que de privilégier les titres qui arrivent bientôt à échéance, il serait opportun d’investir dans des obligations à moyen/long terme de grande qualité. Le rendement des bons du Trésor américain à cinq ans est retombé du sommet atteint début mars, juste avant les faillites qui ont suscité l’inquiétude quant à la santé du système bancaire. A 3,69%, il demeure néanmoins attrayant. Des plus-values sont envisageables en cas de ralentissement économique plus marqué que prévu. De même, les obligations investment grade devraient surperformer en cas de dégradation de la conjoncture économique.

On décèle également un potentiel de hausse pour la dette émergente libellée en dollars américains. Même si la reprise économique en Chine s’avère plus lente et plus restreinte que prévu, la croissance du PIB devrait tout de même atteindre 5,7% cette année, contre 3% en 2022. Les obligations souveraines des marchés émergents devraient en profiter, d’autant que leur rendement actuel (8,7% pour l’indice JP Morgan EMBIG Div) semble attrayant.

2. Trouver de belles opportunités sur les marchés d’actions en pariant sur les valeurs de qualité qui versent de confortables dividendes

Par exemple, l’indice MSCI World High Dividend Yield offre un rendement de 4,2%. On trouve ces actions essentiellement dans les pans les plus défensifs du marché. Elles résistent plutôt bien au ralentissement économique, d’autant que les versements de dividendes s’annoncent relativement stables, y compris en cas de récession, à en juger par l’expérience passée.

En outre, comme les entreprises de cette catégorie ont souvent un réel pouvoir de fixation des prix qui leur permet de répercuter la hausse des coûts sur leur clientèle, ce pan du marché des actions devrait bien se comporter tant que l’inflation restera supérieure aux objectifs des banques centrales.

3. Privilégier les actifs réels et les produits structurés générant du rendement qui sont d’autres vecteurs de performance durable

L’exposition aux «actifs réels» (matières premières, infrastructures et immobilier) peut permettre aux investisseurs de mieux diversifier leur portefeuille et d’accroître le revenu généré par ce dernier, atténuant ainsi l’impact de l’inflation à long terme. Une exposition directe et indirecte aux infrastructures et une exposition directe aux matières premières semblent judicieuses à l’heure actuelle.

Les stratégies axées sur la vente d’options semblent particulièrement intéressantes en ce moment. Ce type de stratégie a tendance à surperformer lorsque les marchés d’actions font du surplace, ce qui correspond au scénario de la Recherche d’UBS pour le reste de l’année 2023.

En outre, la prime de risque de volatilité est relativement élevée, ce qui signifie que les fluctuations des marchés d’actions sont modestes au regard des baromètres de la volatilité implicite. Dans ces conditions, les gains potentiels pour les investisseurs qui vendent des options sont plus importants.

Générer un revenu durable

Par conséquent, il est déconseillé aux investisseurs de partir du principe que le rendement des liquidités et des fonds monétaires restera durablement à son niveau actuel. Il sera de plus en plus important de veiller à ce que les portefeuilles génèrent un revenu durable si le récent rebond des actions se heurte à des obstacles au second semestre.

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